Chapitre 39

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Les minutes passaient sans que j'aille mieux. Mon corps me disait qu'il était calme et bien mais je devais me rendre à l'évidence. Je n'allais pas bien. Noah s'était arrêté de boire voyant mon état.

« Noah... J'ai rien mangé depuis ce matin. »

Des gars commençaient à tourner autour de moi alors Noah m'emmena à l'écart inquiet et me força à m'asseoir. Il partit presque en courant et revins quelques minutes après avec des biscuits et une immense bouteille d'eau.

« Mange. »

Je fis ce qu'il me dit mais mon estomac était en vrac. Il ne devait pas apprécier l'alcool. Je sentais que si jamais je mangeais j'allais vomir. Je posais donc les gâteaux.

« Ça va ?»

Je secouais la tête négativement.

« Tu veux un câlin ? me demanda Noah.
-Oui... »

J'avais fait très peu de câlins dans ma vie. Étant petite il m'arrivait souvent de rêver que je serrais mes parents dans mes bras. Je me réveillais toujours en pleurs. Mais je n'avais jamais eu autant envie de prendre quelqu'un dans mes bras qu'à ce moment précis. J'avais peur. Était-ce le prix à payer pour être une lycéenne normale ? Dans ce cas je n'en voulais pas.

Noah ne se fit pas prier. Je m'étais levée entre temps ne tenant pas en place. Noah m'attira vers lui et me prit dans ses bras. Ce fut le plus long câlin de toute ma vie mais aussi le plus agréable. Peut-être que l'alcool y était pour quelque chose.

Noah serrait mes épaules à la fois avec douceur et force. Quant à moi, j'entourais sa taille de mes bras comme si je m'accrochais à une bouée. Je ne voulais pas le lâcher et son étreinte non plus ne diminua pas.

J'ignorais combien de temps je suis restée dans ses bras. Et d'un coup j'ai craqué. Ma tête me disait que je devais rester forte, que j'étais pitoyable et que je devais me ressaisir. Mais mon corps s'en fichait. Il était bien dans les bras de Noah et il voulait y rester. Tout ce que je sentais était la douceur d'une personne qui n'était pas mes parents et j'étais surmontée par la déception et la joie.

Noah remarqua que je pleurais. Il s'éloigna légèrement en me gardant dans ses bras et monta une de ses mains à mon visage tout en me regardant droit dans les yeux. Il était à la fois amusé et inquiet. Surtout inquiet.

« Pourquoi tu pleures ? me demanda-t-il.
-Je ne sais pas. Je suis tellement désolée... Je détruis ta soirée...
-Mais non. C'est la partie la plus drôle.
-Non... Je suis pitoyable...
-Mais non, patate. Tout va bien. Crois-moi.
-Merci Noah. Tu es adorable avec moi. Tu es trop gentil...
-C'est toi qui est trop gentille.
-Non c'est toi...
-Abi arrête. Tu es la personne la plus gentille que je connaisse. Tu devrais être plus méchante parfois. Les gens vont t'utiliser.
-Je ne suis pas trop gentille... Je donne une chance aux inconnus... »

Noah continuait de parler mais j'entendais rien. Je pleurais toutes les larmes que j'avais retenu. Je n'entendais plus rien autour de moi. Même ma vision s'obscurcit. C'était comme si je n'étais plus bonne qu'à pleurer. J'ignorais ce que je disais ou si Noah m'écoutait ni combien de temps j'ai pleuré. Soudain j'allais juste mieux. Je m'étais débarrassée de ce poids et je retrouvais mes sens.

Je ne me souvenais plus comment c'est arrivé mais j'étais allongée par terre la tête sur la cuisse de Noah. Ce dernier me caressait les cheveux et me disait de temps en temps :

« Ça va ? Tu me dirais si tu ne vas pas bien ?»

Je lui répondais par des grognements ou des petits mouvement de tête. Je n'avais pas la force de parler. Il devait être très tard. La seule chose qui me tenait éveillée était l'alcool. C'était très étrange. Je sentais que j'étais épuisée. Je n'avais qu'une envie : dormir. Mes yeux se fermaient tous seuls, je n'arrivais plus à bouger. C'était comme si je dormais et pourtant j'entendais tout ce qu'il se passait autour de moi et j'écoutais. Mais je m'en fichais. C'était comme si je n'étais plus là. J'étais un fantôme. Mon corps ne réagissait plus mais ce n'était pas désagréable. J'avais pas peur. J'étais bien.

Soudain Noah me souleva et m'aida à marcher jusqu'à ma chambre. Lili dormait profondément et il ne voulait pas la réveiller. Noah me dit d'aller me coucher. Je me couchais sur mon lit et il me borda. Soudain je me redressais mais Noah était plus fort que ce que je pensais. D'une main il me retint sur le matelas.

« Tu vas où ? me demanda-t-il méfiant.
-Je reviens. »

Il finit par me lâcher. Je m'enfermais dans les toilettes pour mettre mon pyjamas.

Je m'étais du temps alors j'entendis Noah demander :

« Tout va bien ? Tu ne vas pas vomir ?
-Tout va bien. »

Je me pris la porte en sortant ce qui fit rire Noah.

« Tu es sûre que tu n'as pas besoin de vomir ?
-Oui.
-Si jamais tu as envie ne serait-ce qu'un tout petit peu alors dis le moi d'accord ?
-D'accord. »

Je retournais sous la couverture ne demandant qu'une chose : dormir. Je regardais l'heure sur mon téléphone. 5h13. J'enfouissais ma tête dans mon coussin. J'allais pas beaucoup écouter en cours. Il fallait que je ralentisse les sorties avec Noah.

Ce dernier décida de passer la nuit à mes côtés. Il se mit en caleçon et s'allongea par terre à côté de mon lit.

« Tu ne vas pas dormir par terre... dis-je.
-J'aime bien. C'est confortable. »

Je me levais en secouant la tête.

« Ah non. »

Lili avait un matelas dans son placard. Je le sortis et l'étalais à côté de mon lit. Je m'allongeais ensuite dessus.

« Moi je dors ici. C'est mon matelas. »

Noah se leva et voulu me ramener sur le lit mais cette fois j'eus le dernier mot et il monta sur mon lit.

« Tu es une patate têtue Abi.
-Je sais. »

Noah s'allongea dans le même sens que moi. J'étais légèrement plus basse que lui mais le matelas était complètement collé au lit et Noah était allongé au bord donc nous étions très proches.

Je m'enroulais dans la couverture et me mis en position fœtale.

« Bonne nuit, Abi.
-Bonne nuit, Noah. »

Je me rendis compte que Noah avait laissé pendre son bras quand je touchais sa main sans faire exprès avec mon coude.

Je ne retirais pas mon bras et Noah ne retira pas sa main. Je la sentis même bouger légèrement. Soudain j'avais envie de le prendre par la main. J'avais besoin de sentir sa chaleur. Tout se fit lentement et avec tendresse. Je bougeais doucement mon bras et au départ je posais juste mes doigts sur la paume de Noah. Ce dernier ne bougea pas mais c'était comme s'il attendait plus.

J'attendais un peu puis je collais ma paume contre sa paume. En réponse Noah rapprocha nos mains de moi pour que ce soit plus confortable. Ensuite je commençais à bouger mes doigts. D'un coup Noah enlaça nos doigts. Je souris et je m'endormis comme cela. Main dans la main avec mon meilleur ami.

Princesse cachéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant