17- De quoi as-tu peur ?

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Np: FKA twigs ft Jorja Smith & unknow T_ Darjeeling


Depuis que j'ai reçu le feu vert pour préparer officiellement un autre album, j'ai l'impression de courir partout. Entre les réunions pour la direction artistique, les musiciens à gérer et les stratégies commerciales, je me sens observée de prêt. On attend mes ordres mais surtout, on attend mes erreurs. J'ai informé ma mère au téléphone, on s'est toutes les deux réjouis et on s'est réconciliée par la même occasion. Comme si rien ne s'était passé. Comme si la mort de Paloma n'était qu'une parenthèse déjà refermée, un paragraphe dépassé, une histoire terminée.

Fatalement, mes nouvelles occupations ont dû faire un malheureux. Younes ne m'adresse plus la parole depuis que j'ai commencé à privilégier mon travail. Je pensais lui avoir dis que les choses ne seraient plus les mêmes à cause de ce projet. Je pensais qu'il resterait solide et se tiendrait à mes côtés, comme il me l'a toujours témoigné. Mais au final il a été beaucoup plus touché que je ne le pensais, et j'ai été plus naïve que prévu. Il s'est renfermé sur lui, a interrompu ce qu'il y avait entre nous, tout ce qu'on était censé prendre au sérieux.

-Alors ça ne sert à rien qu'on continue à se voir. On dirait que ça t'arrange de toutes façons.

-Je suis désolée.

-Nan nan arrête de mentir, tu l'es pas. Ta priorité c'est l'argent, les strasses et les paillettes. Tu sais même pas ce qui est bon pour toi.

Je n'ai pas su quoi répondre. Je l'ai laissé s'en aller en même temps que l'idée, le fantasme même, que lui et moi pouvions devenir quelque chose, allions quelque part... j'en ai fais le deuil à la minute même où il est parti en claquant la porte. Cette pseudo rupture avait le même goût que notre premier baiser, amère. Mais le goût salé de la sueur que je mettais dans mon travail me permettait de penser et passer à autre chose.

Maintenant une semaine que je les choses sont ainsi. Les choses de la vie vont vite et n'attendent personnes, tout le monde le sait, pas de quoi être surpris. Et maintenant que j'ai enfin un peu de repos, je me retrouve à bruncher avec Esther et Coline pour le changer les idées. Cette chère Coline qu'on a connu au cours d'un stage d'été, Esther et moi. Depuis nous sommes restées en contact, moi beaucoup plus qu'Esther. Elle faisait partie de différentes associations à la fac, elle s'occupait à l'époque des soirées d'intégration. Elle s'est reconvertie dans l'événementiel, c'est pour ça qu'elle connaît toujours les bons plans et les bonnes adresses sur Paris.

-C'est super bon! Franchement les filles, je suis contente de partager ces moments avec vous. Ça fait tellement longtemps qu'on essaie de se voir!

-La vie d'adulte. Je commente avant de dévorer mes pancakes.

-Et du coup vous le boulot, ça se passe ?

-Moi ça va, ça me plaît. Le seul inconvénient c'est que ça paie pas super. En tout cas pas assez pour enfin déménager. Explique Esther. Je suis en train de réfléchir à trouver un autre boulot, peut-être de l'intérim, je sais pas encore.

-Ça pourrait être intéressant. J'ai une amie qui fait de l'intérim et ça lui réussit bien quand-même.

-C'est ce qu'on m'a dit aussi. De toutes façons c'est ça ou sinon je suis condamnée à vivre chez ma mère. J'en peux plus, je sature.

-Les adultes c'est pas fait pour vivre avec leurs parents.

-De fou! Au pire je plaque tout pour retourner en Martinique. Là bas au moins il y a moins de pression. Et chez nous on a de vrais avocats. Elle dit ça en reposant son avocado toast avec une grimace sur le visage. Ça n'a même pas de goût, ugh.

Andrea, Can We Still Be Friends?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant