Ils arrivèrent dans le bureau sans avoir échangé un mot, mais l'air autour d'eux était chargé de tension et de puissance. Les quelques membres de la meute qui sont passés à leurs côtés avaient tous courbé plus ou moins légèrement le dos. C'était une sorte de combat silencieux où chacun montrait qu'il était fermement campé sur ses décisions et qu'il n'était pas près de revenir dessus. Tori était sûre qu'elle faisait ce qui était juste quand son Aor Yfir considérait qu'il faisait ce qu'il y avait de mieux pour les siens. Choisir un bon équilibre entre cœur et raison était loin d'être facile, et plus il y avait de responsabilités derrière soi, plus les choix étaient difficiles.
Cette fois-ci la jeune femme avait décidé de garder son calme et épargner son supérieur de ses sarcasmes parce que c'était plus qu'une discussion importante... elle y jouait un peu le cours de sa vie, mais elle ne voulait absolument pas paraître faible et laissait son totem déployer toute la puissance qu'il voulait. Reece s'en donnait à cœur joie, et s'amusait à effleurer psychologiquement le lion sans s'attarder à chaque fois pour le frustrer un peu. Elle ronronnait de plaisir à se laisser aller et sa fierté n'avait plus de limite.
— Qu'est-ce que tu fabriques en ce moment ?! Comment tu peux voler un patient dans un hôpital ?
On y était enfin, il avait laissé le masque d'impassibilité pour dire ce qui le taraudait. Dit comme ça c'était vrai que son action paraissait complètement inconsidérée. Elle n'eut pas le temps de répondre que l'Aor Yfir continua.
— Tu les enchaînes c'est ça ? Tu récupères et laisses en totale liberté un enfant qui vient d'une meute dangereuse, tu voles une fille dans le coma dans l'hôpital du coin et tu ne t'arrêtes pas là, non c'est pas assez ! Tu la soignes je ne sais pas comment grâce à la nature et n'importe qui aurait pu te voir... quand on t'a parlé de l'équilibre entre humain et monde surnaturel, tu as écouté ou pas ?! Tu te crois tout permis parce que tu vas bientôt partir ? Plus de responsabilités ?
Il déballa son sac pendant une bonne dizaine de minutes, son interlocutrice écoutait tout, attendait qu'il ait fini en mettant ses nerfs à rude épreuve et surprit des bruits de pas s'arrêter devant la porte du bureau. Le lion ne s'en était pas rendu compte, trop énervé, mais Spencer était arrivée là dans le but de tout écouter. Astoria fit bien attention à ne pas montrer à celle-ci qu'elle l'avait repérée, elle évita tout contact mental avec elle et se concentra sur Reece qui commençait à sérieusement perdre son calme devant tant de reproches. Un tigre était fait pour vivre seul, la Française avait de la chance d'avoir un tigre relativement sociable. Enfin Reece était plutôt attentionnée envers elle, et n'ayant pas pu l'aider quand elle en avait besoin, elle faisait tout pour que son amie aille bien maintenant, mais l'autre félin lui tapait sacrément sur le système.
Quand elle comprit que s'il continuait sur cette pente elle allait pouvoir dire au revoir à ses bonnes résolutions, elle le stoppa mentalement. Une petite pression sur son lion, pas agressive, mais préventive, suffit à le faire taire un peu.
— Je suis désolée... j'ai tout fait en pleine conscience de cause et j'ai été prudente.
Sa voix était posée, peut-être trop, elle choisit ses mots avec soin.
— Je n'ai jamais été élevée pour vivre en meute, cachée des autres et j'ai pu faire des erreurs en ce qui concerne la meute et j'en suis désolée. Tu dois savoir pourtant que tout ce que tu me reproches, je le referais s'il le faut. Je ne peux pas laisser des gens mourir quand je sais que je peux les aider. J'ai une confiance totale en Raco, il ne souhaite que nous aider.
— Comment tu peux le savoir ?? Mentir c'est facile.
— Je peux rentrer dans la tête des autres membres de la meute tu te rappelles ? Je me suis un peu entraînée et je m'améliore.
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Le Sceau (tome 1 et 2)
ParanormalAstoria, une française de 21 ans, débarque dans une petite ville dans l'Ohio pour continuer ses études. Seulement voilà, quelques jours plus tard elle est prise de maux de tête qui vont changer sa vie. Rapidement l'idée qu'elle avait de ce qu'était...