Le Sceau (tome 1 et 2)

Chapitre 51

Il se stoppa net, la respiration en suspens, et se retourna, le cœur battant à plus de mille kilomètres heure. Il avait l'impression qu'il allait exploser. Il devait se calmer, il n'arriverait à rien.

Il s'éloigna un peu, la tigresse émettait une telle aura d'énervement qu'il sentait qu'elle empiétait sur son humeur. La voir dans un tel état le rendait déjà extrêmement mal à l'aise. Le pire était qu'elle l'endurait pour lui.
Il prit sur lui pour se détendre, il inspira longuement. Il se transforma à nouveau en humain, il était nu devant la tigresse mais peu lui importait à cet instant. Il émit autant de vagues d'apaisement qu'il put, et demanda à la jeune femme de reprendre sa forme originelle.

Elle profita de cette accalmie de son organisme pour faire ce qui lui était demandé. Une nouvelle fois, elle regretta de ne pas avoir des vêtements intégrés à sa peau. Elle reprit ses habits de la journée pour les enfiler et envoya au blond son haut de pyjama qui était un T-shirt XL gris pour homme. Il était beaucoup trop confortable, le pyjama parfait. Sur elle, il était presque une robe, pour lui il était juste un peu long. Son apparence lui allait tout de suite mieux, elle n'était pas particulièrement nudiste de nature.

L'aor yfir revint vers elle, son corps recommença à se tendre, malgré les ondes bienfaisantes qui l'entouraient. Ses narines frémirent, elle ressemblait à un animal à l'affût de sa proie. Son supérieur combla rapidement sa distance qui les séparait, sa tension étant pas loin d'atteindre son paroxysme. Si son visage ne laissait presque rien paraître, son cou lui était plus qu'éloquent. Toutes les veines étaient gonflées à bloc, les muscles étaient bandés, et ses épaules, raides.

Tori fit un pas en arrière, ses crocs perçaient ses gencives et chatouillaient ses lèvres. L'aor yfir la retint, il avait pris sa décision, elle n'avait qu'à l'accepter. Il n'était pas un lâche et surtout il ne la laisserait jamais dans cet état même si ça lui demandait beaucoup d'efforts. Il remarqua son regard vissé sur son cou, une sueur froide glissa dans son dos. La démence semblait tapie au fond des prunelles de la jeune femme qui lui faisait face. Il ferma les yeux une seconde pour se vider l'esprit, profitant de son dernier instant de solitude.

Levant la main, il écarta les mèches de cheveux de Tori qui tombaient sur son visage. Elles lui donnaient un air de malade psychologique, détestable. Son geste était doux, détournant le regard de la française sur son bras. Avec un sourire, il lui proposa son poignet. Il vit la bouche de la newbie se déformer légèrement. Elle le regarda un instant, il y vit un dégoût pour elle-même, de la reconnaissance, du désir, de la folie, de la tristesse. Dans une autre situation ce regard aurait pu passer pour celui d'une droguée.

En tremblant, elle accrocha ce poignet si désirable. Elle se détestait de désirer autant du sang, mais l'appel était trop fort. Son débat intérieur ne dura pas, ses dents fondirent sur les chairs qui lui étaient offertes. Ses canines s'enfoncèrent dedans avec une facilité déconcertante, heureusement qu'elles n'avaient pas leur taille complète sinon elle n'aurait pas donné cher de la main du lion.

Le sang coula des entailles, maintenues ouvertes, directement sur sa langue. Le souvenir du crâne qu'elle avait défoncé pendant le raid resurgit. La sensation était la même, sauf que cette fois elle l'avait recherchée. Elle pleura amèrement, sans pour autant lâcher Zion. Ce dernier d'ailleurs essuya ses larmes, il ressentait sa peine comme si elle était sienne. Les perles salées continuaient pourtant de rouler sous ses doigts, inlassablement.

Après plusieurs gorgées, elle sentit sa folie régresser, jusqu'à disparaître complètement. Ses canines se rétractèrent d'elles-mêmes, et ses mâchoires se desserrèrent. Un étrange sentiment l'envahissait. Elle avait l'impression d'être repue, comme si elle avait bien mangé, mais en même temps d'être affamée. Ses yeux étaient encore rouges, mais secs, seul indice de sa crise de larmes auparavant.