Chapitre 48 : Une sacrée bonne surprise

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Il faisait doux. Légèrement frais également. Dans l'air flottait comme un léger parfum de foin, une odeur de terre et de paille, le tout entrelacé dans un alliage délicieux d'humidité matinale. Édouard gardait les yeux fermés. Une brise désinvolte caressait sa joue, emportant avec elle les senteurs du printemps, arômes particuliers venus bercer les songes d'un prince endormi. Ils l'entrainaient avec eux, le faisant glisser le long de leurs nuances amères, valser aux milieux de fétides flagrances et tournoyer dans un cocktail de plaisirs étranges. Le jeune homme frissonna. Le souffle était devenu chaud, mouillé. Il suintait la boue et l'avoine. Il remuait également. Ce souffle. Rebelle et capricieux. Des effluves barbares gigotaient tout contre ses hanches. Froncement de sourcils. Grognement. Lapement de langue. De langue ?

Édouard ouvrit brusquement les yeux.

Un cochon.

Énorme.

Au groin sale.

Au regard humide.

Un ignoble cochon.

Le noble personnage laissa échapper un cri d'horreur. Le porc d'étala à toute jambes. Puis tout devint subitement sombre.

















Un silence terrible régnait dans la pièce. Un silence lourd, gorgé de reproches et de mépris. Un silence que seul le tic-tac incessant d'une horloge s'avisait de bafouer. Assis à chaque extrémités de la table, les quatre hommes se faisaient face. Aucun d'eux n'osait prononcer un mot. Le dos droit, le visage fermé et la barbe encore plus hérissée que la veille, Célestin fusillait du regard son frère cadet. Ce dernier, les mains nouées autour d'un gobelet de terre, ne le lâchait pas des yeux. Sa tignasse blonde venait souiller un front constellé de ridules. De l'autre côté de la table, assit face au prince, le troisième des frères mâchonnait nonchalamment un morceau de pain sec tout en faisant osciller ses pupilles curieuses d'un personnage à l'autre. Une étincelle légèrement amusée constellait le coin de ses lèvres. Un temps. Énième hululement d'oiseau. Édouard baissa les yeux sur sa tasse. Il se sentait incroyablement mal-à-l'aise. 

-        Purée Cel c'est bon ! s'agaça finalement le premier des trois frères en tapant du poing sur la table. Arrête de me fixer comme ça ! Je te jure que je croyais que c'était un voleur ton lascar ! Tu te doutes bien que j'ai pas fait exprès de le tabasser bon sang !

Édouard aurait pu fondre sur sa chaise et disparaitre sous le bois rassurant de la table. Pinçant ses lèvres, il contracta la mâchoire. Sa tête le faisait encore atrocement souffrir, l'homme n'avait nullement besoin de réveiller les plaies. Le prince raffermit l'emprise de ses mains autour de son gobelet. De son côté, Célestin ne semblait pas vouloir lâcher l'affaire. Sourcils toujours froncés, grimace affreuse rongeant ses traits, il jeta un regard terrible à l'encontre de son vis-à-vis.

-        Et ça t'arrive des fois de réfléchir avec autre chose que tes poings ? cracha-t-il sur un ton méprisant.

Son frère lâcha un soupir agacé. Il secoua la tête, chassant du même fait les paroles irritantes du benjamin. Le troisième homme finissait d'engloutir son pain.

-        Raah tu m'emmerdes toi ! s'emporta le premier en tapant cette fois-ci du poing sur sa cuisse. Et depuis quand est-ce que tu fais dormir des amis dans la grange d'abord ?! C'est une nouvelle mode c'est ça ?!

Célestin plissa ses yeux coulants tout en se penchant sur la table d'un air menaçant. Ses lèvres épaisses s'ourlèrent étrangement sous les poils blonds de sa barbe.

-        Parce que tu voulais que je le fasse dormir dans ton lit peut-être ? répliqua-t-il de cette voix cynique qui lui allait si bien.

Édouard se senti brusquement rougir tandis que l'homme levait les yeux au ciel, exaspéré. Célestin retomba sur sa chaise, satisfait de son effet, mais pas pour autant débridé. Le silence se refit dans la pièce. Le troisième frère venait de finir son quignon.

Un prince presque charmantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant