CHAPITRE 11 : La Raison de Vivre

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Ses cheveux bruns, cette peau couleur café au lait. Ses yeux noisettes. Il avait tellement changé en un an. Je ne voyais pas très bien son visage, mais il me ressemblait. Enfin, c'est ce que toute mère devait se dire. Je m'étais habitué à ne pas me regarder très longtemps dans le miroir depuis mon séjour chez la Fraternité. Je ne voulais pas me voir comme ça, avec ses cheveux inexistants sur mon crâne. Mais au bout d'un moment, j'avais dû m'habitué. Maintenant je me détaillais un peu plus quand je me regardais.

Vêtu d'une veste en cuir brune, semblable à l'une des miennes, il sautait dans tous les sens. J'aurais tout donné pour aller le voir. Le prendre dans mes bras. Mais c'était impossible. Il avait une vie. Des parents aimants. Tout pour être heureux, et en plus de ça il était sauf sans avoir aucun lien avec moi. Quand je l'avais laissé, seul, alors qu'il était encore nouveau-né, j'avais fais en sorte qu'une quelconque adoption reste fermé, afin que personne ne connaisse mon identité. Si quelqu'un apprenait, il connaîtrait mon point faible. Je serais vulnérable.

Quand je l'avais eu, ça n'avait pas été simple. Dans un sens, je n'aurais pas dû. Mais voir son enfant était la chose la plus merveilleuse au monde. Chaque année, c'était mon moment de réconfort. Celui qui me disait de continué à me battre, à avancer. Et qui sait un jour, peut-être saura-t-il. Peut-être pourra-t-il venir me voir pour m'appeler maman. Mais juste une fois, avant ma mort peut-être. C'était égoïste, mais pour sa propre sécurité, c'était ce qu'il y avait de meilleur.

Je me souvenais encore de ces neufs mois à courir alors que je le portais. Heureusement que j'avais eu le soutien du père. Il était plus âgé que moi. Je n'avais que seize ans à l'époque. Lui, en avait vingt-trois. Il avait était mon allié, mon ami, mon amant et le père de mon enfant. Jusqu'à un soir tragique. Alors j'avais couru, seule, désespérée avec mon fils. Et heureusement il avait survécu. Puis je l'avais laissé, parce que c'était le seul moyen.

Je ne m'en voulais pas d'avoir fait ça. Au moins, lui n'était pas au courant. Le voir une fois tous les ans n'était pas suffisant, c'était sûr, mais c'était mieux que rien. Je vivais ma vie comme je le pouvais.

Il rentrait bientôt chez lui, suivit de sa mère qui jeta un coup d'œil circulaire. Il s'arrêta sur moi. Elle m'avait déjà repéré. Tous les ans. Elle commençait sûrement à avoir l'habitude de me voir. Elle n'avait pas peur, elle devait forcément comprendre. Je redoutais le jour où je devrais la confrontée, si ça arrivait un jour bien sûr.

Pour la première fois, elle me salua d'un signe de main. Sans savoir pourquoi, je me mise à sourire. Et elle aussi. Elle aurait pu s'approcher, mais non. Elle rentra simplement chez elle, et elle avait eu raison. Je fermais les yeux un instant, respirant profondément. Encore une année de plus passée. Dix années. Dix années qu'il était venu au monde, vingt-six que moi je courais pour échapper à mes oppresseurs.

Je ne devais pas rester plus longtemps. Il allait sûrement invité ses amis pour fêter son anniversaire. J'aurais aimé lui faire un cadeau, mais ça n'aurait servi à rien.

-Une année de plus que vous êtes là, me souffla quelqu'un se trouvant à ma droite.

Surprise, je tournais vivement la tête. Je n'avais même pas remarqué qu'une vieille femme venait de s'assoir sur le même banc que moi. Tenant encore sa canne, elle regardait face à elle, un tendre sourire pendu aux lèvres.

-Je vous vois tous les ans.

-Moi qui pensais passer inaperçu à chaque fois, répondis-je gênée.

-Ce sont mes voisins vous savez, je les connais.

Je baissais la tête.

-J'ai toujours trouvé que leur fils ne leur ressemblait pas.

Shape [Marvel Fanfiction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant