.../...
Shepard prit une profonde inspiration avant de répondre à l'amiral qui le fixait du regard.
— Depuis le retour quasi à la normale, ce matin, du fonctionnement de nos infras, nos experts examinent plusieurs scénarios. Mais après une première analyse à chaud, un nom semble pourtant faire consensus, déclara le colonel embarrassé.
— Pourquoi ce mutisme, alors ? tempêta l'amiral.
— Parce que, à ce stade de nos investigations, ce ne sont que des hypothèses, rien de plus. Certes, une piste en particulier évoquée par mes services semble sérieuse. Mais elle demande encore à être étayée. C'est beaucoup trop tôt pour avoir des certitudes. Il convient de se montrer extrêmement prudent quant aux conclusions que nous pourrions tirer de nos observations.
— J'ai entendu vos réserves, Shepard, alors maintenant, accouchez.
Le colonel croisa le regard de Clark avant de reprendre la parole :
— Il y a quelques temps déjà, nous avions mis sous surveillance un étudiant du MIT...
— Vous voulez me parler de ce Fox, dont vous m'avez dernièrement loué les mérites, le coupa l'amiral.
— Lui-même, Amiral.
Consterné en entendant évoquer l'étudiant qu'il convoitait tant pour son agence, Bradley ferma les yeux. Il n'avait pas eu le temps de s'entretenir avec le colonel au sujet de cette intrusion. S'il s'avérait que Fox était le responsable de l'attaque, alors, lui aussi allait être très mal.
— Merde, pensa-t-il très fort.
— Avec Clark nous pensions que sa dextérité à pénétrer notre réseau pouvait devenir un atout pour nos services ou pour la NSA. Comme la procédure l'exige, dès qu'un hacker est repéré et identifié, nous le mettons sous étroite surveillance après évaluation de la menace qu'il représente pour nous. Cela nous permet de continuer à observer ses agissements en toute sécurité et, éventuellement, d'intervenir le cas échéant.
— Mais n'est-ce pas dangereux d'agir ainsi ? protesta un général. Avec les fâcheux évènements de cette nuit, j'aurais tendance à le croire.
Comme il aurait pu s'en douter, cette remarque acerbe venait du général Stanley Bencroft et, le moins que l'on puisse dire, était qu'il ne portait pas le colonel Shepard dans son cœur. Il est vrai que le général n'avait toujours pas digéré la nomination de ce dernier au poste de responsable d'opération de cyberdéfense. Un poste qu'il avait convoité pour l'un de ses plus fidèles subordonnés. Alors, le colonel le savait, Bencroft n'était pas disposé à lui faire le moindre cadeau.
— Notre doctrine en la matière, Mon Général, est qu'il est plus facile de contrôler une cible que vous connaissez, car à minima identifiée, répliqua vivement Shepard qui parvint à se maîtriser pour rester courtois. Lutter systématiquement contre des anonymes est une tâche éminemment astreignante. Et je peux vous affirmer que de nouvelles attaques perpétrées par de parfaits inconnus, il y en a tous les jours. Elles constituent même le gros des accès malveillants. Le panel des profils de ces pirates est très varié. Cela va du simple script kiddie, au hacker chevronné recruté par une puissance étatique.
— Où trouvez-vous les ressources pour tous les tenir à l'œil dans ce cas ? l'invectiva le général sur un ton toujours aussi agressif.
— Rassurez-vous, Mon Général, tous ces gens ne feront pas l'objet d'une surveillance poussée, lui répondit le colonel sur la défensive. Dans la plupart des cas, nous cherchons à les dissuader de poursuivre dans cette voie avec l'aide de la justice de leur pays, s'il le faut. Nous pouvons également nous montrer moins conciliants et moins soft si les circonstances ou l'urgence l'exigent.

VOUS LISEZ
M.I.A
Misterio / SuspensoEn 1993 Patricia et Georges Thomas, un jeune couple d'enseignants chercheurs passionnés, donnent naissance à MIA. Assurément, un "bébé" loin d'être ordinaire, MIA est une intelligence artificielle. Mais il lui faudra patienter jusqu'en 2015, pour ac...