Chapitre 9 : un jardin secret

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    Pas si mal ? Edouard eut un sourire maladroit et tritura nerveusement le bas de sa tunique. Il senti la chaleur lui monter au visage. Il ne comprenait pas pourquoi. Face à lui, Adrien le regardait toujours, un petit sourire amusé accroché à ses lèvres. Le prince baissa les yeux, n'osant pas affronter son regard. Un compliment ? Une moquerie ? Il ne savait comment interpréter cela. Détournant la tête pour cacher un rire, le noiraud fit quelques pas et se dirigea vers l'entrée.

- Aller, dit-il en ouvrant la vieille porte, allons-y, il va commencer à être tard.

    Le prince hocha la tête d'un air entendu et emboita le pas du garçon. Il faisait à présent bien plus clair au dehors. Le chant matinal et printanier des oiseaux envahissait joyeusement l'espace dans un concert de gazouillements innocents.

    Une fois à l'extérieur, Adrien abaissa le lourd loquet, verrouillant ainsi l'accès à la chaumière. Ceci fait, il se tourna vers le bouclé. Un sourire satisfait étirait ses lèvres.

- Vamos ! S'exclama-t-il d'un air ravi, un bras élancé vers l'avant.

    Vamos ? Le prince fronça les sourcils tandis qu'Adrien s'éloignait de sa démarche joyeuse, une main fermement agrippée à la bandoulière de son sac. Tirant distraitement le col de son vêtement râpeux pour offrir un peu d'air frais à son cou, Edouard pressa le pas et rejoignit le garçon.

- Vamos ? Répéta-t-il d'un air intrigué.

    Le noiraud tourna son visage vers lui. Il était plus petit d'une dizaine centimètres de centimètres environ. Le sommet de son crâne arrivait tout juste au niveau des yeux irisés du jeune prince. Edouard s'étonna de cette constatation et secoua sa tête pour concentrer son attention sur les émeraudes bleues du garçon.

- Sì, acquieça Adrien avec un sourire en coin, Vamos. Porque ? Prefieres quedarte aquí ?

    Edouard écarquilla les yeux. De quoi ? Il n'avait pas compris un moindre mot dans tout ce que venait de déblatérer son partenaire. Devant la mine abasourdie du plus grand, le noiraud éclata de rire.

- C'est de l'espagnol, expliqua-t-il après s'être calmé, ça veut dire « allons-y ! ».

- De l'espagnol ?

    Edouard n'avait que très peu entendu parler de cette langue. Elle était parlée dans quelques contrées éloignées du sud, réputées très chaudes, mais également assez pauvres. Il fixa avec étonnement son camarade. Comment se faisait-il qu'un simple garçon d'écurie connaisse cette langue ?

- Comment connais-tu cette langue ? Demanda-t-il.

- Ma mère viens d'un pays hispanique alors je la parle depuis que je suis tout petit. C'est un peu ma langue maternelle...

    Edouard hocha la tête d'un air entendu. Sa mère venait d'un pays hispanique ? Cela expliquait les expressions bizarres que ce garçon avait employées jusqu'ici.

- Je comprends mieux... murmura-t-il. C'est une étrangère donc ?

    A ces mots Adrien baissa la tête. Son sourire disparu de ces lèvres quelques instants.

- Oui et non, fini-t-il par prononcer, Un seigneur étranger l'avait engagée à son service au cours d'un de ses voyages, puis s'est débarrassé d'elle quelques années après. Elle n'avait pas les moyens de retourner chez elle, donc elle est restée. Un déplacement forcée en quelques sortes.

    Le prince se pinça les lèvres. Ses sourcils se froncèrent d'agacement. Il ne comprenais pas ce genre d'individus. Pourquoi avaient-ils besoin d'arracher des personnes à leurs familles pour venir les abandonner dans un pays qu'ils ne connaissaient pas ? C'était... C'était tout simplement minable. Minable et égoïste.

Un prince presque charmantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant