— Dorénavant, je prierai à chaque personne ici présente d'oublier que cette enfant est une elfe et d'oublier qu'elle fait partie de la famille royale. Si vous comptez l'interrompre à cause de ces prétextes, vous pouvez d'ors et déjà sortir. Nous sommes ici pour faire avancer la cause, pas pour se défouler et accuser quelqu'un de crimes qu'elle n'a de toute façon pas commis et où elle n'en est même pas complice.
Avec cette demande, un bon quart des tribunes se vidèrent. Chacun passa devant Cristal pour sortir et ne se gêna pas pour lui jeter des regards noirs ou cracher à ses pieds. Ce fut aussi le cas d'un autre membre du conseil assis autour de la table qui, lui, ne lui accorda même pas un regard.
Les fauteurs de troubles partis, Mélyne retourna s'asseoir à sa place, accompagnée d'Acolar. Ils allaient enfin pouvoir avancer plus calmement et définir quel serait le rôle de la jeune elfe dans leur plan pour renverser la famille royale.
— Bien, reprenons depuis le début. Ton père a tenté de te tuer pendant la cérémonie d'apparition de ton instrument. Tu as tout de même réussi à le faire venir à toi ?
— Oui. C'est après qu'il m'a poignardée.
— Montre-le nous.
Facile à dire... Elle ne l'avait vu qu'un instant avant de perdre connaissance et personne ne lui avait jamais appris comment le faire apparaître auprès d'elle. À quoi ressemblait-il déjà ? Il était bleu et semblable à du cristal, comme celui des membres de sa famille. Il était aussi petit et c'était un instrument à cordes, mais ça n'était pas tout. Elle se souvenait parfaitement tenir quelque chose d'autre. Un archet ?
En se refaisant la description dans sa tête avec les yeux fermés, Cristal vit son instrument apparaître dans son esprit aussi clairement que si elle le voyait en réalité. Elle avait aussi senti qu'elle tenait à présent quelque chose dans ses mains et, en ouvrant les yeux, la jeune elfe découvrit que le même instrument, à la rune près, s'était matérialisé.
— Alors ça ressemble à ça, un instrument de la famille royale, commenta un membre du conseil.
— Qu'est-ce que j'ai dit sur le fait qu'elle ne devait pas être considérée comme l'un d'eux.
— Je ne dis pas ça pour critiquer, se défendit-il. C'est juste que je n'en avais jamais vu avant. C'est vraiment différent des instruments que j'ai pu voir jusque-là et qui étaient manipulés par des elfes du bas peuple.
— Nous savons aussi que les instruments de la famille royale permettent de manipuler beaucoup plus d'éléments que les autres. Quels sont les tiens ? Questionna un troisième.
— Je n'en sais rien. J'ai à peine eu le temps de le matérialiser avant de me faire poignarder et c'est la première fois depuis cet événement que je l'invoque. Je n'ai encore jamais joué une seule note dessus.
— Sais-tu au moins jouer de cet instrument ?
— Oui. J'ai commencé à apprendre sur un violon normal à l'âge de quatre ans.
— Tu sais donc y jouer, mais tu ne maîtrises pas la partie magique. Voilà qui va poser problème. Si tes pouvoirs sont véritablement plus puissants que ceux de ton père, tu ne pourras pas t'exercer ici. Tu pourrais faire s'écrouler la cavité.
— Elle ne peut pas non plus le faire à l'extérieur. Une telle libération d'énergie serait facilement détectée.
— Si je peux donner mon avis. Je pense que le faire ici ne poserait pas de problème. De ce qu'on m'a dit, il faut vraiment le vouloir pour lancer un sort à grande échelle. Il est bien plus probable que je lance d'abord des petits sorts que je pourrais ensuite faire grandir à mesure que je dompterai mon énergie et mes pouvoirs.
— Bien, dans ce cas, fais-nous une démonstration.
— Ici ? Maintenant ?
— Pourquoi pas ?
— Petit sort ne veut pas dire qu'il ne peut pas être dangereux. Je ne veux pas vous blesser.
— Vois ça comme une épreuve de confiance. Si tu ne nous veux effectivement pas de mal et que tu es de notre côté, alors il ne devrait rien nous arriver.
Visiblement, elle n'avait pas le choix. Certes elle était certaine de ne pas causer de dégât à la grotte qui accueillait une ville, mais de là à faire son premier essai dans un lieu aussi restreint... Vu qu'elle était obligée, Cristal imagina que chaque personne ici était quelqu'un qui lui tenait particulièrement à cœur et qu'elle ne voulait pas blesser. Dans son esprit, chaque place était donc occupée par Mélyne.
La jeune elfe plaça l'instrument sur son épaule, le coinça avec son menton et approcha l'archet des cordes. À peine celui-ci avait effleuré l'une d'elles qu'un immense fracas couvrit la note qu'elle venait de jouer.
La grande table ronde, pourtant taillée dans un unique bloc de pierre, venait de voler en éclats. Il n'en restait plus qu'un tas de gravats.
— T... Tout le monde va bien ? Bafouilla-t-elle.
Quelle question ? Elle venait d'exploser une énorme pierre et d'envoyer de nombreux projectiles à travers toute la pièce. Il devait y avoir beaucoup de blessés à cause d'elle !
Et pourtant, alors que la poussière retombait, personne ne semblait avoir la moindre égratignure. Les nombreux blocs de pierre à leurs pieds montrait pourtant qu'ils avaient été projetés jusqu'à eux.
— Une petite note, deux sorts. C'est un bon début, commenta le dragon.
— C'est vous qui avez protégé tout le monde ? Se réjouit-elle en se souvenant que les membres de ce peuple n'avaient pas besoin d'instrument pour pratiquer la magie.
— Non, je n'ai rien fait. Je te l'ai dit. Deux sorts. Tu as détruit la table et, en prime, tu as projeté un bouclier protecteur sur chacun de nous.
— Et maintenant, tu penses pouvoir t'entraîner sans que la ville ne risque quoi que ce soit ?
— Si je m'exerce un peu à l'écart, oui, répondit-elle.
— Nous te trouverons un endroit tranquille où tu pourras t'entraîner et habiter. Vu ce que tu es, il est plus sûr pour toi que tu vives à l'écart de la ville.
— Je croyais qu'on ne devait pas faire référence à ça, rétorqua avec un large sourire celui qui avait commenté le violon.
— Comme toi, je ne dis pas ça pour la critiquer, mais il est indéniable que cela créerait un certain chaos si elle venait à habiter dans un quartier peuplé de personnes qui haïssent tout ce qui a un rapport de près ou de loin avec les elfes.
— Si je peux me permettre, intervint Mélyne. J'aimerais m'installer avec elle.
— Tu veux continuer ton rôle de servante ?
— Non, mais outre l'affect que j'ai pour elle, je sais aussi qu'elle a vécu toute sa vie sans avoir à se soucier de rien. Dès qu'elle avait besoin de quelque chose, moi ou un autre serviteur étions là pour lui apporter ou l'aider. C'est d'ailleurs moi-même qui l'habillait et la coiffait tous les matins. Je ne veux pas être sa servante, mais plutôt lui apprendre à se débrouiller toute seule. Envoyez-la telle qu'elle est dans un endroit isolé sans personne pour ne serait-ce qu'aller lui chercher de quoi faire à manger et elle ne s'en sortira pas. D'ailleurs, pour ce dernier point, c'est aussi valable si elle était autonome. Personne dans cette ville ne va accepter de lui vendre de la nourriture vu qu'elle sera rejetée immédiatement par ses habitants.
— D'accord. Fais ce qu'il te plaît, décida le chef. Passons à présent à la prochaine question. Saurais-tu nous enseigner la cérémonie qui permet d'obtenir un instrument de l'âme ?
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Le violon de cristal : l'autre monde
Fantasy/!\ ATTENTION : Ceci est le tome 2 du violon de cristal. Il est fortement déconseillé de lire le synopsis sans avoir lu le tome 1 au préalable. Après un combat acharné, Syara a réussi, avec l'aide de ses amis, à vaincre Anela, sa mère, et à empêcher...