Chapitre 89

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Nous trouvâmes une voiture sans chauffeur et reprîmes notre route. Je m'endormis bien vite en me répétant les mots d'Alexy dans la tête. Mais je pensais aussi à d'autres mots. Je ne suis pas Liam. Il ne savait pas à quel point j'en souffrais. Je n'avais pas pensé une seconde que les personnes pouvaient ressentir d'autres envies sexuelles ou romantiques que l'envie d'être en couple avec quelqu'un et je me sentis bien naïve. De plus le timing pouvait paraitre étrange mais après tout Alexy avait l'habitude d'une vie aussi mouvementée. Il avait raison. Mon attention était vraiment détournée.

Je croisais le regard d'Alexy dans le rétro viseur et le détournais aussi vite que possible. Tu es si belle. Il mit de la musique pour combler le silence et je me battais pour me concentrer dessus et ne pas laisser mes pensées divaguer. Je finis par briser le silence. Nous parlâmes de notre plan pour aller voir Cindy et évidement nous nous mîmes d'accord que nous devions être discrets et rapides. Nous ne savions pas comment Cindy allait réagir à notre venue. Peut-être allait-elle appeler Gaspard.

Martin gara la voiture à quelques rues du lycée afin de ne pas nous faire repérer. Alexy, Noah et moi restions assis dans la voiture tandis que Martin se chargeait de repérer les lieux. Il alla prévenir les cobras et le plan se mit en marche. Les cobras se séparèrent en petits groupes. Chargés de surveiller le bureau de Cindy pour que personne n'entre ou ne sorte.

En attendant Noah, Alexy et moi écoutions de la musique en silence. Je ne savais que dire mais j'avais horriblement envie de parler. D'un autre côté je n'en avais pas la force. Noah regardait par la fenêtre tout aussi refermé que d'habitude. Alexy quant à lui avait déjà oublié ce qu'il venait de me révéler mais personnellement je n'arrivais pas à le regarder dans les yeux.

Martin finit par revenir nous chercher et nous rejoignîmes l'école en passant par la forêt. Il nous fallut quelques minutes pour arriver près des bureaux. Des cobras nous attendaient devant. Un signe de tête de la part d'Alexy suffit et ils ouvrirent la porte. Je n'eus pas le temps de réfléchir. Je m'engouffrais dans l'entrebâillement de la porte et Alexy me suivit de près. Les cobras fermèrent la grande porte de bois derrière nous. Cindy grommela énervée qu'elle n'avait pas dit d'entrer mais elle se tut immédiatement en me voyant. Elle retira ses lunettes et les posa avec lenteur sur son bureau. Je m'avançais décidée tandis qu'Alexy restait en arrière. Cindy me gratifia d'un sourire froid et malicieux.

« Abrielle... Que me vaut le plaisir de te voir ?»

Sa voix n'avait plus rien de chaleureuse. Ce fut comme si elle avait renoncé à cacher son vrai visage devant moi. Je souris comme pour lui remercier. Je n'avais pas vraiment la patience de faire comme si elle était innocente.

Cindy désigna la chaise devant elle.

« Mais je t'en prie installe toi. J'ai des biscuits si tu le souhaite.
-C'est gentil mais je préfère rester debout. »

Cindy haussa les épaules.

« Comme tu le souhaites. »

Cindy émit un petit rire.

« À ce que je vois tu as réussi à te mettre les cobras dans la poche. Pas mal du tout. Je dois avouer que je t'ai sous-estimée.
-C'est une erreur de débutants. Mais ne vous en faites pas. De nombreuses personnes l'ont commise avant vous. »

Cindy rit de nouveau.

« Je dois avouer que je t'aime bien, petite. »

Comme je ne répondis rien elle se racla la gorge avant de continuer.

« Bon. J'imagine que tu n'es pas venue pour reprendre les cours comme si de rien n'était.
-En effet.
-Je t'écoute. Que veux-tu ?
-Comment avez-vous su ? Vous m'avez appelée votre altesse dès le premier jour. Je dois avouer que je vous admire pour ce coup. C'était très risqué. J'aurais pu me méfier dès le début.
-J'aurais peut-être mieux fait de faire comme si de rien n'était. Mais que veux-tu ? Avec des si on refait le monde. »

J'attendais toujours quelle réponde à ma question. Cindy le comprit.

« Pour répondre à ta question, je l'ai su peu après ton inscription. Ce nom me disait quelque chose.
-Ah oui ?
-Tes parents n'ont pas non plus été très futés sur ce coup. Comment ont-ils pu te laisser ton nom de famille alors que tu étais recherchée ?»

Je ne sus que répondre. Elle marquait un point. Ils avaient dû penser que comme personne ne savait pour mon existence ils n'allaient pas se méfier.

« Quel est votre lien avec Gaspard ? continuais-je.
-Il m'a aidée quand j'en ai eu besoin.
-Et vous n'en avez plus besoin à ce que je vois. »

Cindy balaya la pièce avec un sourire satisfait.

« Tu as vu juste.
-Pourquoi ne lui avez-vous pas dit pour moi ? Vous saviez. »

Cindy émit un petit rire.

« Je savais. Mais je voulais être la seule à savoir. Ne te fais pas d'idées. Ce n'était pas pour te protéger. Je voulais simplement avoir de l'avance.
-Parce qu'il vous fait peur... »

Les yeux de Cindy s'assombrirent.

« Je n'ai pas peur de ton frère, Abrielle. Je ne veux simplement plus rien avoir à faire avec lui. »

Avant que j'ai le temps de parler Cindy se lança dans un petit récit.

« Il a été dans la cellule voisine à la mienne à l'hôpital. Je l'entendais hurler jour et nuit... Je croyais que j'allais devenir folle. Mais quelque part j'aimais l'entendre. Je me sentais moins seule dans ma détresse. Et puis ce qu'il disait me plaisait aussi. Il n'arrêtait pas de parler de vengeance. Il disait qu'il allait s'enfuir et vivre en plein jour. C'était tout ce dont je rêvais aussi. Évidemment je l'ai suivi. Il m'a promis la liberté et il avait raison ! Je lui dois tout ce que j'ai aujourd'hui. Mais j'estime que je l'ai assez aidé. Je ne veux pas retourner en cellule or il peut m'y renvoyer en révélant mon identité. J'espérais que tu prendrais le dessus... »

Mon cœur loupa un battement.

« C'était pour me protéger, Abrielle... Pour personne d'autre que pour moi.
-Pourquoi me dites-vous tout cela ?»

Le sourire de Cindy devint beaucoup plus sérieux et triste.

« Parce que je n'ai aucune raison de mentir. J'espère que cette vérité me permettra de rester à ce lycée.
-Que savez-vous d'autre ?
-Gaspard a beaucoup parlé pendant son séjour à l'hôpital. Les docteurs nous disaient de ne pas l'écouter. Qu'il ne fallait rien croire à ce qu'il disait. Qu'il était fou. Or je sentais que c'était vrai. Alors j'ai tout retenu. Toutes les paroles, tous les secrets, tous ses rêves... Tu comprendras qu'au cas où je ne peux pas tous te les dire. »

Je hochais la tête signe que je comprenais parfaitement ses précautions. Après tout pourquoi aurait-elle eu confiance en moi ?

« Mais je te dirai quelque chose. Je sais où il se cache. »

Princesse cachéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant