Vendredi 30 octobre 2015, 07h30 - Espace Balard Paris (France) / 01h30 - Pentagone (USA)
De retour dans son bureau, le colonel Lagarde invita Bradley à s'installer dans l'un des trois fauteuils disposés autour d'une table basse. Avant de s'asseoir, l'officier récupéra deux petites bouteilles d'eau dans le réfrigérateur présent dans la pièce. Il les déposa sur la table et en proposa une au correspondant de la NSA.
— Bien, maintenant que nous sommes entre nous, qu'avais-tu donc de si urgent à me dire, mon cher Bradley.
— Nous savons qu'Andrew Fox est ici, Marc, lui répondit-il après avoir bu une gorgée d'eau.
Le colonel ne réagit pas à cette annonce, il regarda fixement le correspondant américain dans les yeux avec un léger sourire.
— Ainsi, tu me fais surveiller, finit-il pas dire, ce n'est pas très fair-play.
— Nos agents, chargés de le capturer à Tokyo et de le rapatrier aux États-Unis, ont été mis hors-jeu. Vous en avez profité pour vous emparer de Fox et le ramener ici. Je suis déçu, Marc, je m'attendais à plus de coopération de la part des Français, et de toi, en particulier. Mes supérieurs ne trouvent pas votre attitude très fair-play, non plus. Je ne sais pas ce qu'il a bien pu vous raconter pour vous embobiner à ce point, mais Fox n'est pas un enfant de cœur.
— Et détruire la maison des Thomas à Saint Martin d'Hères, c'était fair-play peut-être ?
Bradley accusa le coup. Il avait voulu être direct, pour déstabiliser son adversaire, mais résultat, cela venait de lui revenir en pleine poire, tel un boomerang. Il allait devoir faire preuve d'un peu plus de subtilité et de prudence pour espérer sortir indemne de cet entretien avec le colonel. Pourtant, il le savait, il ne pouvait pas se permettre de s'éterniser. Bien que NAO fût en attente de son signal, il devait déjà avoir commencé à faire des siennes dans leur système. Et plus le temps passait, et plus le risque de se faire repérer prématurément augmentait. Le correspondant de la NSA était venu pour dire la vérité, certes, très édulcorée, mais la vérité tout de même. Aussi, jugea-t-il futile tout changement de stratégie.
— OK, nous avons merdé à Saint Martin d'Hères. Nous n'avions pas prévu de démolir la baraque des Thomas. C'est à cause de Fox et c'est justement à ce sujet que je suis venu te voir.
— Fox ! Mais il n'a jamais mis les pieds à Saint Martin d'Hères. Comment peux-tu prétendre qu'il soit responsable de ce carnage ? C'est comme cette histoire de converti, elle ne tient pas la route !
— Ce n'est peut-être pas un converti, comme je te l'avais laissé entendre, mais c'est un hacker.
— Un hacker ?
— Il y a quinze jours, nous avons découvert qu'il s'était introduit profondément dans notre système, au Pentagone.
— Quel est le rapport avec Saint Martin d'Hères, alors ?
— Nous avions de bonnes raisons de croire qu'il avait pu bénéficier d'un soutien, là-bas. Ou, plus exactement, qu'il avait dû perpétrer son attaque depuis le domicile des Thomas. Sûrement qu'il a su profiter de failles de sécurité pour prendre le contrôle de nombreux serveurs qui y étaient présents.
— Pas si facile, Georges Thomas était un expert en cybersécurité.
— Je te l'accorde, mais Fox est très doué. C'est d'ailleurs pour cela que nous le suivions de très près. Bref, nous avons préféré envoyer une équipe pour vérifier. Elle a pu confirmer la présence de ces serveurs. Il a alors été décidé de détruire toute l'infra. Je tiens à te préciser que je n'étais pas chaud pour cette solution radicale, et je n'étais pas le seul. Seulement, impossible de m'y opposer. Mais je t'assure, Marc, que le système que nos agents ont utilisé pour mettre hors services les serveurs en question, était déjà présent sur place. Ils n'ont eu qu'à l'actionner. Ce qui n'était pas prévu, en revanche, c'était que ce système mette le feu. Ah, si cette foutue pièce n'avait pas été encombrée de toute cette paperasse. Nous n'avons pas eu le temps de réagir. Tout s'est embrasé à une vitesse folle. Nos agents ont dû évacuer en urgence et heureusement, car tout a sauté peu de temps après. Et là encore, nous n'y sommes pour rien, Marc. Nous pensons qu'une fuite de gaz est à l'origine de ce sinistre.
VOUS LISEZ
M.I.A
Mystery / ThrillerEn 1993 Patricia et Georges Thomas, un jeune couple d'enseignants chercheurs passionnés, donnent naissance à MIA. Assurément, un "bébé" loin d'être ordinaire, MIA est une intelligence artificielle. Mais il lui faudra patienter jusqu'en 2015, pour ac...
