18.

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Je mis un petit moment avant de reprendre la parole.


- Ta grand-mère, elle est... comme toi ?

- Oui, mais plus maintenant.


Je ne comprenais pas.


- A partir d'un certain âge, notre corps ne se transforme plus, précisa-t-il.

- Avec la fragilité anatomique, ça nous tuerait probablement, pensais-je à haute voix.

- Exacte.


Je regardais à nouveau l'horizon.


- Donc... Tu es loup-garou de naissance mais pas Carla ?

- Euh oui...

Il se gratta l'arrière de la tête.


- Carla est ma demi-sœur, en réalité. Même mère mais pas même père.


Cela pouvait expliquer la distance entre lui et l'homme qui allait mourir.


- Donc... ton père est comme toi mais pas ta mère.

- Encore exacte.


Il me jeta un regard et le fixa de nouveau sur la route.


- Et toi ? Tu as de la famille ?

« Aoutch... »


- Je t'ai parlé de moi et tu connais désormais une partie de mon entourage. J'aimerais en savoir plus sur toi mais si tu ne veux pas en parler, pas de soucis. C'est peut-être un sujet sensible.


" Compliqué " pensais-je. Sa démarche me touchait et je pris donc la décision de lui répondre.


- Je n'ai pas la même définition de "famille" que tout le monde. Disons que la seule personne qui en fait partie... c'est Carla, qui est comme ma sœur. Pour moi, ce n'est pas nécessaire de partager forcément un lien du sang. On choisit qui nous entoure.


- Est-ce que tes parents sont...

- Mort ? Je n'en sais rien. Je suis seule depuis longtemps et avant que tu dises quoi que ce soit, sache que c'est très bien comme ça. Il faut savoir bannir les personnes toxiques de sa vie pour pouvoir la vivre pleinement.

- Tu n'as personne d'autre ?

- Non, tout le monde les évitait comme la peste.

- Ils t'on fait du mal, dit-il.


Nous étions sur une route de campagne, désormais. Je répondis à ce qui n'était pas une question :

- Oui.


Il n'insista pas. Je le remerciais mentalement.

Je regardais dans sa direction, il serrait les mâchoires. Etait-il en colère ? Pourtant, c'était moi qu'ils avaient fait souffrir, pas lui. 


- Est-ce que ça va ? demandais-je intriguée.

- Nous sommes arrivés, répondit-il sèchement.


Un terrain immense et verdoyant se trouvait à ma droite. A gauche, une grande maison en pierre juste à côté d'une grange à la façade rouge. De grosses jardinières remplies de fleurs multicolores étaient accrochées à toutes les fenêtres.

Il arrêta le véhicule et une boule de douleur se forma dans mon ventre. J'avais le trac.

La LouveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant