• Slut • ~ Billie Eilish ~

Chapitre 37

Dove

J'ai toujours eu l'impression d'être différente. Mon père disait que c'est ce qui fait mon charme, mais plus le temps passe, plus je ne le crois pas.

Déjà à mes trois ans, j'ai appris à lire seule avant tout le monde. Ma classe faisait des coloriages alors que moi, on me forcait à lire car je savais le faire. À mes cinq ans, je choisissais déjà mes vêtements, et les maitresses à l'école trouvaient que c'était trop vulgaire.

À partir de ce moment, ma mère a commencé à développer une haine étrange envers moi.

En rentrant au collège, j'étais mise à l'écart. Ma bande de pote de la primaire m'a délaissé, et je me suis fais malgré tout de nouveaux amis. C'était bizarre.

À partir de la cinquième, on a commencé à beaucoup me sexualiser.

En rentrant au lycée, j'ai décidé de changer le regard des gens sur moi. J'ai affirmé mon style malgré que l'on me disait de faire l'inverse. J'ai coupé les ponts avec mes amis, et finalement, je me suis retrouvée plus seule que jamais.

«Regardez, voici la minuscule pute».

Finalement, mon père est mort une année plus tard. Comme ils le disaient tous, je suis devenu une vulgaire prostituée.

Enfin, je me suis toujours senti bizarre. Mais, je crois n'avoir jamais été autant étrange ce matin. Pour la première fois, je marche dans les couloirs du bar sans avoir ma tenue de travail.

En arrivant devant le bureau de Daniel, je m'arrête un instant, prenant une dernière respiration complète. Je toque enfin, et la réponse ne se fait pas désirer :

- Entrez.

Je dissimule du mieux que possible le tremblement de ma main, et me glisse dans le bureau de mon patron. Sans attendre qu'il me le demande, je referme la porte derrière moi.

- Dove, quelle surprise !

Je fais mine de sourire, rentrant dans son jeu à la con. Mon patron me toise malgré tout du regard, même si la présence de son sourire de pervers est présent. Je vais m'en prendre plein la gueule, je le sens.

Je m'assois sur le chaise en face de son bureau. J'ai l'impression d'être ici bien trop souvent ces derniers temps.

- J'ai reçu le message de Martin, dis-je sans perdre mon temps.

- Ah bon ?

C'est ça, fait semblant de ne pas savoir de quoi je parle...

Il referme un carnet, dans lequel y était inscrite des inscriptions qu'il lisait calmement. Daniel croise ses bras sur la table avant de se mettre à me fixer. Sans un geste. Sans une parle. Simplement son regard.

Ne voulant pas me laisser faire, les consignes de Billie tournant en boucle dans ma tête, je soutiens son regard. Hors de question d'être faible aujourd'hui.

- Ils t'attendent dans la salle, si c'est ta question, me dit-il après quelques minutes.

Mon ventre me fait soudainement mal. Je sais que retourner dans cette salle signifie augmenter mon nombre de traumatismes. Et, cela ne fait pas partie des directives de Billie. Pourtant, l'impression que je ne pourrais pas y échapper est énorme.