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— Aria.

Je reviens dans la pièce principale, après plusieurs appels téléphoniques. Kylian est assis sur le lit, il ne m'a pas encore vu. Je le regarde timidement, depuis un pauvre coin du mur. Les larmes au bord de s'écouler, la gorge serrée et les doigts tremblants.

Pourquoi est-ce si douloureux la guérison ?

J'ai toujours été la petite fille furieuse, emplie de colère et de tristesse. Comme si toute ma personnalité, tout mon monde se basait sur mes émotions et sur l'intensité de ces dernières. Je n'ai jamais vraiment su m'intégrer, jusqu'au lycée. J'ai rencontré Iris dans un bar irlandais, un espèce de pub sympa dans le 11ème arrondissement. J'ai de suite ressentie la puissance de son aura, elle était si solaire, si solaire elle et ses boucles rousses. Elle n'était que joie, joie et rires. Je ne sais pas ce que c'est. Je ne l'ai jamais vraiment connu, et je me rends progressivement compte que toute ma personnalité est basée sur mes épisodes de déprime, mes émotions exacerbées et mes traumatismes.

Mais si on m'enlève tout ça..

Qu'est-ce qu'il restera ?

Je réalise progressivement que j'ai trouvé du réconfort dans ma tristesse, je la connais par cœur, elle est prévisible, tapie là depuis toujours, au creux de mes journées et de mes nuits. J'ai peur de connaître la vie sans cette tristesse, tout simplement car cela voudrait dire entrer dans l'inconnu. Et j'ai toujours eu peur de l'inconnu.

Justement.

Ce que je ressens pour Kylian, c'est l'inconnu.

Même avec Mathias, même avec mon ex.. dès le moment où mes émotions ont pris le dessus et que je me montrais plus dure, ils me rejetaient parfois. Mathias n'a pas su maintenir notre relation tandis que mon ex copain arrêtait de me parler le temps que je me calme. J'ai toujours trouvé ça normal, naïvement.

Mais Kylian, c'est différent. Il me perturbe, et je réponds à ça par une attitude manichéenne, lunatique, dépourvue de logique. Je le repousse, puis lui crache des énormités et pourtant... Ça ne l'a jamais repoussé.

Merde Kylian, j'ai tout fait pour que tu me détestes, mais je ne peux pas me forcer à être encore plus détestable, car ce ne serait plus moi.

Il connaît mes addictions, il connait certains de mes travers, mon passé avec l'hypersexualité, ma froideur.. Il connaît tout ça. Pourtant son sourire ne s'est jamais effacé même quand je faisais tout pour le dégoûter.

Alors oui, ça me perturbe, ça me fait presque mal. Je déteste ce nouveau sentiment, cette boule de chaleur dans le ventre, cette sensation de désir profond, j'ai envie d'être avec lui, contre lui.

Ça peut paraître excessif pour quelqu'un qui ne le connaît que depuis un mois, mais j'ai l'impression que son oreille serait capable d'entendre n'importe quoi, des choses que même Liz ne peut pas entendre. La question c'est pourquoi ?

Pourquoi moi, Kylian ?

Cet homme a connu une vie de dépravé, il est connu pour coucher avec tout Paris, les histoires fusent et pourtant depuis quelques semaines, je n'entends plus rien. Peut-être est-il plus discret.. mais je ne le croise même plus au Deflower, comme si il s'était apaisé. Mais je ne suis personne pour en être sûr.

Ce dont je suis sûr, c'est qu'il la ressent aussi. Cette tension électrique, saissisante, bouleversante.

Et la manière qu'il a de me toucher, le simple contact de ses lèvres contre ma peau délivre une explosion palpitante au creux de mes reins, ses doigts frôlant ma taille me provoquent des frissons étourdissants.. et je n'ai jamais, au nom jamais, été si proche du précipice. Je ne contrôle absolument plus rien.

HURRICANE - k. mbappeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant