prologue

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—  Aria.

L'odeur du parfum Chanel nº5 m'attaque les narines dès que je rentre dans le grand hall. Je sais qu'on est en partenariat avec eux, mais cette senteur va finir par me hanter.

Il fait encore chaud. La douceur des températures de septembre me permet de me balader dans les rues parisiennes sans manteau certes, mais alors à l'intérieur de ces couloirs, il fait une chaleur à en crever. Les modèles s'agitent dans tous les sens, les stylistes également. Ça grouille de partout. Le défilé pourrait être parfait qu'il subsisterait cette ambiance affolante .

Je pose mon sac dans un coin de la pièce, surchargée émotionnellement immédiatement par le bruit et l'agitation qui animent cet endroit. J'aperçois enfin ma grande sœur, au fond des coulisses, s'apprêtant à bientôt entrer en scène.

Je souris alors, me levant pour la rejoindre quelques secondes avant son moment de gloire, mais ma trajectoire est vite coupée par l'apparition de ma mère face à moi.

- Tu es en retard, Aria. Siffle-t-elle, visiblement agacée.

- Je suis là pour Liz, c'est le plus important. Ajouté-je, en tentant de contourner ma mère qui attrape vivement mon poignet, me faisant reculer de quelques centimètres.

- Je ne suis pas d'accord. La presse était là avant le défilé, ils nous ont interviewés, et tu n'étais pas là. Encore une fois tu me déçois, j'espère sincèrement que c'est la dernière fois.

L'expression de ma mère est presque glaçante et ne laisse transparaître ne serait-ce qu'une once d'empathie. Il est vrai que je m'étais engagée à me présenter en avance à ce défilé-là.

À la dernière Fashion Week, ma mère m'avait également demandé d'être présente, ce que je n'avais bien sûr pas honoré. C'est comme si inconsciemment je n'arrivais pas à me forcer à apprécier ce monde. Comme si toutes ces paillettes me donnaient envie de vomir et que comme je n'avais pas assez de courage pour me l'avouer, le destin le faisait à ma place.

- Je suis désolée Maman.

Ma mère lâche mon poignet, maintenant son regard hautain et méprisant.

- Ça ne sert à rien d'être désolée. Soigne ton apparence si tu veux être utile, tu sens encore la clope froide. Soupire ma mère en me bousculant volontairement.

Je soupire fortement. Liz m'attend, un rictus moqueur en coin. Je la rejoins vite, mal à l'aise. Elle est toujours aussi jolie et apprêtée. Ses boucles blondes épousent parfaitement son bustier noir, et son collier complimente ses clavicules, peintes en dorées.

- Le show se passe bien ? Lui demandé-je en observant les mannequins défiler derrière le rideau.

- Mieux que tes échanges avec Maman en tout cas. Ricane ma soeur.

- Tais-toi. J'étais coincée dans les bouchons. Murmuré-je.

- Mh, c'est ça oui.

La blonde sourit, je sais que Liz ne me juge pas, elle a toujours pris ma défense lors de mes disputes avec Maman et ne m'a jamais fait sentir coupable de quoi que ce soit concernant mon manque d'implication dans l'entreprise familiale. Elle est consciente que ce monde pue la superficialité et que parfois c'est fatiguant d'évoluer et de se construire autour de la validation des médias. Liz n'a jamais eu le choix. Dès ses premiers pas, les caméras étaient rivées sur elle, ne laissant aucune place à quelconque intimité. La jolie Elizabeth, l'enfant dorée... notre mère l'a presque érigée en produit marketing, l'utilisant à tort et à travers pour produire encore plus de bénéfices.

- Tu montes quand ?

- Dans deux minutes.

Les stylistes et maquilleurs terminent les dernières retouches sur Liz avant de la laisser gravir les escaliers et exposer sa beauté au monde entier, ainsi que la pièce maîtresse de la dernière collection de ma mère. Cette dernière se précipite auprès de nous, j'ai l'impression qu'elle ne me remarque même pas, elle ne m'adresse même pas un regard.

HURRICANE - k. mbappeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant