• Slut • ~ Billie Eilish ~

Chapitre 34

Dove

Aujourd'hui au bar, c'est l'enfer. Les hommes sont encore plus irrespectueux que d'habitude. L'envie de pleurer est tellement forte que je me suis réfugiée dans les vestiaires comme si j'étais en sécurité.

Sauf que, je sais très bien que Daniel est devant ses caméras, et il ne va pas me laisser du répis pendant longtemps.

- Ça va ?

Je reconnais la voix d'Elizabeth, une de mes collègues. C'est sûrement celle qui travaille ici depuis le plus longtemps. Elle est habituée à toute cette merde malgré elle.

- Pas trop, dis-je sincèrement.

- Courage, Dove. Une fois que tu auras commencé, la journée passera plus vite.

- Sauf que j'ai déjà commencé.

C'est la première fois depuis que je travaille ici que je rétorque quelque chose à Elizabeth. Habituellement, cette phrase qu'elle me répète chaque matin se révèle vrai, enfin, partiellement.

Je crois que je ne suis juste vraiment pas d'humeur. Heureusement que je vois Billie ce soir, sinon je vais devenir folle. Je n'en peux plus de ce train de vie insupportable.

Finalement, ma collègue reste une dizaine de minutes à mes côtés. Je vois bien qu'elle tente de me faire rire pour me changer les idées, mais je pense que c'est peine perdue pour la journée.

Alors que nous allons enfin repartir, une voix grave et masculine lance :

- Ce n'est pas un salon de thé ici, les filles.

Mon sang se glace comme à chaque fois que j'entends la voix de Daniel. Je crois que rarement une personne ne m'a fait autant peur, si l'on oublie le fait que ma mère est une criminelle et que son meilleur ami est un tueur en série.

Je me tourne doucement pour apercevoir mon patron, qui nous fusille du regard, ce qui contraste avec le sourire qu'il s'évertue d'afficher.

- Elizabeth, retournez en salle. Dove, dans mon bureau, ordonne-t-il.

Ma collègue ne perds pas plus de temps et Daniel non plus. Quant à moi, je reste pétrifiée sur place. J'ai tellement peur de ce qu'il peut m'annoncer dans ce bureau. J'ai pourtant été irréprochable ces derniers temps, sauf ce matin, évidemment.

Cela est étrange. Daniel est plutôt du genre à marquer nos erreurs sur un papier et à les ressortir toutes en une fois, au bout de plusieurs semaines. Alors me punir pour la pause que je viens de prendre à l'instant, c'est vraiment étrange.

- Tout de suite, continue de dire Daniel en voyant que je n'ai pas bougé.

- Oui, oui.

Je me lève et enlève rapidement les plis de ma jupe avant de suivre mon patron jusqu'a son bureau. Il me laisse entrer la première, et passe malencontreusement sa main sur mes fesses avant de fermer la porte derrière nous.

J'ai de nouveau la nausée.

Daniel me fait signe de m'asseoir. Je m'exécute directement. Ce n'est pas un homme patient, et je ne veux pas le mettre plus en rogne qu'il ne l'est déjà.