Après avoir discuté avec les deux esprits du violon des possibilités qui s'offraient à elle, Syara dût se rendre à l'évidence. Sans l'aide de sa partie d'âme qui avait fusionné avec l'ombre, elle allait devenir un poids mort pour leur mission et ni Fos ni Cristal ne pouvaient y faire quoi que ce soit. Elle devait donc profiter de sa présence dans le monde du violon pour la convaincre de lui accorder ses pouvoirs.
À l'intérieur du chalet, Cristal lui indiqua la chambre où son alter ego plus vraiment maléfique s'était installé. L'elfe la laissa ensuite sur le pas de la porte. Elle trouvait qu'il était préférable qu'elles aient une discussion seule à seule, sans aucune oreille externe, mais lui souhaita tout de même bon courage avant de s'en aller rejoindre Fos à l'extérieur.
Afin de s'annoncer et de ne pas entrer sans prévenir, la beast toqua trois fois et attendit une quelconque réponse depuis l'autre côté.
— Casse-toi, entendit-elle d'un ton sec et cassant.
Si elle s'était annoncée de cette manière par pure politesse, la violoniste ignora totalement le refus d'entrer qu'elle venait d'essuyer et tourna la poignée pour pénétrer dans la chambre. À son grand étonnement, la porte n'était pas verrouillée et s'ouvrit bel et bien.
L'intérieur de cette pièce lui était particulièrement familier. Et pour cause, il s'agissait de la reproduction exacte de sa chambre dans la maison qu'elle occupait avec ceux qu'elle considérait comme étant sa famille. Tout y était, de l'instrument le plus imposant au plus petit bibelot sur l'étagère. Dans le monde réel, cet endroit était son sanctuaire, ça n'était donc pas étonnant que cet être qui était une partie d'elle l'ait recopié pour s'y sentir bien.
— Qu'est-ce que tu ne comprends pas quand je te dis dégage ? S'agaça le nouvel esprit qui lui tournait le dos et regardait à travers la fenêtre.
— J'ai bien tout compris, mais tu ne m'as pas dit dégage, tu m'as dit casse-toi.
— Dégage, casse-toi, disparais de ma vue, va mourir dans un caniveau, c'est du pareil au même. Je ne veux pas te voir.
Ignorant de nouveau le souhait de l'esprit, Syara alla prendre une boule à neige qui traînait sur une étagère, puis s'assit sur le lit tout en l'agitant pour observer une tempête hivernale toucher une reproduction de Léfarène. Son alter ego lui tournait toujours le dos et observait les montagnes verdoyantes à travers la fenêtre.
— Tu sais, si je vais mourir dans un caniveau comme tu le souhaites, il y a de fortes chances pour que tu y passes tout aussi, remarqua-t-elle tout en continuant à faire mine de rien et à agiter la boule à neige.
— J'étais si près du but... La liberté... Et toi, tu as tout gâché.
— Eh ! C'est toi qui m'as attaquée pendant la cérémonie je te rappelle. Tu ne vas quand même pas m'en vouloir de m'être défendue ! D'ailleurs, ça avait l'air de t'amuser avant que tu ne te rendes compte que j'avais des chances de gagner. Je n'ai pas non plus demandé à ce que tu deviennes la représentation de mon âme dans le violon. Et d'ailleurs, tu aurais fait quoi à ma place ?
Face à cette question, l'esprit resta silencieux et persista à lui tourner le dos, les bras croisés pour bien lui montrer qu'elle ne voulait pas discuter et sa queue se balançant derrière elle pour signifier son agacement. Ce comportement, qu'elle reconnaissait avoir elle-même parfois, l'exaspéra et lui fit pousser un long soupire.
— écoute, aucune de nous deux n'a eu ce qu'elle voulait, continua-t-elle en se levant et en reposant la décoration à sa place. Tu n'as pas eu mon corps et moi, je me retrouve avec toi pour gérer mes pouvoirs.
— Tes pouvoirs ? Rit l'esprit. Que le violon soit un instrument lié ou un instrument de l'âme, ce ne sont pas tes pouvoirs, ce sont ceux que l'on te prête.
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Le violon de cristal : l'autre monde
Fantasy/!\ ATTENTION : Ceci est le tome 2 du violon de cristal. Il est fortement déconseillé de lire le synopsis sans avoir lu le tome 1 au préalable. Après un combat acharné, Syara a réussi, avec l'aide de ses amis, à vaincre Anela, sa mère, et à empêcher...