Chapitre 167 : Départ pour la capitale angélique

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 Malgré les protestations de Fos qui, après leur avoir tout cédé, demandait tout de même à ce qu'ils se posent un instant, Syara s'était empressée d'aller dans sa chambre pour rassembler ses affaires. Cela ne lui prit qu'un instant pour tout rassembler dans sa sacoche dimensionnelle et repartir, mais elle semblait être la seule à avoir tout pris. Les autres étaient restés dans la première partie de la grotte et l'attendaient.

— C'est bon, tu as fini ? Souffla Elirielle.

— Comment ça fini ? C'est à vous qu'il faut poser la question. Où sont vos affaires ?

— Dans nos chambres, là où elles doivent être. Si tu arrêtais un peu de foncer tête baissée et que tu nous écoutais plutôt ?

— Vous n'avez pas pris vos affaires alors que nous avons sans aucun doute plusieurs jours de route ?

— Pour la énième fois, il n'y aura pas quelques jours de route ! S'emporta Fos. Que tu ne me fasses pas confiance, d'accord, que tu ne sois pas d'accord avec mes idées, passe encore, mais si tu pouvais au moins écouter quand je parle, ça ferai gagner du temps à tout le monde !

Surprise de se faire ainsi disputer alors qu'elle ne s'y attendait pas, Syara recula d'un pas et rabattit ses oreilles sur son crâne. D'après la posture de tout le monde, elle était cette fois-ci bel et bien fautive.

— Avant de partir, nous devons décider de qui reste et qui vient. Nous ne savons pas combien de temps nous serons parti, alors il vaudrait mieux que quelqu'un soit là pour Firène, résuma Fos après s'être calmé.

Immédiatement et par instinct de protection, le regard de la beast se tourna vers Phi. Celle-ci lui jeta cependant un regard noir qu'elle n'avait pas l'habitude de voir chez elle. C'est vrai, Phi ne voulait pas être laissée en arrière, même si cela impliquait de se mettre en danger. La fixer ainsi devait être considéré, pour elle, comme une véritable insulte.

— Je pense que tu comprends le problème. Tout le monde veut y aller, résuma Elirielle.

— Élane, je sais que tu veux aller sauver ton père, mais je pense que tu devrais tout de même rester pour t'occuper de ton frère, proposa Orélius.

— Je vais être dur dans mon argumentation, mais je pense aussi qu'avoir quelqu'un d'émotionnellement affecté par la mission pourrait nous poser de gros problèmes, ajouta Fos.

Même si elle n'était pas d'accord avec ce qu'il venait de dire, les émotions étant son carburant pour avancer, Syara ne pouvait nier qu'elle voyait dans les yeux de l'ange sa grande hésitation. Il ne cessait de passer de son frère qui n'avait même pas eu la force de se rendre jusqu'à une chambre pour s'endormir et le reste du groupe.

— C'est sans aucun doute à cause de nous qu'il a été arrêté. Laisse-nous réparer cette erreur, continua Syara pour le convaincre.

— En plus, ton frère a dit que cette sentence concernait toute ta famille. Mieux vaut que tu restes à l'abri toi aussi, appuya Elyazra.

Fait assez rare pour être souligné, la demie-dragonne venait de donner un très bon argument sans rajouter quoi que ce soit de stupide au début, à la fin ou au milieu, nota sa sœur. Élane semblait malgré tout réticent et cela se comprenait. Si quelqu'un disait à Syara qu'elle ne devait pas participer au sauvetage d'Elyazra, cette personne serait déjà assommée dans un coin et aurait été désigné volontaire par la force des choses pour rester en arrière.

L'ange n'avait cependant pas le même tempérament qu'elle. Il était plus posé et moins prompt à la violence lorsqu'il était contrarié. Finalement, après un moment d'hésitation, Élane leva vers eux un regard déterminé.

— Cela fait deux semaines que je vous vois vous entraîner, je sais que vous serez à la hauteur et que vous saurez travailler ensemble. De mon côté, je ne vous ai pas montré ma manière de me battre et cela pourrait poser des problèmes, même si je sais que mes pouvoirs pourraient s'avérer utiles. Je vais rester là et veiller sur mon frère. Je compte sur vous pour ramener mon père.

— Tu fais le bon choix, lui assura Fos en posant une main sur son épaule. Je te confie la maison en attendant notre retour.

Après avoir souhaité bonne chance à chacun personnellement, Élane alla prendre son frère et l'emmena pour le coucher plus confortablement dans l'une des chambres. L'enfant était si épuisé par son voyage qu'il ne se réveilla même pas.

De leur côté, le groupe se mit à suivre Fos qui, étonnamment, allait pour s'enfoncer lui aussi plus profondément dans la grotte. Le déchu les fit descendre au tout dernier niveau, là où Syara avait accompli sa cérémonie de l'âme, mais prit le couloir opposé à celui où elle avait été installée pendant cet événement.

Comme Syara l'avait déjà présagé, ces tunnels courraient sous toute l'île. Il était difficile d'estimer le temps passé à arpenter ces couloirs à la seule lueur d'une torche, mais cela se comptait au moins en plusieurs dizaines de minutes.

Finalement, Fos s'arrêta devant l'une des nombreuses portes qu'ils avaient croisés et entra à l'intérieur tout en invitant les autres à en faire de même. Cette alcôve était totalement vide à l'exception d'une caisse en bois posée à côté d'un anneau de pierre de taille humaine qui se trouvait au fond. Celui-ci était à la fois similaire à ceux qui reliaient les îles, mais avait aussi quelque chose en plus qui le rendait différent. Malgré tout, Syara n'était en rien une experte de ce mode de transport n'arrivait pas à trouver la différence.

— Ce portail va nous mener droit à la capitale, annonça-t-il.

— Alors c'est comme ça que tu espionnes le roi ? Questionna Elirielle.

— J'ai presque un portail par île céleste et tout autant par territoire qui se trouve en dessous.

— Ton réseau de téléportations a l'air bien plus développé et poussé que celui des anges, remarqua la dragonne. Comment as-tu accompli une telle chose en ayant laissé le violon derrière toi ?

— On peut s'installer autour d'une table et discuter de ça ou bien partir sauver le père d'Élane, à vous de choisir, répondit-il d'un air agacé.

— Juste un instant, je vais te faire des ailes pour que tu passes inaperçu.

— Ça va faire bientôt mille ans que je me balade sur ce monde sans ailes et personne ne m'a jamais vu quand je le décidais. Ne t'en fais pas pour moi et économise ta magie, tu vas sans doute en avoir besoin.

La proposition refusée, Fos sortit une cape marron de la caisse et la jeta sur ses épaules avant de rabattre la capuche sur sa tête. L'habit était tellement ample que l'on ne pouvait presque rien voir de lui lorsqu'il se tenait droit, les bras le long du corps.

Tout comme les anneaux des anges, Fos l'activa en y plaçant sa main. N'était-il pas possible de générer ainsi des portails uniquement en y insufflant de la magie ? Se dit Syara. Comment était-ce possible sans instrument ? D'un autre côté, Firène avait bien réussi à les rejoindre et lui non plus n'avait pas encore son arme de l'âme. Cette question n'était en rien primordiale comparé à la mission qu'ils devaient accomplir.

Il ne restait plus qu'à passer le portail, ne pas se faire repérer, récupérer le baron et repartir. En somme, rien de bien compliqué, se rassura-t-elle tout en avançant pour traverser le vortex.  

Le violon de cristal : l'autre mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant