Le Sceau (tome 1 et 2)

Chapitre 24

Son passager ayant demandé à aller à Walmart, Tori dut conduire vingt minutes pour y arriver alors qu'elle aurait pu aller au supermarché le plus proche. Merci votre majesté ! Elle grommela un chapelet d'injures françaises, toutes plus belles les unes que les autres, à l'intention de ce capricieux blondinet. Ce dernier ne comprenait rien, mais se doutait bien que ce n'étaient pas des compliments et se demanda s'il devait faire des recherches sur cette langue qui lui semblait si belle... jusqu'à ce que sa voisine l'utilise sur ce ton.

Le centre commercial fit enfin son apparition signifiant pour la conductrice qu'elle n'aurait bientôt plus son insupportable passager avec elle dans un endroit confiné pendant un moment. Il lui donnait des frissons à cause de sa proximité tellement son aura était forte, il transpirait la puissance par tous les pores de sa peau.

Au moment d'ouvrir sa porte, elle s'immobilisa. Elle prit conscience qu'elle n'était pas du tout en tenue pour faire des courses, même pour une fichue brosse à dents ! Une jambe du pantalon de survêtement était retombée, le nœud au niveau de la taille s'étant desserré le pantalon lui tombait sur le haut des fesses, le T-shirt se dénouait et elle n'avait pas de sous-vêtements. Son immobilité agaça l'Aor Yfir :

— Bon alors c'est pour aujourd'hui ou pour demain ?

— Je sors pas comme ça ! s'offusqua la jeune femme.

— T'as trente secondes pour mettre ton soutif et on est à Walmart alors le reste ira... y a pas de gens distingués ici.

Elle le regarda avec des yeux ronds, il avait pas vraiment dit ça !

— Vingt-cinq secondes !

Elle se dépêcha de mettre son soutien-gorge qui était avec ses vêtements à l'arrière et s'éjecta de la voiture avant que l'Aor Yfir vienne ouvrir sa portière. Sa main la démangeait, elle avait vraiment envie de faire un aller et retour rapide sur les joues du lion. Mais sa dégaine valait le coup d'œil à côté d'un homme qui ressemblait plus à un dieu qu'autre chose avec sa chemise blanche légèrement ouverte en haut, et son jean choisi avec soin dans un magasin sûrement cher. La constatation la renfrogna encore plus et elle se promit de lui faire payer l'affront un de ces jours.

Toutes les filles le reluquaient avec envie, ce qui amusait son accompagnatrice parce qu'il se fichait royalement d'elles. Si elles savaient combien c'était mieux de ne pas le fréquenter... Le rayon des brosses à dents, son sauveur, fut enfin en vue, elle accéléra le pas pour en finir au plus vite. Elle en repéra une direct sur l'étage enfant, elle était à poils mous, mais le mieux était que le manche était en plastique un peu mou de la forme de bourriquet dans Winnie l'ourson. Elle ne put s'empêcher de sourire, suite à une illumination : l'âne disait toujours « oh zut » en perdant sa queue et elle avait envie de dire Zut ! dès que l'Aor Yfir pointait son nez... zut commençait par un Z, voilà un surnom parfait pour celui qui l'énervait autant. Une idée machiavélique se forma dans sa petite tête fourbe, elle prit l'objet et rejoignit Zut ! qui semblait avoir trouvé sa brosse à dents.

Sur le chemin de la caisse l'Aor Yfir passa tout à coup un bras autour de la taille d'Astoria et l'entraîna dans un rayon au pif. Il lui avait fait perdre sa place dans la file, ils allaient devoir refaire la queue. Elle tenta de se dégager, mais il la tenait fermement en racontant n'importe quoi :

— Tiens tu m'avais pas dit que tu voulais de la crème solaire ? Avec ton teint tu dois faire attention chérie.

Elle arrêta tout mouvement au mot « chérie », d'où il l'appelait comme ça ? Elle se retourna vers lui, prête à lui crier dessus, quand il posa un doigt sur sa bouche avant de jeter un coup d'œil dans l'allée principale. Il se permettait de la toucher comme il voulait, sans gêne aucune, pourtant il avait l'air tendu.