Chapitre 5 [CORRIGÉ]

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La jeune femme se jeta sur son lit, les épaules raides. La deuxième soirée avait été longue et fatigante. Travailler dans un bar c'était sympathique, mais quand il fallait y aller épuisée dès le début, c'était tout de suite moins drôle. La journée s'était bien déroulée, mais une migraine l'avait à nouveau prise en traître quelques heures avant le service et l'avait, encore une fois, vidée.

Elle avait besoin d'une douche, ou plutôt d'un bain, et regretta amèrement l'absence de baignoire. Elle aurait aimé pouvoir se plonger une éternité dans un bain relaxant, quitte à s'endormir dedans. Après, elle irait sur son balcon, elle avait une envie irrépressible de se prélasser un peu sous la lune pour passer une bonne nuit de sommeil.

Elle se leva péniblement, son lit se faisant un malin plaisir à lui saper le peu de force qu'il lui restait, et se prépara à se laver. Une fois sous le jet d'eau chaude, ses épaules se détendirent sensiblement, mais bientôt un nouveau mal de tête la prit par surprise. Il était plus violent que le dernier, l'obligeant à s'accroupir dans la cabine, serrant son crâne avec ses deux mains. Elle avait le sentiment qu'elle ne s'en sortirait pas cette fois-ci, son cerveau étant littéralement en train d'exploser. Des larmes de souffrance se mêlèrent à l'eau. Il lui sembla qu'une éternité s'était écoulée avant que la douleur s'évanouisse de nouveau comme si rien n'était arrivé. Il la laissa pantelante, lui donnant l'impression qu'elle venait de courir un marathon avec un zombie à ses trousses.

Pendant ce temps, plusieurs personnes éveillées dans la ville et alentours sursautèrent, sentant quelque chose d'étrange.

La nouvelle serveuse se redressa, voyant trente-six chandelles, saisit sa serviette qu'elle enroula tant bien que mal sur son torse, et passa une petite culotte. Manquant d'air, elle stoppa sa tentative de mise en pyjama, allant dans son salon pour ouvrir sa porte-fenêtre. C'était comme si elle devenait soudainement claustrophobe : elle ne pouvait plus respirer et sa vision était déformée. Elle avait l'impression que sa chambre avait rétréci, se refermant sur elle et emprisonnant sa cage thoracique. Une fois dehors, elle se dit que sa tenue était un peu légère, mais haussa les épaules, à cette heure-là personne ne se trouverait atteint de pulsion voyeuriste ! Elle s'assit avec précaution, mais, à peine son postérieur toucha-t-il le sol, que la douleur reprit, fulgurante, et Astoria s'écroula, inconsciente.

Le chat de la veille arriva en trombe sur l'étroit balcon. Il sembla se concentrer comme s'il parlait par télépathie, puis se métamorphosa lentement en un jeune homme nu. Il s'enveloppa de la première chose qui lui tomba sous la main, se révélant être un plaid très confortable, bien que désespérément rose pâle jeté sur un fauteuil de manière nonchalante. Vêtu, il souleva Tori tel un poids plume et l'allongea sur son lit, faisant attention à ne pas lui faire mal. Elle avait l'air déjà assez mal en point, il valait mieux ne pas en rajouter une couche.

Il attendit nerveusement quelques instants, puis son visage s'éclaircit un peu lorsqu'il aperçut un écureuil roux entrer par la fenêtre, pour se transformer en une petite jeune femme tout aussi dénudée que lui au début.

Elle intima au garçon de rentrer après avoir reposé la couverture à sa place, puis se tourna vers la Française qui était toujours étendue et lui enfila un débardeur qu'elle présumait servir de haut de pyjama. Elle alla pendre la serviette dans la salle de bain et vint veiller sur sa « patiente ». Quand elle vit enfin ses muscles se détendre et sa respiration se calmer, effaçant toute trace de rides, elle supposa que la douleur s'était finalement dissipée et qu'à présent elle dormait, complètement assommée. Elle se retourna, faisant voler ses cheveux roux, et reprit sa forme animale avant de s'en aller à pas de loup. Quelqu'un d'autre allait assurer sa surveillance, de l'extérieur.

Elle allait devoir faire un rapport à son supérieur, cette histoire la troublait, elle avait clairement senti quelque chose d'étrange qui avait disparu aussitôt après que Tori se fut assoupie. Elle rejoignit rapidement l'ombre rassurante des arbres et arrivant devant une grande bâtisse majestueuse. Se glissant dans ce qui semblait être des vestiaires, elle redevint humaine et enfila des vêtements. Elle ouvrit un battant qui donnait sur un couloir et après plusieurs minutes de marche elle toqua à une porte en bois, puis entra.

Le Sceau (tome 1 et 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant