𝐁𝐎𝐍𝐓𝐄𝐍

𝙲 𝚑 𝚊 𝚙 𝚒 𝚝 𝚛 𝚎⠀ 𝟽 𝟺

— Bonsoir papa.

— Bonsoir ma fille, un sourire se dessine sur ses fines lèvres, je suis content que tu sois venue.

Tout en terminant sa phrase, il me prend délicatement dans ses bras comme s'il avait peur que je me brise en milles morceaux telle une poupée de porcelaine. Une étreinte que je lui rends immédiatement avec la même réserve.

Même si ce n'est pas toujours facile avec mon père, nous nous en entendons relativement bien — hormis lorsque le sujet de Kazutora arrive sur la table —. Et ce soir nous ne sommes pas seuls puisque mes grands-parents ainsi que ma tante et son mari sont également présents.

Étant donné que je suis chrétienne, et même si eux ne le sont pas, ils ont toujours fait en sorte que je puisse fêter, un minimum, Noël. En mélangeant ainsi les différentes cultures.

Et le rendu est parfait.

Pas de cadeaux à acheter, donc pas d'argent à dépenser, et pas de gros repas qui coûte une fortune. Non, juste un bon KFC bien convivial en famille — pour ceux qui ne veulent pas fêter en tête à tête avec l'élu de leur cœur.

Fût un temps où j'aurais préféré passer cette soirée avec Gojo et manger au restaurant avant d'aller 'dormir' à l'hôtel, plutôt que d'être là.

Mais à l'heure actuelle, si je devais passer cette fameuse soirée avec l'un des garçons, je ne sais même lequel je choisirai... Alors autant la fêter en famille, comme ça, pas de choix et pas de jalousie.

— Je suppose que tu vas aller chez Jin après, me dit-il en s'éloignant de moi.

— Je pense oui, il y a tout le monde ce soir.

Je ne cherche pas à lui mentir ou à tenter de le lui cacher puisqu'il le sait très bien.

Il m'invite à entrer en ouvrant grandement la porte. Je m'essuie rapidement les pieds sur le paillasson avant de retirer mes chaussures et d'entrer complètement dans la maison s'en suivit de lui après avoir fermé derrière nous. De suite, la bonne odeur du poulet frit vient titiller mes cloisons nasales et me fait machinalement saliver.

— De toute façon, comme à chaque fois, ça ne se terminera pas trop tard, il sourit en coin et va dans la salle à manger.

Une parole à double signification.

Je retire mon manteau, réajuste ma robe et je le suis dans la pièce peu décorée. Tous se lèvent à ma vue et, tout en nous saluant joyeusement, je fais une petite accolade à chacun puisque cela faisait bien longtemps que je ne les avais pas vus. Bien que cela ne m'aurait pas dérangé de ne pas revoir ma tante de ci-tôt.

Même si j'appréhendai un peu de venir, notamment par le fait que je ne prends plus mon traitement et que je n'ai pas forcément envie qu'ils découvrent tous ma maladie, je suis tout de même contente d'être ici. Ça me redonne un temps soit peu l'impression d'être normale et ça ne me fait pas de mal.

C'est pour cette raison que Mikey m'a également fait sortir il y a quelques jours, et je l'en remercie.

— Comment va ma petite fille chérie ? Me demande ma grand-mère lorsque je prends place à côté d'elle.

Le meilleur moyen d'entamer la conversation. C'est donc de cette manière que je leur raconte un peu l'avancée de mes études, en omettant le fait que j'ai changé d'école, et en répondant à leurs questions concernant ma petite vie privée, en évitant soigneusement de dire certains légers détails...

Puis c'est au tour des autres de parler un peu d'eux pendant que nous mangeons.

Et comme ma grand-mère commence à avoir l'alzheimer, il n'est pas étonnant qu'elle nous repose plusieurs fois la même question ou qu'elle revienne plusieurs fois sur un sujet, qu'il soit à peine abordé ou qu'il date de quelques années.