Chapitre 80

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Nous continuâmes à nous cacher en nous baignant sur la plage quelques jours encore. Nous nous asseyions sur le sable chaud pour regarder le soleil se coucher et passions des heures à parler une fois plongés dans l'obscurité. En grande partie de stratégie mais aussi de ma famille. Je me rendis compte que je ne pouvais plus douter de lui. Je lui faisais entièrement confiance. Je lui faisais confiance parce qu'il savait tout sur moi et qu'il avait promis de m'aider, parce qu'il m'avait avoué ses plus grands secrets. Et je devais avouer que l'argent que j'avais à lui offrir aidait à me mettre à l'aise.

Je me sentais à l'aise avec Alexy aussi. Sa présence me permettait de ne pas sombrer dans mes pensées sombres et le savoir près de moi me permettait de m'endormir même si je savais que j'allais me réveiller en hurlant en plein milieu de la nuit. J'aurais dû être effrayée et me méfier de lui mais entendre toutes les horreurs qu'il avait commises même si justifiées me rassurait. Je savais que s'il m'arrivait quelque chose il allait se transformer en arme et me sauver. J'avais beau avoir confiance en mes capacités, j'avais vu dans quel état de peur et de paralysie m'avait propulsée, Gaspard. Je ne pouvais malheureusement plus faire confiance à mon corps et je devais prier pour que cela n'arrive plus jamais. Pour cela je m'imaginais la scène encore et encore avant de m'endormir mais je n'étais pas sûre que cela aidait.

Un matin Alexy m'avait tirée en ville. J'avais beaucoup apprécié notre petite balade. Il avait fait un temps très agréable et les palmiers avaient donné une ambiance de vacances qui m'avait détendue. Pendant un instant j'avais l'impression d'être une lycéenne normale partie profiter de la plage avec un ami quelconque. Nous nous étions arrêtés devant une boutique qui vendait des instruments de musique. J'avais vu un piano sublime qui m'avait envoûtée et je n'arrivais plus à en détacher les yeux.

Alexy m'avait encouragée à jouer. J'avais rapidement accepté. Jouer me faisait du bien. Je transmettais mes émotions à mes doigts qui les traduisaient en musique. Qui aurait cru que la douleur et l'amour formaient un duo si mélodieux ?

J'aurais pu jouer des heures et je l'ai peut-être même fait. Alexy ne me lâchait pas des yeux. Je m'englobais de mes notes et oubliais le monde autour mais finis par revenir à la réalité pour mon plus grand mécontentement.

****

Le jour J finit par arriver. À présent Edgar devait avoir prévenu mes parents que quelque chose clochait. Il était temps que j'entre en contact avec lui et que je lui dise enfin ce qu'il s'était passé. À dire vrai je n'avais pas vraiment réfléchi à ce que j'allais dire ni ce que j'allais faire suite à cela. Je voulais des réponses voilà tout.

Alexy était allé acheter un vieux téléphone sur le marché et j'avais composé le numéro que l'on m'avait dit d'appeler en cas de problème la main tremblante. Une fois le numéro composé, je levais vers Alexy un regard perdu. Il hocha la tête sèchement pour m'encourager et j'appuyais sur le bouton avant de porter le téléphone à mon oreille le cœur battant douloureusement vite.

J'entendais sonner à l'autre bout du fil. Je fermais les yeux priant pour que personne ne décroche. Les secondes passaient et je commençais à m'inquiéter. Peut-être que personne ne s'inquiétait pour moi. Qu'allais-je faire dans ce cas ?

« Allô ?»

La voix d'Edgar me fit ouvrir les yeux d'un coup. Je m'étais figée de stupeur et ma voix s'était bloquée dans ma gorge.

« Allô ? répéta Edgar.
-Edgar ? demandais-je la voix tremblante.
-Abrielle ? Est-ce bien vous ? demanda mon majordome inquiet. »

Je me raclais la gorge.

« C'est bien moi...
-Votre altesse ! Que s'est-il passé ? Pourquoi m'appelez-vous ? C'est dangereux. »

Je soufflais déçue. Edgar était-il en train de me réprimander parce que je l'appelais ?

Princesse cachéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant