Passant à travers le portail ouvert par Fos, l'équipe de sauvetage se retrouva dans une ruelle d'une ville au style architectural typique des anges. Des bâtiments blancs étincelants, une végétation très présente, mais aussi très encadrée où chaque fleur avait été choisie et chaque brin d'herbe indésirable arraché, des constructions qui prenaient en compte le fait que les habitants se déplaçaient bien plus en volant qu'en marchant, tout y était.
Derrière elle, Syara remarqua une très légère trace circulaire sur le mur. L'anneau du portail devait y être dissimulé. Le fait qu'ils aient pu arriver directement en ville plutôt que sur le bord de l'île présageait aussi qu'il ait eu recours à la technique qui provenait de leur monde. Restait à savoir comment il avait pu créer une telle chose sans instrument.
— Par ici, indiqua le déchu en réajustant sa capuche.
Alors qu'ils sortaient de la ruelle pour rejoindre une artère principale, tous remarquèrent que quelque chose n'allait pas. Certes, les rues des cités angéliques étaient bien moins fréquentées que leurs villes pouvaient l'être, mais une telle absence d'habitant était tout de même très troublante.
Il n'y avait absolument personne ni dans les rues, ni sur les balcons, ni sur les toits et personne non plus dans les airs. La capitale des anges paraissait totalement déserte.
— Dis, c'est normal que...
— Non, répondit Fos en devinant la question de la beast. Et je n'aime pas ça.
— Là, il y a quelqu'un sur un balcon, remarqua Phi en pointant une direction du doigt. Peut-être que cette personne pourra nous dire pourquoi c'est aussi désert.
— Bien sûr, et on ne va pas du tout paraître suspect à escalader pour le rejoindre, ironisa l'ancien détenteur du violon. Je vous rappelle que vous avez beau avoir de belles ailes, vous ne savez pas voler.
Tout en fronçant les sourcils et en montrant clairement par sa mine boudeuse que son ton sarcastique ne lui avait pas plu, Phi prit son envol et rejoignit cette seule personne visible. L'illusion créée par Elirielle faisait des merveilles. Même si les ailes des fées et celles des anges ne battaient pas de la même manière, le sort s'adaptait parfaitement pour faire croire qu'elle utilisait réellement ses ailes de plumes. La seule chose qui pouvait la trahir était le léger vrombissement qu'elle faisait, mais qui était en partie caché lui aussi par le son feutré des battements d'ailes angéliques.
— Tu disais ? Demanda Elyazra avec un sourire en coin.
— Vu qu'elle reste toujours sous cette forme à taille humaine avec ses ailes de cachées, j'en avais oublié ce qu'elle était, se justifia-t-il. Reste à savoir si elle va réussir à convaincre cette personne de lui donner des informations.
— Phi a le physique et l'attitude de l'innocence incarnée, personne ne va aller douter d'elle, même si c'est une inconnue.
Même si elle n'avait pas le son, Syara pouvait voir que sa protégée s'en sortait très bien. Son interlocuteur semblait amical et la discussion ne dura pas bien longtemps. Après un au revoir de la main qui devait sans doute être accompagné de remerciements, Phi s'envola de nouveau pour rejoindre le groupe. Avant qu'elle ne dise quoi que ce soit, une profonde inquiétude se lisait sur son visage et présageait d'une très mauvaise nouvelle.
— Alors ? Questionna Orélius.
— Tout le monde est en train de se réunir devant le palais royal... Pour assister à l'exécution, finit-elle par lâcher en baissant le regard.
— Et merde, je m'en doutais, grogna Fos. S'il n'est pas encore monté sur l'échafaud, nous avons des chances de l'extraire pendant son transfert. S'il y est déjà par contre... Les choses risquent de se compliquer encore plus qu'elles ne le sont déjà.
— Le temps nous est encore plus compté que nous le pensions alors. Ne perdons pas de temps.
Vu que l'ange qui avait parlé avec Phi était parti, la voie était libre pour que le groupe puisse courir sans paraître suspect. D'après le déchu, le palais n'était pas loin et ils y seraient rapidement. Rien n'était encore joué, mais Syara s'en voulait déjà. Chaque seconde était précieuse et elle en avait déjà fait perdre beaucoup en n'écoutant pas et en allant rassembler ses affaires.
À mesure qu'ils avançaient, un bruit de fond se fit de plus en plus présent. Celle d'une foule colossale qui attendait que quelque chose commence. Après dix minutes de courses sans avoir rencontré personne d'autre ou vu un quelconque ange leur passer au-dessus, le groupe ralentit sous les directives de Fos et arriva finalement sur la place dominée par le palais royal.
Ce bâtiment imposant ressemblait en tout point à des édifices que Syara avait pu voir dans ses livres d'histoire. Dans son monde, il s'agissait de bâtiments religieux qui avaient vu défiler des siècles entiers avant que la guerre qui avait suivi le grand cataclysme ne les transforme en des champs de ruines. Dans ses livres, ces bâtiments étaient connus sous le nom de cathédrale.
Devant celui-ci, une estrade avait été montée et surplombait la foule. Elle était vide pour le moment, mais il était certain que tout le monde pourrait voir ce qui s'y passerait, qu'ils soient dans la foule en bas, sur les balcons ou sur les toits. Il n'y avait d'ailleurs personne en vol et Syara ne remarqua que peu de gardes.
— l'exécution n'a pas encore commencé. Suivez-moi, nous gagnerons plus de temps à contourner la foule qu'à la fendre et nous nous ferons moins remarquer.
Toujours en tête, le déchu partit sur le côté et se mit à longer les autres bâtiments qui bordaient la place. Son absence d'aile ne semblait étonner personne. Ils n'avaient même pas l'air de le remarquer. Pire, en plus de cela, ceux qui étaient sur son passage s'écartaient naturellement pour le laisser passer, comme s'ils avaient soudainement eu envie de s'approcher, se reculer ou faire un pas de côté.
Grâce à ce mystérieux pouvoir, le groupe s'était rapidement rapproché du palais royal et de l'estrade. S'ils étaient venus pour assister à l'exécution, ils étaient presque aux premières loges, mais leur but était tout autre.
Tandis qu'ils continuaient à progresser, des trompettes retentirent et la foule se tut immédiatement. Un ange en armure d'or rehaussée d'argent se présenta sur l'estrade tandis qu'un autre, en haillons, était conduit par deux soldats devant le billot. Cet ange-ci, bien qu'ayant subi de multiples sévisses, était tout de même reconnaissable. Il s'agissait bien du père d'Élane et de Firène.
—Et merde, ça commence, grinça Fos.
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Le violon de cristal : l'autre monde
Fantasy/!\ ATTENTION : Ceci est le tome 2 du violon de cristal. Il est fortement déconseillé de lire le synopsis sans avoir lu le tome 1 au préalable. Après un combat acharné, Syara a réussi, avec l'aide de ses amis, à vaincre Anela, sa mère, et à empêcher...