The Dove & The Crow [Harry Potter]

Chapitre 25 - Crise et antidote

Vendredi 11 Mars 1988 :

Le chemin qui nous reconduisit jusqu'au château me parut bien plus long et laborieux qu'à l'aller. Severus n'avait pas prononcé un mot depuis notre départ et je n'osai pas briser le silence, pourtant oppressant, qui nous entourait. Je préférais me concentrer sur l'endroit où je mettais les pieds, n'ayant pas envie de tomber et essayant tant bien que mal d'oublier la douleur qui me tenaillait les muscles. La récupération du combat s'annonçait difficile, bien plus que pour l'attaque de Pré-Au-Lard.

  Le sorcier à la longue cape noire menait la route et heureusement qu'il était là car mon esprit embrumé n'aurait pas su nous guider hors de la Forêt. Je me contentai de le suivre, les yeux rivés sur sa silhouette sombre qui se détachait à peine des lieux tout aussi obscures que sa tenue. Si Severus souffrait de ses blessures, il n'en laissait rien paraître, tâchant même de dissimuler son boitement, qui devenait de plus en plus prononcé à mesure que nous avancions. À plusieurs reprises, je voulus me proposer pour l'aider, mais je me désistais au dernier moment, sachant que la réponse allait être négative et sûrement sèche.

Quand nous arrivâmes enfin à l'orée de la Forêt, mes jambes tremblaient excessivement et mon cœur battait la chamade. À cet instant, je n'avais qu'une seule envie : retrouver mon lit et ne plus le quitter pendant au moins vingt-quatre heures. Malheureusement, mes plans semblaient plutôt compromis, car la nuit était déjà bien avancée et il ne devait rester que deux ou trois heures avant que le soleil ne se lève.

  Fatiguée, je me traînai à la suite de Severus qui ne fléchissait pas, malgré sa jambe meurtrie qui paraissait sur le point de lâcher. Nous atteignîmes l'entrée du château et j'en profitai pour grommeler, en grimaçant de douleur alors que je gravissais les quelques marches qui permettaient de pénétrer à l'intérieur de l'école :

«-Peut-être serait-il plus sage d'aller voir Pompom. Votre jambe semble plutôt mal en point.

-Pas question, rétorqua-t-il aussitôt, elle poserait des questions inutiles et ne tarderait pas à prévenir Dumbledore. Et je n'ai pas besoin d'elle pour me soigner, mes blessures sont superficielles.»

  Je voulus répliquer mais la force et la conviction me manquaient donc je me tus, sachant que je ne le ferais pas changer d'avis. Sans plus s'étendre, Severus s'engagea dans les couloirs sombres, en direction des cachots et je le suivis, bien décidée à ce que notre conversation quant aux évènements de cette nuit ne s'arrête pas là. S'il m'avait entendu lui emboîter le pas, il ne fit aucune remarque et continua son chemin, jusqu'à ses appartements.

Arrivée sur le pas de la porte, j'hésitai un long moment avant de me décider à entrer, un peu intimidée. La dernière fois où j'étais venue dans ces lieux, je m'étais fait prendre en flagrant délit d'atteinte à la vie privée. Je frissonnai en repensant à cet épisode que je préférais enfouir au plus profond de ma mémoire. M'ignorant royalement, Severus se dirigea vers ce qui semblait être son atelier de Maître des Potions et commença à s'atteler à la préparation de je-ne-savais quel breuvage. Je restai sur le pas de la porte, le regardant s'agiter autour de ses ingrédients avec dextérité. Je ne l'avais jamais vu comme ceci, concentré et minutieux, comme coupé du monde extérieur.

  À un moment, il s'arrêta, se retourna et quitta l'atelier pour se diriger dans son bureau, me passant devant sans même me lancer un regard. Il boitait terriblement et son visage livide laissait transparaître sa douleur physique. Je finis par dire, alors qu'il avait atteint sa bibliothèque et était à la recherche d'un livre :

«-Nous devrions aller voir Pompom, je suis sûre qu'elle...

-Parfois, je me demande bien comment fonctionne votre cerveau, Lynch, coupa-t-il, j'ai pourtant été clair quand je vous ai dit de ne plus m'adresser la parole ! Alors maintenant, si ça vous amuse de rester plantée là, soit. Mais ne m'empêchez pas de travailler.