Andrea, Can We Still Be Friends?

19- Absence et indifférence

Np: Riovaz_ Prom night

Tout s'est enchaîné trop vite. J'ai tout juste eu le temps de pleurer mon amitié avec Esther que déjà je devais me retrouver à Londres pour trois jours et enregistrer un nouveau son.

À mon retour, il a fallut cliper le single et lancer la promo. Interview et plateau télé. Quinn me court après et moi je cours après mes sentiments, pour ne pas oublier que je suis une merde. Je ne demande qu'à être seule pendant une seule journée, mais je ne peux pas. Pas maintenant. Quinn me court toujours après et maintenant je cours après le temps. Changement de look, campagne sur les réseaux sociaux, des partenariats à signer mais surtout des chèques à encaisser. Retourner en studio a réussi à ralentir la cadence. Et puis l'euphorie redescend quand je réalise que je dois retourner à LA et refaire mon titre de séjour.

Esther me fait toujours la tête, et je n'ai toujours pas trouvé de solution pour réparer notre amitié et mériter à nouveau sa confiance. C'est pour ça que je me sens comme une merde.
Toujours assise à l'arrière du mini van, j'ai l'impression de passer ma vie là, à observer et me laisser conduire sans jamais prendre les devants. Je venais d'avoir ma mère au téléphone pour l'informer de mon retour en fin de semaine.

Je veux prendre des décisions, de bonnes décisions, mais en ai-je seulement le courage? Je jette un coup d'œil à ma boîte de messages, vide. Je me met au défit de l'écrire. Mais rien ne me vient. Alors je me dis que peut-être... peut-être que Younes pourra faire quelque chose lui... puis-je vraiment lui demander un tel service? Ou ne suis-je pas en train de trouver une excuse pour le joindre?

Trop tard. Avant que je ne me résigne, j'avais déjà lancé l'appel, mon cœur à été plus vif que mon cerveau. J'espère qu'il ne va pas décrocher.

-Mademoiselle ?

Je sursaute en entendant la voix du chauffeur.

-On est arrivé.

-Ah... oui c'est vrai. Merci.

Je descend de la voiture le téléphone collé à l'oreille, partagée entre la peur qu'il décroche et le désir d'entendre sa voix. Ça sonne encore... avec un peu de chance il décrochera. Ça sonne à nouveau... mais peut-être qu'il n'a pas envie de me parler. Alors il ne décrochera pas. Ça sonne libre... c'était sans doute une mauvaise idée. J'espère il laissera sonner. Je tomberai sur la messagerie et ce sera plus facile.

-Allô ?

Sa voix a raisonné comme un écho en moi. Je me suis demandée s'il n'était pas juste à côté, ou si je n'étais pas en proie à des hallucinations. En regardant mon écran et les secondes qui passent, je comprends que l'appel est bien réel. Un seul problème, je n'ai pas prévu quoi lui dire. Je ne sais pas ce que je dois lui dire. Je ne me souviens plus de ce que je voulais lui dire. Je panique quelques instants pendant qu'il répète à nouveau :

-Allô ?

En refusant de céder à la panique, je m'oblige à réagir expressément. J'agite mes mains et ouvre grand les yeux, parle comme si il était devant moi et hausse la voix avec un ton sérieux.

-Salut Younes, hm, désolée je- j'ai- je parlais avec mon chauffeur en même temps et j'avais pas... réalisé que tu avais décroché... désolée.

-Ah... TON chauffeur. T'excuse pas va, ça arrive à tout le monde.

Je reconnais une pointe d'ironie dans sa voix, mais je ne me décourage pas vraiment. Il suffit que j'entre de la peau de la Andrea sociale qui sait ce qu'elle veut, non? Mais je ne parviens même pas à calmer mon bégaiement.