Chapitre 177 : Un message pour son fils

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 — Merci, souffla Élane après que la dernière note ai été jouée. À la fin, je n'ai pas pu m'empêcher de penser à ma mère et au fait qu'ils étaient ensemble à présent.

Syara n'avait pas pensé à cela, mais les anges avaient sans doute des croyances sur une vie après la mort. Il en existait de nombreuses chez les peuples de son monde, alors il n'y avait aucune raison que eux n'en aient pas, surtout après ce qu'il venait de dire.

— Comment était-il, dans ses derniers moments ?

— Digne, répondit-elle immédiatement. Il avait beau avoir subi de mauvais traitements, il se tenait droit et faisait face à son destin sans trembler. Il nous a vu dans la foule et nous a fait un signe discret pour nous dire de ne pas tenter d'intervenir. Il semblait aussi un peu soulagé vu que notre présence voulait dire que ton frère était bien arrivé et qu'il était en sécurité.

— Ça ne m'étonne pas de lui. Même si j'aurais préféré qu'il se débatte et que vous en profitiez pour venir le secourir, il devait savoir que cela allait dégénérer en votre défaveur si vous interveniez...

— Nous ne comptions pas l'écouter, mais les pouvoirs du roi que nous ne connaissions pas nous ont empêché d'intervenir, se désola la beast. Ça aussi il devait le savoir.

— Dans ses explications, Phi et Orélius étaient confus, ils ne savaient pas ce qui leur était arrivé.

— D'après les esprits qui se trouvent dans mon violon, le roi a une capacité qui affecte les pouvoirs des autres. Ceux de Phi ont été grandement diminués, Elyazra et Orélius ont vu leur téléportation être retardée, si bien qu'ils se sont retrouvé sur l'estrade lorsque le mal était déjà fait et moi je ne pouvais lancer aucun sort avec mon violon.

— Orélius m'a aussi parlé de sa force brute qui rivalise avec celle des dragons sous forme humaine. Comment sommes-nous censés le vaincre et venger mon père dans ces conditions ? Avec Elirielle restée en arrière, j'ai l'impression que nous avons perdu la seule personne capable d'en venir à bout.

Resté en arrière. Lui non plus ne voulait pas penser qu'elle avait été vaincue et préférait utiliser cette formulation qui impliquait qu'elle avait très bien pu s'échapper, remarqua Syara. Au moins, la discussion avait naturellement glissé vers le sujet qu'elle voulait absolument aborder avec lui. Elle n'avait pas besoin de forcer pour en arriver là et vu qu'il acceptait de parler des événements qui avaient précédés l'exécution.

— Ton père nous a peut-être donné les clés pour arriver à le vaincre. Lorsqu'il nous a vus, il a insisté pour avoir des dernières paroles. Le problème est qu'aucun d'entre nous n'arrive à comprendre à quoi il faisait allusion. Fos et moi pensons que toi tu pourrais le savoir.

— C'est pour ça que Fos est venu me voir et que Phi s'est énervée contre lui, se rappela l'ange. Je dois dire que tu as plus de tact que lui.

— Quand j'ai vu l'état dans lequel tu étais, il était évident qu'aborder le sujet directement n'était pas la bonne chose à faire, avoua-t-elle. Malgré tout, je n'ai pas forcé la discussion pour que nous en arrivions à aborder ce point.

— Je te crois. Je vois bien que tu n'es pas du genre à manipuler les autres pour arriver à tes fins. S'il y a quoi que ce soit que je puisse faire pour venger mon père, dis-le moi.

S'il ne le montrait pas, une colère sourde brûlait encore dans le cœur de l'ange. Cela faisait plusieurs fois qu'il évoquait la vengeance en parlant du roi. Comment Syara pouvait-elle lui en vouloir ? Après tout, cela ne faisait que quelques heures qu'il avait perdu son père. Elle-même n'aurait pas pu avoir les idées aussi claires si peu de temps après avoir perdu un proche.

— Ton père a dit que la vérité se trouvait là où le vent force les pénitents à marcher, énonça-t-elle finalement. Ça te dit quelque chose ?

Pendant un petit moment, Élane se perdit dans ses pensées à la recherche de la moindre évocation de la phrase énigmatique. Ses yeux se baladaient de droite à gauche et de haut en bas, comme si la réponse se trouvait autour de lui, même si, en réalité, il ne prêtait aucune attention à ce qui l'entourait.

— Cette phrase me dit quelque chose, mais je n'arrive pas à me souvenir quoi, s'agaça-t-il.

— Dans ce cas, cherche encore un peu, mais n'insiste pas trop. Plus tu vas te focaliser dessus et plus tu vas tourner en rond dans tes réflexions, lui conseilla-t-elle.

— Tu as raison, je commence à ressasser des souvenirs où j'ai déjà fouillé sans rien trouvé... Retournons auprès des autres, ça me reviendra peut-être quand je penserai à tout autre chose.

Le message énigmatique transmis et avec le sentiment d'avoir pu aider son ami à aller un peu mieux, Syara se releva la première et lui tendit la main pour l'aider à se remettre sur ses pieds. L'ange accepta cette aide, mais la violoniste mit un peu trop de force en le tirant, les rapprochant un peu trop près l'un de l'autre.

Dans d'autres circonstances, la beast aurait immédiatement fait le lien avec cette nuit où ils s'étaient installés sur le haut de la grotte pour observer les étoiles. Si, elle y pensa effectivement à cet instant, aucun des deux ne tenta d'aller plus loin, chacun se contentant de s'éloigner d'un pas de l'autre. Ils n'avaient pas la tête à ça et le moment était clairement mal choisi pour mettre à l'épreuve des sentiments incertains.

De retour à la grotte, Élane et Syara retrouvèrent le reste du groupe. Elyazra et Orélius se refaisaient leur petit affrontement en voyant ensemble ce qu'ils avaient mal fait ou, à l'inverse, ce qui était intéressant. De son côté, Phi ne cessait de répéter qu'il n'y avait rien à analyser, qu'ils s'étaient battus sans réfléchir, comme des bêtes enragées et que tout était à jeter. Chaque coup qu'ils soulignaient comme étant bon donnait lieu à une remontrance de la fée qui se plaignait d'avoir eu à les soigner.

Au moins, grâce à elle, les demi-dragons avaient pu se défouler et extérioriser leurs frustrations sans aucune conséquence grave. Syara aurait d'ailleurs bien aimé en faire de même et lancer quelques sorts pour se défouler, mais elle préférait user du moins de magie possible pour que son alter ego à l'intérieur de l'instrument puisse s'entraîner sans être dérangée.

À l'approche d'Élane et de Syara, ils parurent rassurés de les revoir et se retinrent de poser la moindre question. Ils n'en auraient de toute façon pas eu le temps. À peine étaient-ils arrivés à leur hauteur qu'une voix appela depuis l'entrée de la grotte.

— Grand frère ?

Le violon de cristal : l'autre mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant