28- L'irresponsable c'est toi

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Np: Jack Harlow_ No Enhancers


D'abord moi qui ne sait pas trouver du temps pour lui, ensuite cette histoire d'ex fiancée, puis ma situation avec ma mère, lui avec la sienne, et maintenant ça. Beaucoup de poussière sous le tapis, j'espère qu'avec le temps elle saura disparaître en un nuage qui se fond dans les airs.

En tout cas, après cette dispute étrange, nous sommes rentrés. On n'avait presque pas courru finalement, et c'était probablement mieux ainsi. J'ai fais à manger, il s'est occupé de son oisillon. Pendant que la nourriture cuisait, j'ai pris une douche, il s'occupait encore de son moineau. Et j'ai eu le temps de retrouver mon pyjama et de dresser la table qu'il s'occupait toujours de son hirondelle. Et quand je me suis installée à table sans un mot, et que j'ai essayé d'attirer son attention, il n'avait d'yeux que pour sa caille. J'ai été profondément vexée. En arriver à jalouser un bébé oiseau, dans quoi je suis en train de tomber?

-Ça va refroidir Younes.

-Uh? Il lève enfin sa tête et me regarde. Ah! Oui laisse t'inquiète. Je mettrai au micro ondes plus tard.

Ou il pouvait juste mettre son perroquet sur pause et venir manger. En l'observant de loin, je me suis demandée s'il n'y avait pas là quelque part dans ses gestes délicats et millimétrés, quelque chose à comprendre. Ça devrait m'attendrir, n'est-ce pas? De voir mon crush donner de l'importance et de l'amour à une si petite chose au bord de la mort. Il a un vrai cœur pour son prochain. Sous ses apparences de gros dur, c'est le mec qui s'arrête dans un parc parce qu'il voit un oisillon qui est tombé de son nid. Cette image devrait me faire plaisir. Mais elle me met dans une colère verte. Verte comme la paille dont il se sert pour abreuver de l'eau sucrée à ce mini pouce. Il donne vraiment son attention à tout n'importe quoi... c'est ça qui me choque vraiment.

-Vraiment?

-Quoi?

Je m'apprêtais à exploser. Mais je me suis rappelée de ma propre promesse. J'ai fais tellement d'effort aujourd'hui pour éviter les disputes, ça n'aurait aucun sens de tout gâcher maintenant, pour un oiseau.

-Rien, laisse tomber. J'ai pas trop faim finalement, je vais me coucher.

-Et les crêpes ?

-Fais comme tu veux.

-Ok. Merci pour le repas. Je vais goûter tout à l'heure, je te promet.

Un faux sourire et un clin d'œil, pour éviter que mon amertume profonde ne marque mon visage. Mon masque est de retour, je me sens forcée d'être quelqu'un que je ne suis pas, de montrer des émotions pour en cacher d'autres.

Je débarrasse alors mes couverts et laisse les siens. Dans la cuisine je profite pour lancer le lave-vaisselle. J'avais l'intention de partir me coucher ainsi, sans avoir mangé et en boudant sans l'en avoir informé. Mais en passant près de lui pour ranger ma guitare, je l'ai vu entrain de customiser une de ses boîtes à chaussure Puma, pour en faire la nouvelle maison du piaf.

-Pourquoi se donner tant de mal?

-Parce que! C'est fun. Et quand il ira mieux on le relâchera.

-Tu ne le garderas pas?

-Bien-sûr que non. Il était libre au départ. Le but c'est qu'il le reste. Il répond simplement avant de rajouter en souriant tristement: Personne n'aime dépendre des autres.

Et là, à ce moment-là, si depuis tout à l'heure je me persuadais que cet oiseau était une métaphore pour moi, cette phrase m'a fait me demander si depuis le début il ne s'agissait pas de lui-même. Si ce moineau n'est pas sorte de métaphore de lui-même? Me traiter d'oiseau blessé au regard esseulé? C'est peut-être de lui seul dont il parlait. Mais pourquoi parler ainsi?

Andrea, Can We Still Be Friends?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant