Le Sceau (tome 1 et 2)

Chapitre 27

Elle raccompagna le jeune homme dehors, il était assez tendu. En réalité, il n'aimait pas cette salle qui n'avait pas assez de fenêtres pour lui qui aimait le grand air. Et puis, dès que l'Aor Yfir était dedans, l'ambiance devenait beaucoup plus pesante.

Il respira un grand coup quand il retrouva l'air libre, et fit une accolade à son amie avant de repartir vers sa voiture en lui souhaitant un bon week-end. Tori était énervée par le ton qu'avait pris le lion, l'obliger à dormir ici le lundi soir et imposer sa volonté à Brad. Même si elle avait quitté la pièce en ignorant superbement l'Aor Yfir qui voulait lui parler elle comptait bien retourner le voir et lui dire ses quatre vérités. Elle avait entendu le mot gentil à la fin, il faisait des efforts, mais son attitude restait irritante. A croire que toutes ses bonnes résolutions s'évanouissaient à chaque fois qu'elle le voyait.

En vérité le fait de rester dormir l'arrangerait parce qu'elle pourrait mettre son plan à exécution une nouvelle fois, en espérant que celle-ci serait la bonne, et mettre en place la blague de Taylor. En plus ça lui évitait de devoir trouver une raison bancale pour rester.

Pendant ce temps l'Aor Yfir serrait et desserrait compulsivement ses poings. Il était autant énervé contre lui-même que contre la Française. Elle le poussait si souvent dans ses limites, il devait toujours s'imposer, ne pouvant pas la laisser lui marcher sur les pieds, que ses mots dépassaient parfois sa pensée et il n'avait pas voulu être si intransigeant plus tôt. Mais il avait demandé gentiment s'il pouvait lui parler parce qu'il voulait s'excuser et elle l'avait ignoré comme le dernier des gueux. Il faisait visiblement tous les efforts du monde pour ne pas exploser et quand il la vit rentrer comme une furie quelques minutes plus tard, il savait que la nouvelle discussion n'allait pas encore être une partie de plaisir et que ses efforts ne seraient pas suffisants pour se contenir. Elle fronçait les sourcils, durcissant ses yeux vairons. Ils étaient atypiques, mais pourtant lui donnaient un air doux en général, sauf cet après-midi. Elle se planta au milieu de la pièce, les bras croisés pour se donner plus de contenance :

— Je suis pas ton chien, tu peux arrêter de me donner des ordres comme ça et tu imposes encore moins ta volonté sur Brad, il ne fait pas partie de la meute.

L'Aor Yfir hésitait à dire qu'il était désolé maintenant, ne voulant pas paraître soumis à la jeune femme. Et puis il trouvait ça mignon qu'elle défende son ami. Finalement il se contenta de dire d'une voix plus ou moins maîtrisée :

— Tu me laisses jamais le choix.

— Le choix de quoi ? Depuis le début tu n'es pas poli, je sais pas ce que t'as contre moi ! Peut-être que si tu te décidais à être sympa j'écouterai mieux...

Elle s'avançait vers lui, l'air furibonde. Elle tapait à présent de son index sur la poitrine musclée du lion :

— Je suis pas la seule fautive dans l'histoire, martela-t-elle.

— Je... commença l'Aor Yfir, mais Tori le coupa dans son élan, s'énervant de plus en plus en parlant.

— Quoi ? Hein ? Monsieur va me menacer en me demandant d'enlever mon doigt de là et que je ferai mieux de faire attention à ce que je dis ? Pourquoi es-tu si énervé au juste ? Parce que je suis partie avec un garçon ? Monsieur serait jaloux ? Hein ?

— Désolé...

Ce simple mot coupa la chique à Astoria, elle ravala les mots qui allaient continuer de sortir jusqu'à ce que son cœur se sente mieux.

« Tu crois ce qu'il dit toi ? Je ferai mieux de lui brûler un peu le derrière moi » persifla la voix masculine.

« Au moins il s'excuse lui de temps en temps ! » Répondit Groot.