Lili n'avait pas daigné en dire plus et malgré ma curiosité j'avais fini par arrêter de la questionner. J'avais mal partout mais j'avais besoin de bouger. Liam n'arrêtait pas d'apparaître dans mes pensées malgré moi et cela me rendait folle. Je suis donc sortie prendre l'air. Lili devait finir un devoir d'anglais alors elle n'a pas pu me suivre et elle a refusé mon aide avec un sourire. Je l'appréciais beaucoup. Je lui étais redevable. Je lui faisais confiance et je savais que je pouvais compter sur elle.
Mes parents m'avaient abandonnée alors j'avais cette mauvaise ou bonne habitude de m'accrocher aux gens en ayant peur qu'ils m'abandonnent à leur tour. Je devais sûrement m'en vouloir de penser ainsi à mes parents mais je ne pouvais m'en empêcher. J'avais eu une dizaine d'années pour ruminer et j'étais passée par de nombreuses émotions à leurs sujets mais l'impression d'être abandonnée et trahie avait fini par l'emporter. Je ne les connaissais pas. Ils n'étaient que des inconnus à mes yeux. D'ailleurs je n'avais pas eu le temps de m'ennuyer avec ma nouvelle vie cependant Edgar me manquait. Je m'étais accrochée à lui tout comme je m'étais accrochée à Lili or en ce qui concernait Edgar, cela durait depuis mes quatre ans. Il m'avait promis de m'appeler une fois par semaines et je ne doutais qu'il tiendrait parole mais je ne pouvais m'empêcher d'être impatiente et stressée.
M'étais-je aussi accrochée à Liam ? Je m'y connaissais très peu question interactions sociales. Enfin, je savais comment devait se comporter une princesse mais pas comment le devait un adolescent. Je n'étais pas une grande actrice, une bonne menteuse et j'avais du mal à comprendre les autres. Lili m'était d'une grande aide pour m'intégrer. Liam était cependant le plus grand mystère pour moi.
J'arpentais les couloirs perdue dans mes pensées. J'avais fini par réussir à oublier Liam. Certains élèves étaient assis dans l'herbe et discutaient ou faisaient leurs devoirs. Je fus même invitée à rejoindre quelques groupes mais j'avais poliment refusé leurs offres. J'avais besoin d'être seule. J'étais habituée au silence qui avait le don à la fois de m'angoisser et de me calmer. Et j'en avais manqué ces derniers temps. Arpenter des couloirs vides me rassura donc et me renvoya à quelque chose de familier.
Mon regard fut soudain attiré par une porte entrouverte. Pas exactement par la porte elle-même mais par ce qu'il se trouvait dans la pièce sur laquelle elle donnait. Je me suis approchée et j'ai fini d'ouvrir la porte qui grinça. J'entrais dans la pièce et refermais la porte derrière moi. La pièce était épurée et de petite taille. La seule chose qui s'y trouvait était un somptueux piano. Un piano à queue noir qui brillait de mille feux. Je m'assis en face subjuguée. Je restais à admirer l'instrument quelques instants avant de me mettre à en jouer. Mes doigts effleuraient avec légèreté les touches. D'abord avec lenteur puis avec plus en plus de fougue.
J'avais eu droit à des cours de piano ainsi que de violoncelle et de saxophone depuis mes trois ans. La musique me passionnait et était pour moi bien plus qu'une autre matière à étudier. Elle arrivait à combler le silence quand je ne le supportais plus. Quand je ne pouvais pas parler, elle s'exprimait à ma place.
Je me rendis compte que des larmes coulaient sur mon visage alors que je jouais. Je les laissais tomber lourdement au sol comme avant. Les princesses n'avaient pas le droit de lever la voix ou de pleurer. Mais personne ne me réprimandait quand je pleurais en jouant. Ils disaient que c'était beau de voir quelqu'un de si passionné jouer. Mes larmes avaient donc pris l'habitude de m'accompagner. J'étais toujours plus légère après chaque morceaux.
Edgar m'accompagnait de temps en temps quand il me sentait fortement tourmentée. Lors de mes anniversaires ou durant les fêtes. Nous jouions des morceaux à quatre mains puis quand nous étions trop fatigués, nous restions assis des heures dans le silence à regarder les touches. Nous jouions dans nos têtes et quand finalement un sourire finissait par se frayer un chemin sur mon visage, Edgar se levait et retournait à ses occupations.
Je me mis à jouer plus silencieusement. En effleurant à peine les touches. Petit à petit le piano se tut et je restais à tenir compagnie au silence. Je finis par ressortir de la pièce une fois mes joues séchées et je repris le chemin vers ma chambre mais je fus interceptée avant de l'atteindre.
« Abrielle ?»
Un garçon légèrement plus âgé que moi m'avait barrée la route un petit sourire sur les lèvres.
« C'est bien moi. A qui ai-je l'honneur ?»
Le brun rit doucement.
« Je m'appelle Tom. La directrice m'a demandé de te trouver. On te cherche au téléphone. »
Mon visage s'illumina. Edgar sentait quand je pensais à lui, même loin de moi. Je suivis Tom avec empressement et dus me faire violence pour attendre devant la porte que la directrice vienne nous ouvrir. La jeune femme ouvrit la porte de bonne humeur. Elle me sourit avant de se tourner vers Tom :
« Merci Tom tu peux y aller maintenant. »
Ce dernier hocha la tête avant de nous laisser. Cindy se tourna vers moi et me fit signe d'entrer. Je la suivais gaiement. Cindy reprit le téléphone et je l'entendis m'annoncer à la personne qui était à l'autre bout du fil avant de me tendre le combiné avec grâce.
« Edgar ?»
Ma voix tremblait légèrement.
« Mademoiselle Abrielle... »
Celle de mon majordome était tout aussi calme que d'habitude même si je pouvais sentir qu'elle avait quelque chose de plus chaleureux que d'accoutumée.
« Oui... »
Cindy nous laissa et je m'assis sur le canapé.
« Comment allez-vous mademoiselle ? me demanda Edgar.
-Très bien. Ma nouvelle vie n'a rien à voir avec l'ancienne mais elle n'est pas pour me déplaire.
-J'en suis fort aise. N'oubliez pas que vos parents exigent de vous des notes excellentes sinon vous serrez obligée de revenir...
-Je le sais bien... Ne vous en faites pas pour cela. Je ne vous décevrai pas.
-Je le sais. La directrice m'a dit que vous n'aviez pas eu de mal pour vous intégrer.
-Il est vrai que j'ai été aidée par ma camarade de chambre.
-Vous vous êtes donc fait des amis ?
-Oui. Elle s'appelle Lili. Nous avons des goûts similaires. Et il y a aussi Jules et Mat. Ils sont gentils. Je me sens vraiment bien en leur compagnie. Il y a aussi un certain Liam mais j'ignore pourquoi je vous en parle nous ne sommes pas qualifiables d'amis.
-Un garçon ?
-Oui.
-Je vois...
-Oh non ce n'est pas ce que vous croyez.
-Abrielle faites attention à vous...
-Oui...
-Je dois vous laisser. Je vous appellerai tous les mercredi soir si cela vous convient.
-Parfaitement.
-Passez une bonne soirée.
-Vous aussi...
-Au revoir... »
La conversation finie, je restais avec le combiné collé contre mon oreille à écouter le silence comme je le savais que Edgar faisait aussi. Notre conversation avait été trop courte à mon goût mais Edgar était quelqu'un d'occupé je ne pouvais pas lui en vouloir...
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Princesse cachée
Romance"Nous sommes arrivés à votre nouvel établissement, votre Altesse. -Je peux y aller maintenant? -Abrielle n'oubliez pas que vous êtes ici sous couverture. Personne ne doit découvrir qui vous êtes ou sinon... -Sinon Gaspard risquerait de me retrouver...