Chapitre 15

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Noémie conseilla à sa fille d'appeler une de ses connaissances de la meute pour prévenir qu'elle venait dans la forêt avec un métamorphe invité. En effet toute présence d'un étranger dans le sacro-saint d'une meute sans invitation préalable était une infraction et une sorte de provocation. La jeune Française avait un peu du mal à saisir comment la meute pouvait savoir qui entrait sur leur territoire alors qu'il était vaste mais elle faisait entièrement confiance à sa mère. Il valait mieux éviter les quiproquos. Astoria décida d'appeler Spencer, vu qu'elle avait un grade assez important, mais quand elle arriva au nom de cette dernière dans sa liste de contacts elle remarqua un nom qu'elle n'avait jamais écrit. Enfin il ne laissait aucun doute quant au propriétaire du numéro ! Elle appela donc celui-ci, prénommé « super Aor yfir ». C'était assez enfantin comme nom mais elle ne put s'empêcher de sourire bêtement.

— Huuum ? fit la voix basse et légèrement ensommeillée de l'homme.

— Oh je réveille, se moqua-t-elle. Alors super Aor yfir je préviens juste que maman et moi on va aller dans la forêt faire deux trois trucs... il paraît que je devais le dire... donc voilà, c'est fait ! Bonne nuiiit !

Et elle raccrocha sans autre cérémonie, il était presque une heure du matin maintenant parce qu'elles avaient fait pas mal de choses. Monsieur dormait, elle n'allait pas le déranger plus longtemps. Et puis il fallait avouer qu'elle espérait que ça l'agacerait un peu, même si elle avait fait exprès de parler doucement pour ne pas lui casser les oreilles. Avec un petit air satisfait d'enfant de trois ans, elle changea le nom de contact en « péteux » et laissa son téléphone dans sa chambre avant de partir, elle n'allait pas en avoir besoin.

Pendant ce temps le dormeur grommela dans sa barbe, absente, dans un semi-sommeil. Avant d'avoir le temps de s'en rendre compte il avait déjà replongé, rêvant d'une fille insupportable qui, bizarrement, avait un petit accent sexy quand elle parlait.

Le trajet fut rapide et les deux femmes trouvèrent un coin parfait pour se changer, à la fois à l'abri des regards et pas trop enfoncé dans les bois. Il n'y avait pas un bruit aux alentours, à part celui de la vie de la forêt. Même les voitures au loin ne troublaient pas le calme du lieu. Noémie demanda à sa fille de s'asseoir sur la mousse, de profiter de la lumière de la lune qui perçait un peu la couverture de feuilles que formaient les arbres touffus.

— Détends-toi et entre en contact de ton animal. Il, enfin elle a besoin de courir, se promener régulièrement. Mais plus tu es puissante, plus tu peux la contrôler. Ne laisse jamais la bête prendre un total contrôle de toi sinon tu vas te perdre dans l'animal et au final tu ne sauras plus qui est qui. Mais tu dois lui faire confiance et établir une relation avec elle, vous êtes des colocataires. Elle te sauvera la vie certainement plusieurs fois. Tu la sens ?

Sa fille hocha vigoureusement de la tête.

— C'est bien, essaye de voir à travers ses yeux. Tu restes assise et tu t'obliges à ne changer que les yeux, tu affûte ta vue ainsi bien plus que d'habitude même si tes yeux humains sont meilleurs que les vrais yeux humains.

La jeune femme se concentra, elle avait l'impression que sa tigresse était sous sa peau, prête à sortir à la moindre volonté de sa propriétaire. Elle la sentait vive, agile, et surtout impétueuse, excitée à l'idée de ressortir. Pourtant, elle ne savait pas comment s'y prendre pour voir à travers ses yeux sans se transformer. Déjà elle sentait son nez s'aplatir et ses griffes pousser contre sa volonté. Reece, tempérant ses ardeurs, lui murmura des conseils, lui expliqua comment et ce qu'elle voyait. Finalement Tori réussit son exercice, ses yeux avaient légèrement changé de forme, s'allongeant un petit peu, mais restaient de la même couleur. Ça lui avait pris un temps fou, mais elle était très fière de sa réussite.

Le Sceau (tome 1 et 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant