Chapitre 158 : Le réveil

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 Lorsque Syara ouvrit les yeux, seule l'obscurité l'accueillit. Au fin fond d'une grotte, sans éclairage, il était normal qu'elle n'y voie rien, même avec ses prédispositions naturelles pour les environnements sombres. Son corps était engourdi à force d'être resté dans la même position aussi longtemps, mais cela ne l'empêcha pas d'arborer un sourire en coin. Elle avait réussi.

Lentement, elle se releva et s'avança prudemment jusqu'à arriver au niveau de la chaise sur laquelle ses habits avaient été jetés sans même prendre la peine de les plier. Elle s'habilla tant bien que mal dans le noir, puis partit à la recherche de la porte. Guidée uniquement par son ouïe, tout ceci lui semblait étrange. Elle entendait le crissement de ses pas sur la pierre, sa propre respiration, mais aucun autre son. Tout était calme. Cela dénotait avec le combat qui avait fait rage quelques instants avant dans le monde du violon. Mais tout cela était derrière elle à présent. Elle avait réussi.

Arrivée au mur, la beast le suivit du bout des doigts jusqu'à arriver à la porte. Quelques tâtonnements supplémentaires et elle finit par trouver le loquet qu'elle déverrouilla, la libérant ainsi de cette salle de la cérémonie.

Le couloir dans lequel elle s'engouffra était tout aussi obscure et ce fut une fois de plus en s'aidant du mur qu'elle avança pour rejoindre la sortie. La pièce où elle s'était trouvée était l'alcôve la plus éloignée de l'entrée de la grotte qui s'étendait sous une grande partie de l'île et ce, sur plusieurs étages.

Ce ne fut que lorsqu'elle fut arrivée presque à l'autre bout, là où les escaliers remontaient, qu'une lumière l'accueillit. Il ne s'agissait pas de celle du jour, mais d'une simple torche. Plonger tout cet étage dans le noir devait lui éviter d'entendre le crépitement des flammes et de sentir l'odeur de la fumée ou de l'huile brûlée qui s'en dégageait.

Une marche après l'autre, elle remonta les escaliers et gravit les étages jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus remonter. Il ne lui restait plus qu'à traverser un dernier couloir, monter un dernier escalier et elle se retrouverait dans la partie extérieure de la grotte.

Ces choses faites, la première chose qu'elle remarqua était la couleur des arbres qui étaient visibles en face. Ils arboraient une teinte orangée ou, plutôt, la lumière qui les éclairait était de cette teinte. La cérémonie avait débuté dans la matinée et, visiblement, s'était achevée dans la soirée, peu de temps avant que le soleil ne se couche.

— Syara ! S'exclama Phi.

Avant qu'elle n'ait pu réagir, la beast fut percutée et entravée par quelque chose. La jeune fée s'était précipitée sur elle et l'avait encerclée de ses bras juste au-dessus de la taille pour l'étreindre. Face à un tel assaut, elle ne réagit pas et resta les bras le long du corps, se contentant de baisser les yeux sur celle qui était venue à elle.

— J'ai eu tellement peur ! On commençait vraiment à craindre qu'il t'était arrivé quelque chose !

— Vraiment ? S'étonna la beast.

— Une cérémonie de l'âme est censée durer au plus une heure, pas une journée entière, argumenta Elirielle en s'approchant. Plus le temps passait et plus on hésitait à descendre pour aller te chercher.

— C'est parce que ta cérémonie était différente de toutes celles qui avaient été faites jusque-là que nous nous sommes retenus, continua Fos. On commençait vraiment à croire qu'on allait découvrir ta dépouille si on descendait.

— Vous avez bien fait d'attendre. La preuve, je suis revenue.

— Vous voyez ! Je vous avais bien dit qu'il n'y avait rien à craindre ! S'exclama Elyazra. Après tout, c'est ma petite sœur. Il n'y avait aucune chance qu'elle y passe.

— C'est drôle que tu dises ça. Tu étais pourtant la première à émettre l'hypothèse qu'il t'était arrivé quelque chose et qu'il fallait descendre pour t'aider, contredit Orélius. Elle n'a pas arrêté de tourner comme un dragon en cage et à se ronger les ongles d'inquiétude.

— Quoi ? C'est même pas vrai !

— Ah oui ? Quand je parlais de ronger tes ongles, ça n'était pas une expression, c'était littéral. Vas-y, montre lui tes mains et essai de la convaincre que tout ce que j'ai dit est faux.

— Toi aussi, tu as réussi ta cérémonie ?

— Évidemment, tu me prends pour qui ?

— Quelques phénomènes supplémentaires sont survenus lorsque je l'ai guidée pour qu'elle obtienne son arme, expliqua Élane. Des flammes noires se sont mises à l'entourer, mais elle a insisté pour que l'on continue et qu'elles n'allaient rien lui faire. Malgré mes réticences, j'ai accepté de continuer et elle a fini par obtenir son arme.

— Bien, bonne nouvelle. Félicitations, souffla la beast en souriant légèrement.

Tout en mettant fin à son étreinte, Phi recula de deux pas et la fixa avec un certain étonnement dans le regard. La jeune fée la regardait comme si elle avait quelque chose sur le visage, mais qu'elle n'arrivait pas à déterminer ce dont il s'agissait.

— Tu es sûre que tout va bien ? S'inquiéta-t-elle.

— Oui, pourquoi ?

— Je ne sais pas. Tu es... Étrange. Tu agis bizarrement.

— Pardon, je suis contente pour Ely, c'est une très bonne nouvelle. Si je ne saute pas de joie, c'est juste parce que je suis totalement épuisée après avoir passé la journée à accomplir la cérémonie. J'ai juste besoin d'un peu de repos, c'est tout.

Malgré ses explications, Phi ne sembla pas vraiment convaincue. Avait-elle bien deviné en évoquant son manque de réaction face à l'annonce que la cérémonie d'Elyazra s'était bien passé ou était-ce autre chose ? Ne la trouvait-elle pas tout simplement étrange parce qu'elle ne lui avait pas rendu son étreinte quand elle s'était jetée sur elle ?

— Et donc, va-t-on avoir des explications sur pourquoi ça t'a pris autant de temps ? Demanda Fos.

— Comme tu l'as dit, la cérémonie était différente et il y a eu... Des complications, se contenta-t-elle de répondre. Malgré tout, tout ceci est derrière moi maintenant. J'ai réussi, le violon de cristal est totalement mien désormais.

Le violon de cristal : l'autre mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant