Jules choisit un mur qui d'après lui n'était pas trop compliqué puis il m'expliqua, bien que le professeur l'avait déjà fait, comment il fallait faire le nœuds de huit. Je ne savais pas pourquoi il prit cette peine. J'avais parfaitement compris la première fois. Je laissais donc libre court à mes pensées pendant qu'il m'expliquait et quand il leva la tête vers moi je me contentais de sourire. Je fus surprise par la vitesse à laquelle j'avais réussi à faire mon nœuds. Dès le premier essaie il était bon. Jules me sourit et il resta à me regarder droit dans les yeux quelques instants. Je lui souris à mon tour par réflexe. Il devint soudain plus rouge et détourna les yeux. Il désigna le mur du menton.
« Tu veux grimper la première ?»
Je regardais le mur à mon tour hésitante.
« Eh bien... Soit. »
Jules se rapprocha d'un pas sentant mon trouble.
« Ne t'inquiète pas. Tu peux me faire confiance. Si jamais tu glisses, tu ne tomberas pas. »
Je me forçais à lui sourire. Je le croyais cependant je n'arrivais pas à ignorer la petite voix dans un coin de ma tête qui me chuchotait que la corde allait casser. Jules lit ce qu'il se cachait derrière mon sourire sans peine.
« J'ai une idée. »
Il se mit en position aux pieds du mur et tira légèrement sur la corde ce qui me fit avancer malgré moi.
« Grimpe que quelques centimètres. »
Je le regardais perdue. Voyant que je ne bougeais pas, Jules me sourit et demanda :
« Tu me fais confiance ?»
La confiance... On m'avait appris de ne l'accorder à personne. La confiance était quelque chose de tellement facile à briser or si tu la perdais une fois c'était pour de bon. Mais malgré la théorie sur la confiance que l'on m'avait enseigné je n'avais pas eu l'occasion de vivre cette théorie. Je n'avais fait réellement confiance qu'à une seule personne dans toute ma vie...
Je me figeais. C'était faux je le savais. J'avais fait confiance à deux autres personnes. Ils avaient trahi leur parole des centaines de fois ce qui m'avait valu de pleurer des nuits durant. Je n'apprenais cependant visiblement pas de ces trahisons car je les écoutais toujours.
Je secouais la tête. C'était différent. Je les écoutais pour mon bien. Parce que quoi qu'il arrivait, ils m'aimaient et me cachaient pour mon bien. C'était donc différent. J'étais en quelques sortes obligée de leur faire confiance, de les écouter. Mais je n'étais au contraire pas obligée de faire confiance aux personnes présentes dans ce lycée. J'avais le choix. Ce choix était merveilleux et effrayant à la fois.
J'avais choisi de faire confiance à Lili et jusqu'à présent je ne l'avais pas regretté. Certes cela ne durait que depuis quelques jours mais ces quelques jours avaient été beaucoup plus remplis et intenses que toutes mes années passées.
Le visage de Liam apparut devant mes yeux. Je lui avais accordé ma confiance aussi ? Sa réputation me poussait à ne pas le faire cependant... J'avais mis cela de côté et j'avais choisi de faire confiance à la personne assise à côté de moi en allemand, à celle qui me donnait des cours particuliers et non à celui qui m'avait refusée dans le club en tant que faible ou celui qui était horriblement grossier.
J'avais l'impression que nous nous étions accordé notre confiance en même temps. La veille quand nous étions dans les bras l'un de l'autre... Je rougis de façon inexpliquée et eus quelques frissons en me remémorant la scène. Je devais avouer que j'avais passé la majeur partie de la nuit à y repenser sans savoir pourquoi. Son visage si proche du mien, ses bras autour de ma taille, ce qu'il m'a dit, la manière dont il l'a dit...
« Abi ?»
Je sursautais en entendant mon surnom. Jules s'était approché de moi. Il fronçait les sourcils inquiet.
« Qui y a-t-il ?
-Ça va ? Tu ne me répondais pas...
-Je te pris de me pardonner... J'ignore ce que j'ai ces derniers temps mais je suis souvent perdue dans mes pensées... »
Jules me sourit et recula de nouveau me regardant avec un sourire moqueur.
« C'est pas pour autant que tu vas échapper à l'escalade. »
Je lui souris. Allais-je accorder ma confiance à Jules ? J'en avais très envie... La façon dont il me souriait... Il avait l'air gentil. Une bonne personne.
Je m'approchais du mur et attrapais les prises les plus proches de moi. Je poussais ensuite sur ma jambe droite pour prendre de la hauteur. Je sentais en quelques secondes la corde se tendre et étrangement me tenir ne me fatiguait pas le moins du monde.
Je regardais Jules avec un regard interrogateur.
« Maintenant lâche prise. »
Je fronçais les sourcils.
« Fais-moi confiance. »
Ma raison était partagée. La gravité avait pour rôle de me tirer vers le bas et j'allais tomber si jamais je lâchais prise. Or je sentais la corde me maintenir et je savais comment cela marchait. De plus je voyais Jules tenir la corde fermement et je savais qu'il n'allait pas lâcher. Je lui faisais confiance...
Je soufflais doucement et lâchais les prises.
« C'est bien. Maintenant rapproche tes genoux de ton ventre. »
Je faisais ce que Jules me disait de faire. Je faisais monter mes jambes sur le mur. C'était drôle de pendre comme cela. Je ris malgré moi. J'avais l'air d'une idiote à être amusée par si peu mais cela fit rire Jules aussi alors je me sentais moins ridicule.
Je poussais sur mes jambes et me propulsais loin du mur avant de revenir. Je fis ça plusieurs fois avant d'être interrompue par la voix de Jules venant de plus bas. Il me regardait amusé. Un regard plein de douceur mais aussi de patience.
« Tu comptes aller plus haut ?»
Je me reconcentrais sur les prises et me mis en mouvement. Ce n'était pas si compliqué que cela après tout. Je progressais vite sans pour autant fournir un effort surhumain.
Arrivée tout en haut du mur j'eus un petit cri de victoire avant de regarder en bas. Mauvaise idée. Mon moment d'euphorie passée, je me tendais d'un coup et mes mains se crispèrent sur les prises. Je n'arrivais pas à détacher mes yeux du tapis et mon imagination commença à me jouer des tours. J'avais l'impression d'être à cent mètre de hauteur et je tremblais de plus en plus.
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Princesse cachée
Romance"Nous sommes arrivés à votre nouvel établissement, votre Altesse. -Je peux y aller maintenant? -Abrielle n'oubliez pas que vous êtes ici sous couverture. Personne ne doit découvrir qui vous êtes ou sinon... -Sinon Gaspard risquerait de me retrouver...