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— Kylian.

- Kylian ! Kylian !

Je hausse la tête mais me perds presque mécaniquement parmi les maillots et les téléphones brandis. Je priorise les enfants, qui avec leur petits bras, me tendent leur petit maillot, une larme au coin de l'œil. J'attrape en souriant la maillot d'une petite fille qui s'est hissée sur les épaules de son père pour m'attendre. Elle sourit et me remercie gentiment tandis que je lui tend son maillot signé.

Je savais que les supporters seraient à l'entrée de l'hôtel mais je pensais pas qu'on aurait tant de succès. Même à Berlin, un dimanche après-midi, ils sont là. Je sais qu'on pourra toujours compter sur eux, que leur amour est inestimable et je ne cesserais jamais de leur être reconnaissant. C'est grâce à eux qu'on arrive à garder la tête hors de l'eau.

Au mondial 2022, j'ai cru que j'allais jamais me relever. La douleur était incomparable, on arrivait même pas à se regarder dans les yeux, c'était insurmontable, ça le semblait en tout cas. Quand on a quitté le Qatar, on ne pensait pas que la France entière nous attendrait, prête a encore nous lancer des fleurs même quand on avait échoué.

Je pensais que je ne méritais que d'être hué. On a manqué à notre mission, j'ai tant voulu rendre la France fière une troisième fois, mais j'ai faiblit au mauvais moment. Et pourtant, les supporters nous ont tendus la main, pour nous enlacer. Et leur amour nous a réchauffé, malgré la tristesse immense dans nos cœurs. Ils ont fait sourire Antoine et Oliv'. Moi j'ai pas réussi, et puis je ne voulais pas mentir, faire comme si ça allait alors que non. Mais leurs sourires, leurs yeux transpirant d'étoiles, leurs remerciements sonores.. tout ça a sonné si juste.

Ils nous ont pardonné et ils étaient fiers de nous.

C'était l'essentiel.

Et encore une fois, ils sont là... hurlant nos noms, jurant qu'on est les meilleurs. Je ferais tout pour les rendre heureux, surtout les enfants.

Je fais rouler ma valise jusqu'à l'ascenseur, tandis que mes coéquipiers ne cessent de chanter surexcités.

C'est clair qu'on a les crocs.

Malgré toute la joie et l'excitation fulminante tapie dans les murs, je ne cesse d'avoir la tête ailleurs et je sais pourquoi.

L'hôtel a été fait en fonction de l'Euro. Il y a des drapeaux partout, des étages pour chaque partie de l'attirail français. Les joueurs, le staff et..

Merde.

"Artistes". Comment ça, artistes ? Oh seigneur.

Pitié, ne me dites pas que..

Alors ça, ça serait le summum de la poisse.

Je fixe longuement le panneau "artistes" qui semble être le troisième étage. Le coach nous demande de nous dépêcher de déposer les affaires dans les chambres, histoire de pouvoir se consacrer assez rapidement au plus important.  Je reprends mes esprits et entre finalement dans l'ascenseur.

La chambre est plutôt spatieuse. Les allemands nous ont bien servis pour le coup. Un grand lit deux places, une jolie terrasse.. On dirait presque une suite. Rien à voir avec nos chambres de Clairefontaine. Cocace d'avoir un lit deux places quand on a l'interdiction de faire l'amour avec qui que ce soit pendant la compétition.

Marcus n'a jamais trop respecté ça de toute façon.

Je ne veux plus jamais être son voisin de chambre.

- Vous vous posez une heure et on va au stade les gars ! Nous lance Didier depuis le palier.

Bien évidemment, mes coéquipiers se pointent déjà à la porte pour commenter les chambres d'autrui.

HURRICANE - k. mbappeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant