Chapitre 8 : Balade en forêt

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    Une des bottes du prince s'enfonça dans la gadoue. Marmonnant quelques paroles incompréhensibles, Edouard tira sur sa jambe pour se libérer. Sa chaussure était emprisonnée jusqu'à la cheville. Cela n'arrivait qu'à lui ce genre de problème. Il soupira de lassitude et redoubla d'effort. Plus haut, une main appuyée sur le tronc noueux d'un arbre, le garçon aux cheveux noirs l'observait, un sourire amusé étirant ses lèvres.

    Après quelques efforts répétés, le prince finit enfin par se libérer, manquant de tomber à la renverse. Ridicule. Passant une main dans ses boucles folles, il fit quelques pas, évitant soigneusement les multiples pièges boueux qui couvraient la pelouse. Quelques gouttes de sueurs perlaient sur son front. Comment ce faisait-il que si peu d'efforts le fatiguent à ce point ?

    Essuyant brièvement son visage, il rejoignit son nouveau camarade près de l'arbre puis leva la tête. Ses yeux s'écarquillèrent. Jamais auparavant il ne s'était aventuré jusqu'ici. Jamais il ne s'était trouvé là, si près de la muraille de pierre. Non. Jamais. Cela lui avait toujours été interdit. Pourtant, voilà qu'à présent elle se dressait devant lui, grande, superbe. Magnifique. Le jeune homme ne bougeait plus, les bras ballant, la bouche bée.

    A pas hésitants, il s'approcha lentement de l'imposant mur de pierre et posa doucement sa paume contre la paroi froide de l'édifice. Il leva les yeux. Cette muraille devait faire trois ou quatre mètres. Immense. Son regard resta fixé sur le sommet, éblouit par cette grandeur majestueuse. C'était impressionnant. Ses doigts vinrent délicatement caresser la surface râpeuse. Il ne savait dire pourquoi cet amas de pierres et de gravas l'impressionnait à ce point. Il était comme subjugué, hypnotisé. Il l'avait toujours vue depuis sa fenêtre, et maintenant elle était là, devant lui. C'était... C'était comme s'il l'avait rêvée.

-    Wow... prononça une voix, je ne pensais pas qu'un simple mur pouvait produire autant d'effets...

    Edouard eut un léger sursaut et se retourna. Derrière lui, toujours nonchalamment appuyé contre un arbre, le jeune garçon d'écurie le fixait avec amusement. Ses cheveux noirs étaient balayés par une brise légère. Le prince se redressa aussitôt en se raclant la gorge. Il avait encore eu l'air d'un imbécile. Histoire de changer...

    Le garçon eut un léger rire puis se décolla de l'arbre. De sa démarche assurée, il s'approcha du jeune noble et se tourna vers le mur. Ses doigts vinrent agripper la paroi.

-    Bon, ce n'est pas pour presser ta contemplation émerveillée de ce splendide mur en pierre, mais si on ne se bouge pas un peu notre absence va très vite se voir...

    Edouard hocha la tête. C'était vrai... Si son père venait à se rendre compte de son absence, il ne donnait pas cher de sa peau.

-    Tu as déjà fait de l'escalade ?

    Le prince fronça les sourcils. De l'escalade ? Il ne comptait sérieusement pas escalader cette chose ?! Cela devait être impossible, et puis ils finiraient par ce faire remarquer. Des soldats faisaient une ronde. Plusieurs centaines de soldats. Ils étaient dans le château royal tout de même..!

-    Tu... Tu veux qu'on escalade le mur ?

    Le garçon se tourna vers lui et lui adressa un sourire.

-    Exactement, répondit-il avec un clin d'œil espiègle. Mais ne t'inquiète pas, je fais cela très souvent, il suffit de se dépêcher...

    Edouard resta interdit quelques instants. Ce type était vraiment sérieux ?

-    Se dépêcher ? Répéta-t-il. Euh... Tu m'excuseras mais je...

-    Il y a un raccourcit, le coupa le noiraud.

Un prince presque charmantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant