HURRICANE - k. mbappe

39

— Kylian.

Je finis de lacer mes crampons tandis que l'agitation augmente dans le vestiaire. C'est notre dernier match de ligue 1 avant le dernier match de poules de ligue de champions. Je reste dans le même état d'esprit, celui de winner. Je ne m'abaisserai jamais à autre chose.

Je sais que Aria est là, elle m'a prévenu en me disant qu'elle passerait. Elle ne voulait pas être vue par les caméras alors elle a pris une simple place en virage, pour être tranquille.

- Alors, ça match avec ta blonde ? Tu nous parles plus trop en ce moment mh ? Suggère Randal avant de boire sa bouteille d'eau.

- Ça vous regarde pas, tout simplement. Je soulève.

- On pourrait refaire une soirée tous ensembles. Elles font quoi ce soir après le match ?

Je fronce les sourcils en finissant de ranger mes affaires.

- ElleS font ? Insisté-je en appuyant sur le S.

- Bah oui, elle était venue sa sœur la dernière fois, elle est grave mignonne.

Je serre discrètement les poings et je ravale mon envie profonde de l'insulter. J'avance dans le couloir rouge et bleu criblé de lumières sans même lui jeter un regard.

- Elle est pas disponible, sa sœur. Je ricane pour me couvrir malgré ma haine grandissante.

- Ah c'est pas parce que y a un gardien qu'on peut pas mettre de but, hein ! Il s'amuse en levant les mains au ciel.

Je serre encore plus les dents.

Qu'il essaye juste de la toucher.

- Ta gueule, essaie de mettre des vrais buts déjà, on croirait que t'es défenseur à force.

- Ah le batard.

Randal mine une expression vexée avant de ricaner et de se placer pour rentrer sur la pelouse. Je ne peux pas songer à la possibilité que mes amis essaient tous de draguer Aria, officiellement libre. Je risque de ne pas le supporter et de craquer. Le principal c'est le match, et si Randal ne marque pas, je ne manquerais pas de le faire chier.

———

— Aria.

Je grelotte, entourée de ma grosse écharpe grise en laine qui couvre quasiment tout le bas de mon visage. Je suis assez proche de la pelouse, j'ai mis le prix pour ma place. Et quand je vois mon amoureux se placer à gauche pile en face de moi, je ne peux m'empêcher de rougir. Je ne sais pas si il m'a remarqué, il a l'air tellement concentré. Je chante avec les ultras et m'active dans le virage, faisant voltiger mon drapeau rouge et bleu.

Ce match contre Nantes me rappelle quand Kylian avait battu le record de buts l'année dernière. J'avais trouvé qu'on en avait fait tout un plat ridicule mais au final, si je pouvais lui apporter encore plus aujourd'hui, je le ferais.

À la mi-temps, j'en profite pour aller aux toilettes. En passant devant la partie réservée du parc, j'observe une quantité impressionnante de jeunes femmes, probablement des escortes. Fatiguant. Ces mecs n'en n'ont jamais marre ? C'est fou d'avoir la dalle comme ça.

Malgré la confiance aveugle que j'ai en Kylian, je scrute attentivement à ce qu'aucune d'entre elles ne se  situent dans sa loge. Rien à signaler à part Tchaga et Ethan, visiblement.

Je continue sur ma lancée et je remarque vite que certaines personnes me scannent de haut en bas.
Depuis maintenant 2 jours, les gens se mettent à me reconnaître dans la rue non pas comme la fille Gomez mais comme la chanteuse, Aria. J'ai même dû signer un autographe, et dieu sait que j'en ai rêvé. Les maisons de disque se battent pour me signer mais je n'ai toujours pas fait mon choix, hésitant entre le style de chacune. Je pense que je repousse aussi parce que j'ai peur, tout simplement. Liz me pousse à accepter tout comme Kylian, Maman est bien plus sur la retenue.. et oui, ça voudrait dire moins d'investissement pour elle. Mais je suis tétanisée, j'ai l'impression de ne pas avoir le niveau, d'être surestimée à cause de l'aide de Kylian, de ne pas mériter tout ça.