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Mercredi 29 Juin 2016,15h31

Eglise de Chalon-Sur-Saône

- Nous sommes réunis tous ensemble ce mercredi 29 Juin 2016 pour rendre homme au grand homme qu'était Pierre Favère.

Eh nous voilà tous habillé de noir, assis sur les bancs de l'église. J'étais assise entre mon frère Simon et ma sœur Emy. Je n'avais pas encore vu Julie mais elle devait être un peu plus derrière avec ses parents. Ces deux jours étaient passés très lentement. Tout se passait très lentement depuis lundi de toute façon. Je vous ai quand même passé ces deux jours puisqu'ils n'étaient pas très joyeux et pas très instructifs. Je les ai passé dans mon lit la plupart du temps. Julie a passé la journée d'hier avec moi comme entendu. Nous l'avons passé dans mon lit à regarder des épisodes de Grey's Anatomy et à parler. Tout à l'heure je m'étais retrouvé à fixer ma robe noire devant mon lit pendant plusieurs minutes. Je ne sais pas, je n'arrivais pas à me résigner à la mettre. Je ne pouvais pas, malheureusement pressé par le temps je n'eus pas le choix de la mettre. Aujourd'hui j'allais dire adieu à mon grand-père, celui qui m'emmenait avec lui sur son tracteur quand j'étais plus petite, celui que je faisais tourner en bourrique.

J'étais dans mes pensées quand la voix du prêtre prononçant mon nom me sortit de ma transe.

- Nous allons maintenant accueillir Mathilde qui tenait à dire quelques mots.

Je me levais doucement sous le silence qui régnait dans l'église. Malgré la chaleur extérieure, je sentais mon corps trembler de part et d'autre. Quand j'arrivais sur l'estrade, je me tournais pour faire face à tous ces gens. Certains avaient le visage impassible et d'autre pleuraient comme ma grand-mère à ma droite. Je soufflais un grand coup et je sentis une main sur le bas de mon dos me faisant sursauter, ma marraine, venue pour me soutenir. Je pris une inspiration tremblante.

- Déjà bonjour à ceux que je n'ai pas vu, commençais-je la voix tremblante tout en triturant ma feuille entre mes doigts, je ... je tenais tout d'abord à vous remercier d'être venu aujourd'hui. Je... Je me souviendrais toujours d'un jour quand j'étais plus petite, je sais pas quelle âge je devais avoir, aux alentours de 5-6 ans surement, mes grands-parents habitaient toujours à la ferme. Ma grand-mère m'a toujours dit que quand j'étais petite, je ne lâchais pas mon grand-père. Quand il y avait papi, il y avait Mathilde dans les parages, continuais-je en essuyant une larme sur ma joue en soufflant. Je me souviens que c'était la période des foins et mon grand-père devait justement y aller cette après-midi-là mais ma grand-mère ne voulait pas que j'y aille parce que c'était trop long. Alors avec papi on a inventé une stratégie pour que je vienne. Papi avait préparé un sac pour mon goûter et mon livre. Dès que mamie est allé aux toilettes on s'est mis à courir vers le tracteur et partir. Je me souviens comme on avait ris à ce moment. Résultat, c'était effectivement long et je me suis endormir mais bon. Mon Dieu, ce que j'aimerais revenir à cette époque où on n'avait pas peur, où on s'amusait à faire tourner mamie en bourrique. Cette époque où le cancer ne nous empêchait pas de vivre. Je veux juste retrouver mon papi, c'est tout ce que je demande, alors s'il te plait Papi, pleurais-je en regardant le ciel, reviens nous. Comment on va pouvoir faire sans toi maintenant ? Avec qui je vais me moquer de mamie quand elle cherche ses affaires parce qu'elle a oublié où elle les avait mise ? Je... Je t'aime papi et ça pour toujours tu sais. J'aimerais aussi te remercier de... d'avoir été là pour tous tes enfants et petits-enfants.

Je descendis les deux marches et m'approchais du cercueil au milieu de l'allé et posa ma main dessus en pleurant.

- Je t'aime papi, dis-je doucement.

Maman s'approcha de moi, me serra dans ses bras tandis que je rejoins ma place aux cotés de mes frères et sœur en pleurs.

La cérémonie se termina avec une chanson qu'aim...ait beaucoup mon grand-père. Les gens passèrent ensuite un à un devant nous pour nous dire leurs condoléances. Quand vint le tour de ma meilleure amie qui avait les yeux rouges. Elle me prit directement dans ses bras me serrant fort faisant monter mes larmes aux yeux.

Closer /Griezmann\Où les histoires vivent. Découvrez maintenant