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— Aria.

- J'aime beaucoup ton vibrato sur cette note, tu peux le refaire ?

- Oui bien sûr.

Le bruit du métronome fait bourdonner mes oreilles. Accoudée au piano en bois, j'écoute sagement les conseils de Carole, professeur de chant. Je reprends ma chanson, appliquant ses demandes. Le studio est plutôt cosy, il est rouge, couvert de posters attestant de la réussite des artistes. Je suis consciente que je n'ai pas mis les pieds n'importe où. J'ai passé la nuit à réfléchir, et puis je me suis dit que Vivendi m'attirait plus que n'importe quelle maison de disque, alors que je devais tenter l'aventure avec eux.

Je reprends au début, tandis qu'elle s'énerve quand je ne tiens pas mes notes. Le casque sur les oreilles, j'essaie de suivre le rythme, de transmettre mes émotions dans ma voix, je pense à tous ces moments forts qui m'ont inspiré à écrire. La chanson que j'avais écrite après mes agressions, dans un pauvre coin de cahier, en souhaitant me persuader que j'étais assez forte pour m'en sortir.

- Voilà ! Plus forte ta note ! Va la chercher ! Crie Carole.

Je m'exécute alors que Carole s'énerve, me fait recommencer, me fait changer mes tonalités, me fait reprendre mes harmonies. J'ai l'impression d'être complètement à côté de la plaque.

- On va le refaire si tu veux bien, j'enregistre.

Je prends une grande respiration avant de laisser s'échapper les premières notes. Je ferme les yeux, plisse mon nez, me concentre pour atteindre les attentes que l'on a de moi. Je pense à tout ce que j'ai pu ressentir, à toute la colère, toute la peur.. et alors je ne me rends même plus compte que je chante. Je me laisse aller, divaguant dans les méandres de la musique. Je termine en faisant vibrer la dernière note.. Je croise le regard de Carole qui sourit avec toutes ses dents, laissant transparaître une once de tristesse.

- Merci d'avoir signé chez nous. Elle laisse finalement échapper.

Je ricane nerveusement en retirant mon casque, je la rejoins dans le sas pour écouter ce que ça donne. Je donnerais tout pour que ce soit parfait et que je n'ai pas à supporter les critiques mal fondées.

- Ça va plaire.. il faut que tu écrives des choses qui touchent les gens, qui les attrapent en plein vol..

- J'espère que mes textes plairont alors, car je n'ai pas l'intention des les changer.

- Peut-être que tu devras ajouter des choses de notre registre dans ton répertoire, on connaît ce monde et ce qui marche, crois-moi.

- Si vous le dites.. d'ailleurs je vois qu'on a dépassé la fin de la réunion d'une demi-heure.. et j'ai un rendez-vous important alors..

Mon rendez-vous important c'est retrouver Kylian.

- Pas de souci, on se revoit demain. M'indique Carole.

J'aquiesce en quittant le studio, je marche rapidement dans les rues de Paris, retrouvant une voiture noire teintée dans un coin de rue. Je monte sans trop réfléchir et sourit quand je vois Kylian assis devant moi.

- J'ai cru que t'avais disparu. Il s'exclame.

- Je t'ai envoyé un message pour te dire que j'étais retenue ! Tu ne m'écoutes pas, hein ?

Son chauffeur commence à rouler, si jamais il décide de l'ouvrir un jour, on est foutus, mais je sais qu'il n'oserait jamais.

On arrive face à la façade de mon immeuble. Je me dépêche de rentrer, suivie de Kylian. Les photographes sont intrépides, ainsi que les obsédés de gossip. Je gravis les marches à une vitesse démesurée, ayant hâte de retrouver mon appartement sans ma soeur et ma mère, retrouvant ma chambre, mes pièces.. rien que pour moi.

HURRICANE - k. mbappeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant