Chapitre 10 (CORRIGÉ)

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Après une petite minute de silence, Amy reprit la parole, tentant de trouver les bons mots pour ne pas froisser Astoria. C'était normal qu'elle soit au bout du rouleau, sa vie changeait radicalement et rapidement.

— Tu sais, il ne t'a pas tout dit... c'est un peu long à expliquer, mais c'est vrai que ta position est délicate.

— En quoi elle est délicate ? Je ne suis pas venue pour vous causer des problèmes, je fais mes études !

Amy soupira, c'était normal qu'elle ne comprenne pas, elle ne connaissait pas l'ensemble du tableau.

— Il y a des métamorphes qui donnent naissance à des enfants incapables de se transformer, mais qui ont toutes les autres spécificités de notre espèce, reprit-elle. On les appelle les Andyrs, ça vient du Old Norse et se traduit littéralement par « sans animal ». Beaucoup d'entre eux rejoignent les Veiors, traqueurs si tu préfères. Ce sont des personnes entraînées au combat et à la diplomatie, ils ont de bonnes relations avec les meutes et ils sont chargés de protéger l'équilibre fragile entre les humains et les autres. Les humains ne doivent pas être au courant de notre existence, seuls les hauts dirigeants des pays le savent et nous avons en quelque sorte conclu un pacte avec eux. En tout cas en Amérique et Asie. J'ai entendu qu'en Europe, c'était pas ça. Si les humains savaient que nous existons, je te garantis que le monde ne serait pas aussi calme que maintenant. La plupart des guerres naissent de l'envie de puissance, pour les humains, nous sommes l'image même de la puissance. Ils auraient peur et seraient jaloux.

Tori ouvrit la bouche pour l'interrompre, mais elle la referma. Elle n'était pas sûre de vouloir savoir à quel point la situation en Europe était mauvaise, du moins, pas maintenant. Sa famille n'avait pas de souci, c'était tout ce qui comptait.

— Lorsqu'ils trouvent un métamorphe solitaire qui trouble l'ordre, ils l'enlèvent et voient ensuite ce qu'ils peuvent en faire. Au moindre faux pas, tu peux te faire emmener, et nous, on ne pourra rien pour toi si tu ne nous as pas rejoints. Tu ne peux pas rester seule, même si tu ne fais pas ta vie ici... c'est pour ta sécurité autant que pour la nôtre et celle des humains, reprit l'écureuil lové dans les jambes en position bretzel de son amie.

Le raisonnement amena la Française réfléchir. C'était beaucoup à digérer.

— Ça veut dire que mes parents sont des métamorphes aussi ?

— Au moins un des deux... probablement ta mère, sinon je doute qu'elle aurait survécu à l'accouchement. Les bébés métamorphes demandent beaucoup plus d'énergie que la normale.

— Et mes sœurs sont comme moi aussi du coup ! Ça éclaircirait un de mes rêves, enfin les premiers...

Elle raconta en détail ses visions qui s'avéraient être en réalité des souvenirs. Elle s'en rendait compte maintenant, mais ce qui était bizarre c'était leur point de vue. Elle était une spectatrice fantôme, comme si elle regardait la vie de quelqu'un d'autre.

— Il y a quelque chose qui cloche là-dedans, ajouta l'animal. Pourquoi ta sœur n'a pas eu le même traitement que toi ? Elle est peut-être une andyr... sincèrement, je pense que tu devrais parler à ta mère. Tu en as une deuxième non ? Tu ne te souviens de rien à son propos ?

— Je n'ai pas envie qu'elle vienne ici... elle a suffisamment de soucis avec Amélie et puis... je ne sais pas.

— Oui, mais tu dois lui parler de la meute, tu dois comprendre pourquoi tu as été scellée !

Elle ne répondit pas, elle ignorait quoi dire, car son amie avait raison, et elle en avait bien conscience. Elle ne voulait pas faire partie d'une meute, elle ne voulait pas dépendre des autres, elle voulait être normale. Elle avait toujours désiré être normale, se fondre dans la masse et vivre tranquillement. Elle n'avait jamais eu de petit ami parce qu'elle aimait son indépendance et qu'elle ne voyait pas d'intérêt à rester collée à quelqu'un toute la journée, alors elle n'allait pas se coller une meute ! Au lieu d'une personne derrière elle, elle en aurait des dizaines qui sauraient tout ce qu'elle faisait. Il n'en était pas question. Et puis, de ce qu'elle en avait vu, elle n'appréciait pas tellement l'Aor yfir. Il n'y avait pas plus arrogant que lui. Encore un de ces autosuffisants qui se croyait meilleur que tout le monde. À cette pensée, elle sentit Reece approuver vivement ! Elle allait bien s'entendre avec sa bête !

Le Sceau (tome 1 et 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant