Chapitre 57

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Le grand immeuble se dressait, fier, devant eux. Étrangement, il était possible de savoir à quel étage habitaient les deux vieilles, la décoration extérieure étant plus originale qu'aux autres niveaux. Il se trouvait au beau milieu de la ville, récent et en bon état. Les deux dames étaient déjà en train d'ouvrir la porte quand Zion fixait toujours d'un air dubitatif le bâtiment. Sa lèvre inférieure était légèrement retroussée, et ses yeux plissés.

Astoria le tira par la main, refusant de faire attendre leurs hôtes qui le dévisageaient avec une curiosité évidente.

"Tu sors en ville de temps en temps ? On dirait qu'elles ne te voient jamais..." se moqua la française.

"J'évite d'y aller" ronchonna le blond.

L'image des groupies de la fac revint en force dans l'esprit de la demoiselle. Un sourire sadique naquit sur ses lèvres et elle lui donna un coup d'épaule.

"Aurais-tu, par le plus grand des hasards, une envie quelconque d'éviter les gens ?"

Même en parlant dans sa tête, sa voix avait pris un ton malicieux.

"Je vois pas de quoi tu parles..."

Sa mauvaise foi était évidente, Tori avait fait exprès de mettre en avant dans son esprit la scène au bar où le lion fuyait le trio comme la peste.

Leur conversation s'arrêta court quand la porte de l'appartement fut ouverte. Ça ne ressemblait à rien d'ordinaire, ça dépassait l'imagination. Rien n'allait ensemble, même dans l'entrée. Un porte-manteau jaune canari, garni de deux chapeaux mous, jurait avec un tapis bleu ciel, recouvrant un carrelage rouge. Les invités en eurent mal aux yeux, l'ensemble était le combo gagnant pour le premier prix du pire intérieur.

"Tu crois que ça va être partout comme ça ?"

La jeune femme ne savait pas trop si elle devait rire ou pleurer. Le tout était trop bizarre pour avoir une réaction normale devant.

N'ayant pas de réponse, elle tourna la tête vers lui. Le lion était tendu, tendu pour ne pas rire et ne pas être impoli. Elle pouvait voir sa veine du cou ressortir montrant l'effort qu'il faisait pour se contenir, et ses pommettes avaient rosi.

- Venez vous installer dans le salon, proposa Elizabeth-Apolline.

Ils entrèrent dans un nouveau monde. Autant l'entrée était à vomir, autant cette pièce était agréable. Elle était lumineuse, les murs bleu pastel étaient propres et entretenus, bien que couverts de photos. Ces dernières étaient en grande partie des clichés des animaux domestiques des colocataires, arrachant un sourire à tout le monde.

Un immense tapis immaculé, aux poils tout doux, recouvrait le sol, et un canapé en toile trônait au milieu de la salle. Ils prirent place dessus, avec Kévina, pendant que son amie rapportait une boîte contenant une montagne de cookies. Elle avait déjà déposé sur la table en verre les boissons, quand le couple observait avec ébahissement l'antre des légendes de la ville.

- Servez-vous les enfants !

Pour la première fois, la vieille femme rondelette sonnait comme une grand-mère. Elle avait l'air moins folle que quand Tori l'avait vue avec son javelais (javelot-balais) la première fois, plus normale que quand elle l'avait croisée à l'hôpital et moins surexcitée que quand elle l'avait vue en train de parler avec Kévina un peu plus tôt.

Il y avait des cookies de toutes les sortes, certains étaient bruns, au chocolat, d'autres étaient doré avec des pépites de chocolat, tandis que d'autres étaient au beurre de cacahuète, à la noix de coco, et bien d'autres saveurs.

Le Sceau (tome 1 et 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant