Chapitre 46

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Tori resta un moment immobile devant l'engin, donnant de l'avance au lion. Elle n'en revenait pas, à tel point que ses vans noires refusaient de faire un pas de plus. Ça allait bien être la première fois qu'elle allait monter dans un hélicoptère ! Elle se demandait où s'arrêtait les ressources d'une meute. Enfin si on ne comptait pas les ressources chimiques vu qu'à priori ils allaient devoir trouver un moyen de se fournir les produits nécessaires à la fabrication du fameux vaccin pour métamorphes.

Elle ne se remit en mouvement qu'au son de la voix de l'aor yfir qui la pressait de le rejoindre. Il était déjà à moitié dans l'appareil, un pied dans le vide et l'autre sur le rebord de l'entrée. Les pales se mirent doucement à bouger, le moteur émettant un bruit assourdissant. Le vent qu'elles produisaient devenait de plus en plus puissant et la française se dépêcha de prendre place dans leur carrosse volant. Ses cheveux étaient complètement emmêlés à cause de l'air propulsé par l'engin.

Elle serra bien entre ses bras le précieux cadeau qui lui avait été fait plus tôt. Elle ne voulait pas qu'il soit abîmé d'une quelconque manière par sa faute. Ils prirent de la hauteur rapidement, et Astoria comprit vite pourquoi dans tous les films avec des hélicoptères les gens portaient des casques. Ça ne faisait pas plus de dix minutes qu'elle était assise et déjà sa tête était sur le point d'exploser.

- Les hélicos et l'isolation c'est pas trop ça, couina-t-elle.

Son ouïe, bien plus développée que celle des humains, était bien maltraitée. En réalité, même si elle savait gérer ses sens aiguisés, il était difficile de supporter un bruit aussi infernal longtemps. Elle ignorait le surplus d'informations en général mais ça ne voulait pas dire qu'elle ne les percevait pas. Là, elle ne pouvait plus filtrer correctement.

D'un geste très détaché, l'aor yfir lui tendit un casque antibruit. Il avait les yeux fermés, la tête appuyée sur l'arrière de son siège. Il semblait tout à fait à l'aise. Un casque protégeait déjà ses oreilles, il paraissait être coupé du monde. Elle ne sentait aucune émotion négative transpercer sa coque de protection habituelle.

En réalité, Zion adorait voler, ça procurait une sensation sans pareil. Le vol n'était jamais constant, l'altitude variait toujours un peu et tourner avec un hélicoptère ou avec un avion ne procurait pas la même sensation. Il profitait de l'instant présent, bientôt il allait retrouver ses obligations en tant qu'aor yfir dans sa meute, reprendre ses responsabilités. Partir en raid lui avait fait un peu oublier le poids qui pesait constamment sur ses épaules lorsqu'il était chez lui. Il était évident qu'il était parti pour sauver sa meute, que sa vie tournait autour d'elle, mais c'était différent de son train-train habituel. Il trouvait cela relaxant que de laisser un instant ses charges de chef, de déléguer. Maintenant il devait rentrer, il se délectait de ses dernières minutes quelque peu déconnectées de la meute.

La française, quant à elle, sentait l'anxiété monter peu à peu. Elle avait une folle envie de se plonger dans son nouvel ouvrage mais en même temps elle craignait le moment où ils allaient se poser. Elle savait qu'elle allait devoir annoncer à Raco qu'elle n'avait pas pu ramener sa mère. Elle n'avait aucune idée de ce qu'elle pourrait lui dire, elle ne voulait pas qu'il croit qu'ils n'avaient rien fait pour l'aider. Tout ce que Tori espérait c'était qu'il ne le prenne pas trop mal. Seulement elle savait que l'entendre pleurer la nuit allait lui déchirer encore plus qu'avant son pauvre cœur.

Elle se sentait un peu responsable même si au fond elle ne l'était pas du tout. Le sentiment de culpabilité était un sentiment retors qui parfois menait à des dépressions qui en réalité n'avaient aucune raison d'être. Elle aurait pu en faire plus, elle aurait dû plus parler avec le lion, ces pensées tournaient dans sa tête. Vicieuses, elles refusaient de la laisser en paix, elles commençaient sérieusement à lui torturer l'esprit quand une voix retentit dans sa tête :

Le Sceau (tome 1 et 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant