8- Tu resteras l'incomprise

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Np: Stormzy ft Kehlani & Lilly Allen_ Cigarettes & Cush


J'ai passé une bonne partie de la semaine avec Esther, sa soeur et sa maman jusqu'à ce que je me sente de trop. Cette peur de l'attachement, je me rend bien compte qu'elle me fait paniquer dès que je me sens un peu trop bien avec les gens qui m'entourent, et j'ai du mal à m'en séparer. J'ai l'impression qu'elle me tient à l'écart des problèmes, en en temps qu'elle me tiens à l'ecart des gens que j'apprécie. Elle m'éloigne des problèmes comme ceux que peuvent emmener ce genre de relation sans étiquette que j'entretiens avec Younes.

Je ne peux pas le traiter comme simple flirt, un sexfriend ou juste un coup d'un soir. Chaque fois qu'on se voit, il y a deux tendances. Ou il me fait rire à pleurer, ou il reflète tout ce que j'essaie de cacher au grand jour. C'est comme s'il était immunisé contre mon mes faux semblants et le masque que je m'efforce à porter. Ça me contrarie en même temps que cela me fait peur.

Alors qu'on n'arrivait pas à s'entendre sur le jour où on devait se voir, il est venu devant mon hôtel me faire une surprise et me traîner avec lui dans Paris et ses endroits préférés. Je l'ai suivie évidemment. Pour moi, courir après des métros, se balader en trottinette électrique, manger des churos et se plaindre des pigeons et des touristes avec lui est une manière d'expliciter à Younes que j'apprécie sa compagnie. Mais soudainement, cette peur de l'attachement est revenue hanter mes pensées et mes mouvements, et comme un moteur en panne, j'ai commencé à tourner au ralentis.

-Je dois me faire coiffer vite fait. On y va?

-Euh... ouais. Ok... je réponds avec hésitation.

Demain soir je prend l'avion pour retourner à LA. Impossible pour moi de déterminer si je vais le revoir à mon retour. Peut-être que pour lui aussi c'est juste du divertissement, c'est juste pour passer le temps que l'on traîne ensemble. Peut-être fait-il semblant de s'intéresser à moi juste parce qu'il a vu que j'étais réceptive à ses avances. Peut-être qu'il a juste de la peine pour moi, car il a été capable de voir à quel point je suis seule au fond. Il a pu déchiffrer dans mes faux sourires, l'aigreur et la solitude que je porte en moi, alors il essaie tout simplement d'être gentil avec moi.

C'est peut-être ça son masque à lui, de se faire passer pour le gentil alors qu'il doit probablement penser de moi tout le contraire de ce qu'il dit. Et me traiter comme une cause caritative, comme sa bonne action de la journée...

On arrive à son salon de coiffure et je me fais de plus en plus silencieuse. La musique et l'ambiance à l'intérieur me font sortir de mon état, mais dès que le tour de Younes sur le siège du coiffeur arrive, ce sentiment m'envahit de nouveau. Je ne comprends pas ce qu'il m'arrive. Je me sens à l'étroit alors je lui dis que j'attendrai dehors.

La température est en train de tomber à Paris, on avoisine les 15⁰ avec des vents de plus en froids et des gouttelettes qui tombent du ciel avec ça. Je sors mon téléphone, pianote dessus des paroles de chansons en profitant de ce temps maussade pour me sentir inspirée. Je porte une cigarette à mes lèvres et la fume en espérant que ce sera le remède à mon coup de mou.

-Apoutchou, t'es belle deh! Un passant me siffle, je devine qu'il s'agit d'un de mes confrères venu de Côte d'Ivoire.

Sa phrase m'a fait rire. C'est quand la dernière fois qu'on m'a appelé "Apoutchou"?

-Quand t'es posée comme ça là tu prend bien la lumière einh. Tu es seule là? On peut causer? Ou bien?

-Je suis avec quelqu'un.

-Hm, le quelqu'un là je le vois pas einh. Yayayaya, on est jolie comme ça ? Quelqu'un là il est pas là mais moi je suis là. Tu dis quoi Apoutchou ?

Andrea, Can We Still Be Friends?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant