La Louve

20.

« Petite louve » ? M'avait-il déjà trouvé un petit surnom ?

J'aurais pu prendre cela de façon rabaissante, étant donné l'adjectif "petite" mais en réalité, il semblait être plus affectif que dégradant.

Me sortant de mes pensées, Isabelle prit la parole.

- Tes parents ne sont pas des loups, par hasard ?

- Non, pas du tout.

Pourquoi cette question alors que j'avais été mordu.

- Mmm... étrange.

Je regardais Henry soucieuse. La question de cette femme me semblait hors de propos.

J'allais lui demander plus d'explication mais elle ne me laissa pas le temps d'ouvrir la bouche.

- Est-il possible que tu aies été... adopté ?

Il est vrai, que je l'avais toujours espéré.

J'étais tellement différente de ces gens qui m'avaient élevé. De plus, ceci pouvait sûrement expliquer (sans aucune excuse valable) la haine qu'ils avaient eue envers moi, après la naissance de leur nouvel enfant.

Penser à ce dernier, me serra l'estomac. Les larmes piquaient mes yeux mais je me retenais. Oui, j'avais eu un petit frère.

Dès sa venue au monde, tout avait changé. J'étais devenue le souffre-douleur de mes parents physiquement mais surtout mentalement. Je n'étais selon eux, pas aussi merveilleuse que le second. Ce traitement m'avait valu d'être jalouse de Jason, mon frère. Pourtant, malgré mon ressenti grandissant, j'avais pris soin de lui, lui avait lu des histoires, avait joué avec lui et veiller sur lui.

Puis un jour, tout avait basculé, un malheur lui était arrivé. Il avait perdu la vie en traversant la route près de l'endroit où nous habitions. Il fut écrasé par une voiture, à l'âge de dix ans.

Personne n'était au courant depuis que j'avais refait ma vie, pas même Carla.

Le fait était, que la responsabilité de cet accident m'était retombé dessus alors que je n'y étais pour rien. Résultat, j'étais également devenu un punching-ball.

D'abord trop jeune et surement trop naïve, je ne me rendais pas compte tout de suite, que c'était mal. 

Aussi, s'ajoutait le harcèlement scolaire dû à mon manque de confiance en moi. J'avais fini, par vouloir rejoindre mon petit frère dans la tombe. Je voulais simplement... disparaitre de ce monde, dans lequel je ne supportais plus d'être vivante.

Au bout du compte, j'avais changer d'avis, une nouvelle fois. Le vase avait débordé, plein de larmes et de colère mais j'avais décidé de me battre, pour moi. 

Arrivé au lycée, tout avait changé. Sûrement, grâce à cette nouvelle mentalité et également à de nouvelles fréquentations et rencontres.

Après l'obtention de mon bac avec mention, j'avais pris les devants pour trouver des solutions de logements pour jeunes, sans garant. Puis, j'avais trouvé un petit job et un autre etc... Jusqu'à celui-ci où j'avais fini par pouvoir signer un CDI et avoir un vrai logement à moi.

Ne pas rester dans les études était un choix fait en pleine conscience. J'avais toujours était plus doué dans la pratique que dans les études.

Une vie remplie de périple, unh ?