HURRICANE - k. mbappe

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— Aria

Depuis deux semaines, l'idée de Madrid ne cesse de hanter mes pensées. J'ai même évoqué la possibilité d'un voyage avec mes agents. Professionnellement, cela pourrait s'avérer être une décision judicieuse, une chance inespérée de conquérir le marché espagnol.

Cependant, l'ombre de Kylian plane sur ce projet. Suivre l'homme que j'aime à Madrid implique un choix difficile. Tout me retient à Paris : mon amie, ma sœur, mes habitudes, une vie entière construite. Et puis, il y a cette revanche que je brûlais de prendre... Celle de réussir à me reconstruire parmi mes anciens démons, être capable de les vaincre..

Deux semaines de silence radio avec Kylian. Le sujet est sensible, presque tabou. Mais les échanges entre nous persistent, et ironie du sort, il se trouve à Madrid en ce moment même depuis 5 jours, pour des "discussions", apparemment. L'incertitude me tenaille, teintée d'une certaine excitation. Que se passera-t-il lors de ces discussions ? Serait-ce l'occasion tant attendue de concrétiser nos rêves et de bâtir une nouvelle vie ensemble ? Il va d'abord falloir affronter la presse dans 3 jours, on a enfin accepté de s'afficher sans tabou. Cela va être difficile mais il le faut.

Le souffle court, je m'assieds sur le bord de la scène, le cœur battant à tout rompre. Le silence qui suit mon dernier concert est assourdissant, ponctué seulement par les rires lointains du public et les murmures des techniciens affairés à ranger le matériel. La lumière crue des projecteurs s'est éteinte, laissant place à une douce pénombre qui enveloppe la salle.

Mon premier Bercy. Plein à craquer.

Mais Kylian n'était pas là pour le voir, tristement.

Un frisson parcourt mon corps, un mélange d'épuisement et d'exaltation. Il y a quelques années, c'était à peine imaginable, maintenant je suis là, sur scène, ma voix vibrant dans l'air, transportant l'audience dans mon univers. La petite fille qui chantait dans sa chambre, rêvant de gloire et de chansons, a enfin réalisé son rêve. Un sourire triste se dessine sur mes lèvres. Il y a moins d'un an, ma vie était un chaos de violence et d'addictions. La douleur était mon seul refuge, l'amour un concept lointain que je rejetais avec véhémence. Mais le destin, capricieux et bienveillant, a décidé de me donner une seconde chance.

L'amour. C'est ce qui m'a sauvée.

L'amour d'un homme patient et tendre, qui a su voir la lumière en moi, même lorsque je l'avais oubliée. Il m'a tendu la main, m'a aidée à me sortir de l'obscurité et à retrouver le chemin de la lumière.

A ses côtés, j'ai appris à grandir, à m'aimer et à faire confiance. Il m'a offert un havre de paix, un endroit où je peux enfin être moi-même, sans peur ni jugement. Sa patience et sa bienveillance m'ont permis de guérir mes blessures et de m'épanouir en tant que femme et en tant qu'artiste. C'est la vérité.

Des larmes de joie coulent sur mes joues, chaudes et salées. Je remercie l'univers pour ce nouveau chemin, pour cette chance inespérée de vivre de ma passion et d'aimer et d'être aimée. La route a été longue et semée d'embûches, mais je suis enfin là, où j'ai toujours voulu être. Le tournis me prend, une vague d'émotions qui me submerge. Je ferme les yeux, laissant mon corps frémir sous l'impact de la gratitude et du bonheur.

La vie est belle, infiniment belle, et je suis prête à en savourer chaque instant à présent.

Je me lève enfin pour rejoindre les loges. Se remettre sur pied, littéralement, prend un peu de temps. En me levant enfin, je sens une douleur lancinante sur mon genou, souvenir de mes mouvements exubérants sur scène, sans prêter attention aux projecteurs qui guettaient sournoisement.

Les égratignures du métier, comme on dit.

D'un geste, je libère mes cheveux emprisonnés dans une couette, laissant les mèches sombres cascader sur mes épaules.