Le violon de cristal : l'autre monde

Chapitre 173 : La rage du nouvel esprit

 Son alter-ego savait-elle que Syara s'était mise en route pour la rejoindre ? En tout cas, elle avait arrêté de raser des montagnes, ce qui aurait sans aucun doute soufflé la beast si elle avait continué. Sa progression autour du lac n'en restait pas moins compliquée avait un terrain aussi impraticable. Syara avait bien essayé de se servir de pouvoirs comme elle avait pu le faire dans son affrontement contre l'ombre, mais elle dut se rendre à l'évidence qu'ils ne s'étaient présenté que de manière exceptionnelle pour cet événement bien précis.

Finalement, la violoniste retrouva son double à l'exact opposé de là où elle venait. Assise sur un tronc d'arbre déraciné, elle lançait dans le lac tout ce qui lui passait sous la main. Les grosses pierres avaient tout de même l'air d'être ses projectiles préférés.

— Je peux te parler ? Demanda-t-elle tout en arrivant dans son dos.

— Est-ce que j'ai vraiment le choix ? Grinça l'ancienne ombre.

— Vu que tu refuses de parler avec Cristal et Fos, ils m'ont appelé pour ça, mais je ne vais pas te forcer si tu ne veux pas.

— Tu me connais si bien, dit-elle avec un rire nerveux. On dirait presque que tu lis dans mes pensées ou que nous sommes la même personne.

De l'humour mêlé à du sarcasme. Si elle s'en référait à son propre comportement, la phase de colère incontrôlable venait tout juste de passer. Il était donc possible de parler, même s'il fallait bien choisir ses mots pour ne pas attiser les braises.

— Je suis désolée... J'ai été minable tout à l'heure. À cause de moi, non seulement nous avons perdu le père d'Élane, mais en plus Elirielle a dut rester derrière pour nous permettre de s'enfuir.

Un instant, la beast avait voulu parler de sacrifice de la dragonne, mais ce terme était bien trop dur à sortir et elle s'interdisait de penser cela, espérant plutôt qu'elle avait réussi à s'en tirer par ses propres moyens et était à présent en fuite.

— Tu penses que je suis en colère contre toi ?

— Au moins en partie, oui. Je n'ai pas été à la hauteur de tes espérances.

— Ça va peut-être t'étonner, mais je ne t'en veux pas une seule seconde. Avant que tu ne poses la question, je n'en veux pas non plus à Fos. J'ai beau avoir une partie de toi en moi, je suis aussi l'ancienne ombre du violon. Je suis beaucoup plus pragmatique que toi et bien moins guidée par les émotions. Pour moi, il a fait le bon choix.

Moins guidés par les émotions ? Syara ne put s'empêcher de penser que les montagnes qu'elle avait rasées et les arbres qu'elle avait couchés dans sa colère ne devaient pas être d'accord avec cette affirmation. Elle garda malgré tout ce commentaire pour elle et continua à l'écouter.

— Être ton esprit du violon, celui qui te permet d'utiliser les pouvoirs de l'instrument ne m'enchantait pas au début. Et pourtant, lorsque tu es arrivée sur les lieux de l'exécution, j'étais excitée à l'idée de pouvoir montrer ce dont nous étions capables sans que ce ne soit un entraînement où nous devions nous retenir. Je me faisais une joie d'affronter un adversaire que même Fos craignait.

— Mais j'ai paniqué et tout raté, se désola Syara.

— Mais ce fils de pute a bloqué nos pouvoirs par je ne sais quel moyen ! S'emporta son double tout en jetant violemment une pierre dans le lac.

— Quoi ?!

— Tu n'as rien ressenti ? Avec ce que tu as joué, nous aurions pu raser la place et tous les bâtiments autour ! Je ne sais pas comment il s'y est pris, mais il a réussi à tarir presque entièrement le flux d'énergie que je t'envoyais !