Andrea, Can We Still Be Friends?

45- Je te fais confiance

Np: Ozuna ft Rosalia_ Yo x Ti, Tu x Mi

Finalement je me suis dégonflée. Le restaurant était un bbq coréen, nouveau dans le quartier et visiblement très populaire. Au point où nous y avons croisés Tina Kunakey. Le mannequin. Je ne savais même pas qu'elle était réelle, tellement cette femme est incroyable. Elle est venue à notre table accompagnée de son frère pour surprendre Younes. Oui, parce qu'ils se connaissent. Leur étreinte a duré des plombs, puis ils sont partis discuter dehors pendant une quinzaine de minutes. Et moi, je remuai les morceaux de porc grillés pour ne pas qu'ils restent collés au grill. Je le sentais fuyant depuis notre sortie. Il n'était pas particulièrement bavard. Pourtant, avec "Titi" il avait l'air d'avoir énormément de choses à dire.

C'est là que j'ai eu envie de me frapper mentalement. Car tout le long de mon existence, j'étais convaincue de ne pas être du genre jalouse. Possessive. Non. Moi, je suis la petite amie marrante, oui. Douce, parfois. Bavarde, ça peut arriver. Mystérieuse, certainement. Un peu princesse sur les bords, sans doute. Dramatique, souvent. Amoureuse... rarement, pour ne pas dire jamais... Mais jalouse? Cette miserable étiquette me colle à la peau quand bien même j'essaie de la retirer. C'est difficile à assumer. Dur à avaler. Comme le morceau que j'enfile dans ma bouche pour m'épargner la vision d'un Younes qui rigole si fort que je l'entend d'ici.
Alors oui, j'ai abandonné. Je ne lui poserais pas la question.

Quand il est revenu, il avait l'air tout de suite moins coincé, avec plus de volonté dans ses gestes. Mais, quand-même, à moi, il n'a rien dit. Je me suis ravisée à lui dire que j'avais trouvé bizarre qu'il ne me présente pas à son amie. À Titi. Juste une des plus belles femmes que je n'ai jamais vu. Ça n'aurait pas de sens de lancer ce sujet. Ça ne ferait que renforcer l'adhésif par lequel tient cette maudite étiquette qui me traite de jalouse. Non. De petite amie jalouse.

-T'aime? J'ai pas trop laissé cramer? Lui demandais-je.

-Ça croustille. Il rit simplement. Un peu sec. Mais regarde. Il plonge alors le morceau dans sa sauce et l'avale. Heja le top.

-Mouais. Fis-je sans conviction avant de changer de sujet. Tu fais quoi cette semaine?

-J'ai rendez-vous avec mon agence, on m'attribué un autre manager.

-Il n'était pas bien l'ancien?

-Si, enfin, pas ouf. C'est surtout que mes ambitions ont changées. J'ai donné ma démission au taffe. Le mannequinât paie bien, et je sais qu'en poussant, ça pourrait payer mieux. Il faut juste signer les bons contrats, passer les bonnes auditions, avoir les bons tuyaux, et. Et je sentais qu'il était un peu limité en terme de vision et de contact. C'est pourquoi j'ai demander à changer de manager.

-Ah? Plus de mission locale alors?

-Non... je croyais pouvoir faire les deux mais... mais ça me coûte trop. Au moins avec le mannequinât, mon emploi du temps est plus flexible.

-Okay. T'as l'air sûr de toi cette fois-ci. Remarquais-je. Qu'est-ce qui a changé ?

-Mes frères et sœurs, je ne les ai pas vu depuis un moment. Faut que je trouve du temps pour eux, ma famille, mais aussi j'étais un peu demandé partout... il fallait faire un choix. Il expliquait en rajoutant de la viande sur le grill. Mais je ne regrette pas. C'est mieux comme ça.

-Ils vont bien? Tes frères ? Et ta maman?

-Ouais tout le monde va bien, vraiment. Ma mère va bien, elle continue à faire ses petits commerces ici et là. J't'ai dis? Qu'elle faisait du Henné pour les mariages et les cérémonies officielles ?