11- Le redécouvrir

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Np: Craig David_ Rendezvous


Revoir Younes a été le grand imprévu de mon retour à Paris. Une telle rencontre innatendue et dans de telle circonstances ne s'oublie pas facilement. Depuis, je ne peux plus m'empêcher de me demander s'il va mieux, s'il a vu un médecin pour sa main, s'il a rediscuté avec sa mère à propos de cette histoire, s'il regrette d'avoir explosé dans les vestiaires comme un fou. Je suis inquiète. Et parce que je suis inquiète, je perds en concentration. Et parce que je perds en concentration, mon travail en pâti.

En studio, alors que notre dernière rencontre remonte au week-end dernier, je ne parviens pas à enlever ces images de mon esprit. Cette blessure lui laissera la même cicatrice que cet évènement à engendré dans mon esprit. Sa colère était si palpable que c'est impossible pour moi de prétendre ne pas avoir été touchée. Mieux encore, mon cerveau n'arrête plus de faire un parallèle entre cette scène et les fois où je voyais mes tantes enragées, en train de s'énerver et de pester et postillonner sur ma mère et moi.

Ce n'est pas la première fois que quelque chose me préoccupe au point de ne plus pouvoir travailler du tout. Et ça ne sera sûrement pas la dernière fois. C'est dans des moments comme ça que je n'ai pas d'autre choix que de reconnaître mon hypersensibilité, et tout ce que j'associe à la violence. Cette difficulté qu'a mon cerveau à dissocier les événements présents des événements passés me rend incapable de travailler.

Je me sens lourde et plus grand chose ne me paraît en valoir la peine. Même pas la musique...

-Ok, je pense qu'on va arrêter. Tu n'as pas l'air d'être parmi nous Drea.

-Donnez-moi trente minutes.

-Non, on a déjà perdu beaucoup de temps. Repose-toi, on voit tout ça demain. Ok ? Quinn propose.

-D'accord...

Je sors de la cabine d'enregistrement et m'excuse auprès de tout le monde avant de disparaître. Mon premier geste une fois dehors est de porter mes lunettes de soleil, il faisait froid mais le soleil était brillant.
J'ai appelé Esther pour qu'elle me change les idées. Elle m'a proposé de passer à son travail puisque les bureaux étaient plus ou moins vides. Sur le moment je n'ai pas réfléchi. J'ai peur de rentrer à l'hôtel et me retrouver seule à procrastiner et m'en vouloir de ne pas être capable de chanter juste. Alors le chauffeur qui m'a été assigné me dépose après qu'Esther m'ait envoyé l'adresse de son bureau.

En chemin j'ai pris de quoi faire un apero sympa. Puis pendant le trajet je me suis rappelée que Younes y est probablement aussi.. ou non? Puisqu'il est blessé ? Il n'allait pas bien, peut-être va-t-il mieux? Je ne sais pas, comment savoir? Je me met à angoisser. Je sers mon sac de courses et attends patiemment d'arriver à destination. Une trentaine de minutes plus tard, on se retrouvait devant un parking privé. J'ai appelé Esther pour qu'elle vienne me chercher à l'entrée. J'ai eu peur de m'être trompée d'adresse. Elle est arrivée, souriante, son afro au vent et la peau étincelante. Elle a apporté le soleil de Guadeloupe en plein automne parisien.

-Coucou beauté !

-C'est toi la beauté! Tu rayonnes! À tous les coups mon chauffeur il est tombé amoureux.

-Tu raconte n'importe quoi! Allez viens, on t'attendait.

-Qui ça on?

-Bah mes collègues! Je leur ai tellement rabâché les oreilles en parlant de toi, maintenant ils ont hâte de te connaître.

-Génial. J'adore me faire de nouveaux amis. Déclarais-je sarcastiquement.

-Je sais bien! Honnêtement tu es notre seule distraction de l'après-midi. Notre manager n'est pas là et on n'a pas beaucoup d'appels ni de rendez-vous. En général on fait la sieste ou il y en a qui partent plus tôt. Moi je préfère rester au cas où la manager serait de retour. Pas de mauvaises surprises.

Andrea, Can We Still Be Friends?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant