Le violon de cristal : l'autre monde

Chapitre 101 : la colère de Fos

 — Tu vas bien ? Répéta Cristal tout en l'inspectant pour trouver une éventuelle trace de blessure. L'autre ne t'a pas fait de mal ?

— Non... Enfin oui, ça va, je n'ai rien.

— Tant mieux, dit Cristal dans un soupir de soulagement.

— En temps normal, tu ne devrais pas pouvoir entrer dans le violon sans que l'un de nous deux t'ai invitée, commenta Fos. Je ne sais pas comment tu t'y es prise, mais vu l'endroit où tu as atterri, il vaudrait mieux que tu ne le fasses plus pour ta propre sécurité.

Face à ces paroles qui relevaient bien plus, dans l'intonation, d'un conseil que d'une réprimande, Syara resta silencieuse et baissa le regard. Non pas qu'elle se sentait fautive, mais plutôt parce qu'elle était toujours troublée par ce qu'elle venait de voir.

— Que t'est-il arrivé ? Questionna la jeune elfe qui semblait lui montrer une inquiétude sincère.

Devait-elle leur dire tout ce qu'elle avait vu ou bien cacher la vérité ? Elle qui pensait garder un regard critique sur tout ce que l'ombre du violon pouvait lui montrer avait vu sa confiance en ces deux personnes devant elle se fissurer.

— J'ai bel et bien été invitée, ou plutôt convoquée dans le violon, se contenta-t-elle de répondre.

— Quoi ?! S'exclamèrent les deux esprits.

— Se pourrait-il que ce soit l'ombre qui ait réussi à te faire venir ici ? Déduisit Fos

— Ce serait une première et c'est très inquiétant, enchérit Cristal.

— Qu'est-ce qu'il manigance encore ? Que t'as-t-il fait ?

— Il m'a montré les archives du violon, finit-elle par avouer tout en relevant un regard accusateur dans sa direction. Il m'a montré qui tu étais vraiment.

— Les archives ? Qu'est-ce que c'est encore que ces conneries ? Et comment ça qui je suis vraiment ?

— Les archives regroupent tous les événements qu'ont vécus les porteurs du violon qui m'ont précédé. Dont toi.

— Et je parie que tous ces événements sont à charge contre moi, s'agaça l'esprit humain.

— Fos... souffla Cristal.

— Et tu n'as pas pensé une seule seconde que tu te trouvais en plein milieu de son territoire et que tout ce qu'il pouvait te montrer n'était qu'un ramassis de conneries ?!

— Fos, répéta l'enfant.

— Tu vas le croire lui, tout ça parce qu'il t'a montré ces soit disant archives qu'il aurait très bien pu créer de toute pièce comme Cristal le fait avec ta maison ?!

— Fos ! S'exclama la créatrice du violon. Ça suffit !

— Mais...

— Ça n'est pas en lui hurlant dessus que tu vas régler le problème. Sors d'ici, va prendre l'air, je m'en occupe.

— Je n'arrive vraiment pas à croire que tu t'es faite embobiner par...

— Dehors ! S'énerva Cristal.

Tout en grommelant, Fos se rendit jusqu'à l'entrée de la maison, sortit et claqua la porte derrière lui. De son côté, Syara restait troublée. Sa réaction pouvait autant être celle d'un menteur qui tenterait de se défendre qu'une personne qui aurait accordé sa confiance et qui aurait été trahie.

— Je suis désolée. L'ombre et lui se livrent une guerre de territoire depuis mille ans au sein du violon et savoir que tu pourrais te ranger du côté de l'ombre a dû raviver de mauvais souvenirs en lui. Il finira par se calmer et s'excuser de son comportement.

Malgré la situation et les accusations, Cristal restait calme et auprès de Syara, comme si elle avait effectivement été blessée et qu'elle voulait lui montrer qu'elle la soutenait.

— Je ne sais plus quoi penser, avoua la violoniste tandis que les larmes lui montaient aux yeux. Fos insinue que ce que j'ai vu était falsifié, mais cela me semblait si réel. J'ai ressenti chaque chose comme si j'étais celle qui avait vécu ces souvenirs.

Après un instant de silence, Cristal se rendit à son tour à la porte d'entrée. Elle ne suivit cependant pas Fos, mais apposa sa main sur la porte. Celle-ci fut rapidement recouverte d'un voile bleuté qui s'étendit pour finalement recouvrir les quatre murs, le sol et le plafond.

Cette chose faite, elle retourna auprès de Syara, s'assit à côté d'elle et prit une main dans les siennes. Ces gestes ne montraient que compassion, mais la beast se demandait tout de même quel était le but de ce voile ? Qu'allait-elle lui faire ?

— L'ombre a réussi à ébranler la confiance que tu avais en nous, résuma la jeune elfe. Je ne veux en aucun cas te forcer la main. Tu es libre de croire ce que tu veux et de faire tes propres choix. Cependant, si tu as pu avoir une version de l'histoire, je pense qu'il serait mieux que tu aies la nôtre pour te décider.

— Et ce sort que tu viens de lancer ?

— Je nous ai isolées du reste du violon. Personne, ni Fos, ni l'ombre ne peut voir ou entendre ce que l'on va dire. Ainsi, si tu choisis de rejoindre le camp de l'ombre, il ne saura pas que tu m'as tout dit... Enfin, si tu décides de tout me dire.

— Pourquoi prendre une telle décision alors que tu veux justement me convaincre qu'il ment et que tu ne veux pas que je le rejoigne ?

— Parce que je veux que le choix final t'appartienne, mais je ne veux pas non plus que tu te retiennes de me dire ce que tu as vu de peur que cela te desserve. Il y a aussi des chances que Fos tente de savoir ce que tu vas dire et vu son état actuel, je ne veux pas qu'il revienne, même si c'est pour se défendre et donner sa propre version des faits. De mon côté, je n'ai pas d'archives à te montrer. D'ailleurs, je ne suis même pas certaine qu'il en existe réellement. Soit l'ombre l'a trouvée alors je n'y suis moi-même jamais été, soit il a créé cet endroit de toute pièce. Je ne pourrais donc pas te faire vivre ces souvenirs comme si tu y étais, mais je vais faire de mon mieux pour te retranscrire tout ce à quoi j'ai pu assister.

Cristal ne demandait, au final, qu'une chance de se justifier et de se défendre face à des accusations qu'elle ne connaissait pas encore. Syara avait laissé sa chance à l'ombre du violon, il serait donc injuste qu'elle ne donne pas cette même chance à l'autre camp dont l'un des membres se montrait d'ailleurs de bonne foi.

— C'est d'accord, je vais te dire ce qu'il m'a montré.