Chapitre 136 : Chantage demi-draconnique

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 Son combat terminé, Elyazra tournait dans son arène rectangulaire comme un lion en cage ferait les cent pas. L'affrontement entre Orélius et l'ange à la hache avait beau faire rage juste à côté d'elle, la demie-dragonne n'y prêtait même pas attention.

— Phi, j'ai fini ! Appela-t-elle. Tu peux me libérer ?

— Je... Je ne peux pas. Si je le fais, ça libérera aussi l'autre ! Répondit-elle, gênée.

— Quoi ?! Mais ça empeste là-dedans ! Fais-moi vite sortir de là s'il te plaît ! C'est une question de vie ou de mort !

Malgré ses plaintes et ses tambourinages sur la paroi dorée, la fée n'accéda pas à sa requête. Si la barrière avait été élevée, c'était avant tout pour contenir les attaques dévastatrices de l'ange qui combattait toujours. Tant qu'il était encore conscient, l'abaisser était trop risqué pour eux et pour les habitants du village qui, bien que s'étant éloignés, observaient toujours le combat.

— Oré, finis-en vite, je t'en supplie !

— Eh ! Ça n'est pas parce que tu as déjà cassé tes jouets que je n'ai pas le droit de profiter du seul que tu m'as laissé ! Rétorqua-t-il tout en esquivant une lame de vent mortelle.

— S'il te plaît, s'il te plaît, s'il te plaît ! Si tu en finis rapidement, je serai gentille avec toi pendant deux semaines !

— C'est non.

— Trois... Non, quatre semaines ! Pitié, je n'en peux plus, l'odeur est de plus en plus insupportable ! Chouina-t-elle.

— Pas une seule remarque pendant cinq semaines, des gestes attentionnés pour tout le groupe, un large sourire, même quand on dire quelque chose qui ne te plaît pas et aucune, je dis bien aucune vengeance pour ce qui pourrait se passer pendant ces cinq semaines, marchanda son cousin.

— C'est de la tyrannie ! S'offusqua-t-elle.

— Je sens que ce combat va être long... Très long. Je ne vois aucune ouverture dans sa défense. Je pense que je vais me contenter d'esquiver jusqu'à ce qu'il tombe de fatigue.

— D'accord, d'accord ! J'accepte tout ce que tu viens de dire, mais par pitié, finis-en rapidement !

Avec un soupir d'exaspération, Orélius esquiva une nouvelle fois un assaut de l'ange en passant sous la lame, mais en profita cette fois-ci pour lui assener un coup de poing dans le ventre. La surprise se lut dans les yeux du manieur de hache qui ne s'attendait certainement pas à ce qu'un simple coup de poing lui fasse aussi mal malgré son plastron.

Un second coup au menton le fit voler en arrière et s'étendre au sol, inconscient. Lui non plus n'avait jamais été en grande difficulté face à son adversaire et était ressorti vainqueur sans forcer.

Les soldats étant neutralisés, Phi abaissa sa barrière. Elyazra courut immédiatement dans une ruelle adjacente où elle rendit son déjeuner tandis que son cousin revenait vers le groupe qui était resté spectateur.

— Cinq semaines de tranquillité, bravo Orélius ! Le félicita Elirielle.

— Je serai vous, je ne crierai pas victoire trop vite, prévint Syara.

Ayant terminé ce qu'elle avait à faire dans la ruelle, Elyazra se rendit jusqu'à l'un des anges à terre à qui elle arracha un bout de tunique pour en faire une serviette dont elle se servit pour s'essuyer la bouche. Elle jeta ensuite le tissu souillé qui retomba sur le visage du soldat inconscient avant de retourner auprès des autres.

Les deux index pointés aux commissures de ses lèvres qui se fendaient d'un large sourire, Orélius signifia à sa cousine qu'elle devait sourire selon leur accord. Pour le grand étonnement de Syara, sa sœur s'exécuta. Allaient-ils réellement avoir cinq semaines de tranquillité comme l'avait souhaité la dragonne ?

Arrivée à leur niveau, un coup de poing aussi fort que fulgurant partit dans le ventre du demi-dragon qui se plia en deux. Le sourire d'Elyazra s'était totalement effacé pour laissé place à une expression colérique.

— Tu croyais vraiment que j'allais me plier à tes exigences absurdes alors que j'ai dû les accepter sous la contrainte ?! Fulmina-t-elle.

— Saloperie... Au fond de moi, je m'en doutais, souffla-t-il en se tenant le ventre, toujours plié en deux et le front touchant le sol.

— Et encore, tu as de la chance ! Je te ferai remarquer que ce que tu voulais m'imposer peut être interprété de bien des manières. Si je ne te connaissais pas si bien, je t'aurais pris pour un pervers et le coup ne serait certainement pas parti dans le ventre.

— Comment ça ? Demanda innocemment Phi.

— Rien, s'empressa de répondre Syara. Oublie ce que tu viens d'entendre.

— Comment a-t-elle fait pour garder une telle innocence tout en vivant sous le même toit qu'elle ? Se demanda Elirielle à haute voix.

Pendant qu'Orélius se relevait et commençait à se battre avec sa cousine sous les regards exaspérés de leurs compagnons de voyage, les habitants du village étaient sortis de leurs cachettes et s'étaient peu à peu rapprochés. Vu leur démarche, aucun ne savait s'il fallait s'inquiéter ou non de la présence de ces personnes qui avaient vaincu des soldats et se battaient à présent entre eux.

— Tu ne les arrêtes pas ? Demanda la beast à l'attention d'Elirielle.

— Ils me fatiguent trop... souffla-t-elle d'exaspération. J'assommerai le vainqueur quand le perdant sera à terre. Laissons-les tranquilles dans leur coin et allons plutôt voir les villageois pour nous assurer qu'ils vont bien.

À peine avait-elle dit cela qu'un cri d'effroi retentit derrière les villageois. Tous se retournèrent comme un seul homme pour voir ce qui se passait. La femme pour qui les soldats étaient venus était fermement tenue par le recruteur, une lame plaquée sur sa gorge. Le regard dément de celui qui avait été mis hors combat dès le début balayait l'assemblée et guettait le moindre signe de magie.

— Des traîtres ! Vous êtes tous des traîtres ! Au nom du roi, ce village doit être purgé !

Le recruteur était tellement absorbé par ce qui l'entourait qu'il ne remarqua même pas le fourreau de lumière qui avait recouvert son épée et l'avait rendue totalement inoffensive. Élane, lui, avait parfaitement compris ce que venait de faire phi. Il n'hésita donc pas à invoquer son arme et à ouvrir une faille dans laquelle il plongea.

Se sentant menacé par ce sort inconnu, le soldat tenta de trancher la gorge de sa victime sous les hoquets de stupeur des autres villageois. Comme prévu, sa prisonnière ne sentit qu'une légère pression sur son cou, rien de plus. Le fils du baron apparut derrière lui l'instant d'après en traversant une nouvelle faille et lui assena un coup de pommeau sur le crâne qui le fit tomber tel un pantin désarticulé. Avec lui, les anges soldats étaient véritablement vaincus.

Le violon de cristal : l'autre mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant