Chapitre 62

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Elle ouvrit la porte en faisant le moins de bruit possible. Elle ne tenait pas à faire une irruption brusque au beau milieu de l'entrevue, l'humeur de l'aor yfir n'étant pas au beau fixe. La sienne n'était pas beaucoup mieux, elle était massacrante.

Elle coula un regard dans la pièce qui lui était encore inconnue. En fait c'était un couloir blanc, au sol anthracite, qui faisait penser à un hôpital. Il y avait une rangée de portes alignées de chaque côté, toutes espacées de plus ou moins trois mètres. Elle avait l'impression de rentrer dans un autre monde, il n'y avait plus le bruit ambiant de l'extérieur qui bourdonnait dans ses oreilles. En fait, il régnait un silence de mort, pour la première fois de sa vie, Tori trouva le silence oppressant.

Presque toutes les portes étaient entrouvertes, deux étaient fermées. Elle supposa qu'il y en avait une pour chacun des prisonniers. Elle y alla au petit bonheur la chance, et abaissa la poignée de la première. Elle s'ouvrit sans un son, sur un jeune homme brun assis sur une chaise, menotté, face aux trois hommes de la meute qui lui posaient des questions. Elle avait eu de la chance, ou alors c'était simplement que les garçons avaient opté pour la simplicité, c'était à dire commencer par la première porte.

Elle fit un signe de tête à tout le monde qui la regardait et s'adressa personnellement à l'aor yfir.

"Je vais parler à l'autre !"

Elle ne lui laissait pas le choix, elle irait, un point c'est tout. Il fronça les sourcils, ce qui devenait une habitude aujourd'hui, et lui donna la deuxième paire de menottes qui étaient avec lui. En sortant, elle vit le subalterne lupin de Griffin la suivre. Une fois hors de la salle d'interrogatoire, il lui sourit :

- L'aor yfir m'a demandé de te...vous accompagner parce qu'on ne va jamais seul dans ces salles. J'ai la clé !

- Tu peux me tutoyer tu sais, c'est pas parce que je suis ton husfreya et que tu as l'air d'avoir à peine vingt ans que tu dois me vouvoyer !

Si elle avait été agacée que le jeune homme l'ait suivie, elle comprenait la logique de la chose et ne lui en voulait pas.

- Allez, c'est parti !

Le loup déverrouilla la porte, l'entrouvrit pour laisser passer sa supérieure et enfin se faufila à l'intérieur. Il prit grand soin de rester debout devant la porte, la clé dans la serrure au cas où.

L'husfreya se trouva à nouveau face à l'adolescent blond de tout à l'heure. Elle s'accroupit en face de lui, il était assis sur une sorte de couchette au fond de son étroite cellule.

Elle ne peut s'empêcher de penser à ce qu'il avait fait plus tôt, mais il était si doux avec les lionceaux. Elle était persuadée qu'il ne leur voulait pas personnellement de mal. Il se semblait pas vindicatif non plus, mais apeuré. Il était un beau contraste par rapport au brun d'à côté. Lui était beaucoup plus réactif, il ne semblait en faire qu'à sa tête. Il était plus âgé aussi que le blond, il avait eu plus de temps pour se faire retourner le cerveau.

Quand elle lui adressa la parole, il sursauta. Elle se demandait bien pourquoi, elle n'avait pas élevé la voix. Elle lui avait gentiment demandé son prénom. Ses yeux étaient devenus fous, et il serrait ses jambes de ses bras, comme pour se protéger. Elle sentait qu'il était terrorisé. Elle posa les menottes dans son dos, les coinçant à la ceinture de son pantalon, qu'il ne les voit pas.

- Je m'appelle Astoria, je viens de France, je ne savais même pas que les meutes existaient avant il y a quelques mois. Je suis en retard pas vrai ?

Elle réussit à lui tirer une sorte de grimace qu'elle apparenta à un sourire. C'était un bon début, il ne se balançait d'avant en arrière en crise de panique.

Le Sceau (tome 1 et 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant