Chapitre 51

6.4K 459 48
                                    

J'avais oublié de mettre mon téléphone en silencieux alors il me réveilla en plein milieu de la nuit. Je m'étais contentée de le retourner pour pas qu'il fasse de lumière mais peu après je reçus un deuxième message puis un troisième. Je finis par me redresser pour regarder qui m'écrivait. Heureusement ça n'avait pas réveillé Lili qui ronflait doucement.

Il me fallut quelques minutes pour que je puisse regarder mon écran qui était trop lumineux. Une fois habituée à l'intensité lumineuse je vis que c'étaient trois messages de numéros inconnus différents. Dont un qui m'avait déjà envoyé un message. C'était un des amis de Jules qui disait :

Inconnu : Tu dois être dans les bras de ton troisième gars de la soirée à l'heure qu'il est.

Très drôle... Je me faisais du mal je le savais mais je lus les deux autres messages.

Inconnu : C'est vrai que tu le fais pour moins de dix euros ?

Inconnu : Tu n'as pas honte ? Tu devrais te suicider !

Mon cœur se serra. Des fausses rumeurs et des encouragements au suicide. Comment est-ce que quelqu'un pouvait être si cruel ? Jamais je ne demanderais la mort de quelqu'un. Même pas celle de Gaspard. Je veux qu'il se fasse attraper certes mais pas qu'il meurt.

Je sentais les larmes monter mais je les refoulais avec succès avant d'éteindre mon téléphone. Je me roulais en boule sur mon lit et fermais les yeux mais le sommeil ne vint pas. Je restais allongée dans le silence une bonne heure durant avant d'abandonner. Je m'assis sur mon lit et admirais l'obscurité quelques minutes.

Étant petite j'avais eu peur du noir. Comme tous les enfants j'imaginais. Mais dans le noir je n'avais pas peur que des fantômes, des ogres ou des gobelins m'attaquent et m'emmènent. J'avais peur que si j'éteignais la lumière, Gaspard allait me tuer. Dans mes cauchemars je voyais souvent un homme en costume noir avec un sourire diabolique et un couteau brillant à la main.

Les années avaient passé et je m'étais mise à avoir peur du noir pour autre chose. J'avais peur de ne jamais en sortir. Que si je restais cachée dedans trop longtemps la lumière n'allait jamais revenir.

À présent je n'avais plus peur. Le noir me réconfortait même. Il m'englobait avec douceur et me protégeait des regards indiscrets. À présent j'avais peur de ne pas vouloir ressortir du noir. J'avais peur de ne plus en avoir peur.

Je me levais de mon lit et enfilais des chaussures et un pull pour aller me promener. J'avais cependant oublié qu'on était samedi soir et ma chance fit que juste en bas de mon bâtiment était assis un groupe d'amis qui buvaient et discutaient. Je fus déçue de ne pas trouver en bas en plus de la brise agréable un silence qui appartenait à la nuit seule. Au lieu de cela j'eus droit à des rires étouffés à mon passage. Je me dépêchais donc d'aller loin d'eux.

Où est ce que je pouvais bien aller ? Je ne pouvais pas retourner à ma chambre. Je ne voulais pas passer de nouveau devant le groupe d'amis et je n'étais pas fatiguée de toute façon. J'avais même oublié mon téléphone là-bas alors je n'avais pas de lampe torche et je devais baisser le regard afin d'éviter de trébucher.

Mes pas me guidèrent vers la salle épurée où j'avais joué du piano. C'était exactement de cela que j'avais besoin à ce moment précis. La musique était beaucoup plus puissante que tout ce que j'avais connu jusque-là. Elle me permettait de me libérer de mes émotions et était même plus fructueuse que la lecture.

Je tirais la poignée excitée. Quand je sentis de la résistance, mon cœur se serra. La salle au piano était de nouveau fermée. Je posais mon front contre la porte déçue. J'avais vraiment besoin de me vider la tête mais encore une fois mon instrument m'était refusé. Cela me fit à la limite plus de mal que les messages. J'étais privée de mon moyen d'expression. Je ne savais pas comment faire sortir mes sentiments.

Princesse cachéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant